La facture du Bac 2021 risque d’être très salée !

Coupures d’Internet expliquées par Algérie Télécom

Le Gouvernement essaie depuis des années de réformer le secteur économique et administratif pour asseoir une économie numérique solide et résiliente.

Une démarche qui exige un réseau Internet homogène, fiable et sûr pour faire progresser l’économie nationale et profiter pleinement de cette opportunité numérique. Hormis, ordonner de couper Internet pendant cinq jours, soit durant toute la période du déroulement des épreuves nationales de Baccalauréat, revient à déstabiliser et à bloquer le développement de cette économie numérique en particulier et de l’économie nationale en général. Une situation qui ne semble pas inquiéter les pouvoirs publics et Algérie Télécom qui banalisent l’impact de cette décision sur l’ensemble du pays. Depuis dimanche, 20 juin 2021, tout le pays est en «offline» de 8h30 du matin jusqu’à 18h00. L’accès à Internet est quasi-impossible pour plusieurs plate-formes numériques et tous les réseaux bancaires et financiers paralysés durant la journée.
Cette décision prise en 2018 pour lutter contre la triche et la fraude au Bac semble incarner une nouvelle tentation pour les pouvoirs publics qui n’ont trouvé d’autres moyens de prévention et de contrôle de toute fuite de sujet que de couper le réseau Internet essentiel pour les entreprises économiques qui souffrent, habituellement, de la mauvaise connexion et du faible débit qui caractérise Internet dans le pays. Ces perturbations sur de longues durées affectent lourdement la productivité et causent d’importantes pertes aux opérateurs économiques, à l’Etat et surtout à Algérie Télécom (AT) qui procède depuis quatre ans à la même période à la coupure d’Internet. Ce fournisseur public d’Internet a justifié dans un communiqué publié au troisième jour des examens du Baccalauréat les raisons de ces coupures, expliquant que «la démarche mise en œuvre, qui écarte toute coupure délibérée d’Internet, se limite à des restrictions sur des réseaux de partage spécifiques, et ceci seulement durant la première moitié de la durée de chaque épreuve».
Ce qui signifie que les coupures d’Internet ne concernent que les réseaux sociaux à travers lesquels des fuites de sujets de Bac peuvent circuler, à en croire les explications avancées par Algérie Télécom qui espère rassurer, toutefois, sa clientèle. «Algérie Télécom est à l’écoute des préoccupations de ses clients et reste mobilisée pour intervenir, dans les meilleurs délais, en cas d’éventuelles perturbations», note le même communiqué. Malheureusement, l’ampleur des dégâts financiers dus à la coupure d’Internet qui ne se limite pas, de constat, aux réseaux sociaux, sont aussi importants que ceux provoqués par la Covid-19. L’économie du pays pâtit déjà. Les commerces, les banques, les entreprises et les administrations fonctionnent depuis cinq jours au ralenti. Ce blocage engendre des pertes financières conséquentes dans le cadre de transactions urgentes et dans la stabilité des plates-formes en ligne, notamment, commerciales.
Le préjudice causé sera évalué en chiffres durant les prochains jours par les différents établissements bancaires, les entrepreneurs bloqués et les administrations. En 2020, durant la même période des examens du Bac, les coupures d’Internet ont coûté plus de 500 millions de dollars, selon les informations relayées par les médias et les experts. L’impact réel de cette mesure n’a pas été évalué réellement par manque de données. Une fois de plus, la trésorerie des entreprises et le Trésor public devront supporter ces pertes, sans compter celles d’Algérie Telecom. Cette dernière devra aussi répondre à ses abonnés qui réclament des dédommagements. La question qui se pose désormais, jusqu’à quand cette mesure sera reconduite ? La faille de gestion et le manque de contrôle au niveau des administrations concernées ne feront qu’accentuer le malaise. Les coupures d’Internet ne feront que plonger l’économie du pays qui souhaite accélérer sa transition technologique et numérique.
Samira Takharboucht