Benabderrahmane appelle à se conformer aux «meilleures pratiques internationales»

Pour réussir l’intégration commerciale et financière continentale

« L’impact socio-économique de la crise de la Covid-19 sur les pays africains, ainsi que l’accélération de la dégradation de la situation de la dette dans beaucoup d’entre eux, appelle à davantage d’actions fortes et durables de la part de la BAD, afin d’aider les pays du continent à rétablir la viabilité de leur endettement et à retrouver une trajectoire de croissance forte, inclusive, verte et durable », a indiqué le ministre des Finances.

Aymene Benabderrahmane, dans son intervention, jeudi dernier, à la deuxième session du conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD), estimant qu’il est temps d’« intensifier ses efforts pour soutenir plus et encore mieux les pays membres régionaux face à leurs besoins croissants de développement ».

La BAD et ses actionnaires prévoient 230 projets évalués à 208 milliards USD
En effet, la BAD ne limite pas son champ d’intervention au renforcement de l’intégration financière et des capitaux dans le continent, mais vise aussi à garantir le bon fonctionnement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Elle a préparé en collaboration avec ses partenaires « une réserve de 230 projets évalués à 208 milliards de dollars, afin de favoriser les perspectives d’opérationnalisation de la ZLECAf », indique un communiqué de cette institution financière. Poursuivant dans ce même ordre d’idée, M. Benabderrahmane a révélé, à l’issue de cette rencontre, qu’« une réflexion est en cours au niveau de la Banque sur la création d’un mécanisme africain de stabilisation financière, à même d’apporter le soutien aux pays africains en périodes de crises et atténuer l’impact de ces crises potentielles sur les acquis de développement, tel que vécu au cours de la présente crise du Covid-19 ». Cette initiative permettra aux pays africains de se préparer à l’avenir à d’éventuelles crises sanitaires et à renforcer leur riposte dans le cas échéant.
Certes la Banque africaine de développement (BAD) a toujours joué un rôle décisionnel permettant aux pays africains d’éviter la récession à travers le renforcement de la stabilité et de la résilience financière. Cependant, la situation financière des pays africains aujourd’hui plombée par la crise sanitaire exige l’élaboration d’un plan de développement commun qui permettra à ces pays à surmonter cette multi-crise. Dans son intervention, le premier argentier du pays a mis l’accent sur l’impératif d’améliorer la gouvernance économique des pays africains, assurant que « le plan de la gouvernance économique doit tendre vers les meilleures pratiques internationales, en vue de renforcer la soutenabilité des stratégies de croissance, attirer les financements et investissements nécessaires et garantir leur mise en œuvre effective, tout en préservant la viabilité de la dette ». Cette stratégie permettra, en parallèle, d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf qui devra améliorer les opportunités économiques en priorisant le commerce intra-africain.
Son opérationnalité nécessite la mise en place d’une stratégie nationale solide par chaque pays et pouvoir ainsi harmoniser les accords et les règles d’origines qui ne sont conclues qu’à 81%, selon les informations relayées par des médias africains. Ce qui ne fera que retarder la circulation des marchandises et ralentir l’amélioration de l’entente sur l’éradication des contraintes réglementaires et douanières ainsi que la promotion des chaînes de valeur régionales et continentales. Consciente des défis à relever, la BAD a souligné son rôle central dans l’accélération de l’entrée en activité des échanges inter-africains. Dans cette perspective, elle a entamé au cours de la semaine dernière une tournée d’information et de sensibilisation à l’intention des structures publiques et privées des pays membres. Des formations dont l’Algérie bénéficiera aussi à l’instar des autres pays.
Elle tira ainsi meilleur profit de cette opportunité africaine et régionale, encouragée par la BAD. Cette dernière a affirmé qu’elle continuera d’investir davantage dans les infrastructures régionales et de promouvoir l’intégration régionale, notamment, celle des marchés financiers et des marchés des capitaux. Les pays africains ont besoin de cette intégration et entente afin de surmonter les crises sanitaires, économiques et sociales qui les bloquent depuis des décennies. L’arrivée de la Covid-19 n’a fait qu’aggraver des failles déjà existantes. Ce point a été relevé par M. Benabderrahmane qui a précisé que « la Banque peut et doit jouer son rôle pour que ce triptyque serve au mieux les aspirations de développement du continent africain, notamment dans le contexte post-Covid ». Cette rencontre était une occasion pour les gouverneurs des pays africains pour échanger leurs réflexions et expériences sur la gestion de la crise sanitaire et financière.
Samira Takharboucht