Une ambition à l’épreuve des faits !

Relancer le commerce extérieur algérien après des décennies d’anarchie :

La loi de Finances complémentaire 2021 (LFC) prévoit une hausse de 530 milliards de dinars de la dépense publique pour atteindre un montant de 8.630 milliards de dinars et la baisse des recettes.

Ce réajustement budgétaire augmentera aussi les déficits et impactera l’exécution du Plan de relance économique (2020/2024), déjà contrarié par la crise sanitaire du Covid-19 à laquelle, l’Etat a consacré plus de 22,5 milliards de dinars pour l’acquisition des vaccins et le soutien financier des entreprises et personnes qui ont perdu leur autonomie financière. Cette crise inédite intervient dans contexte socio-économique compliqué et a chamboulé les prévisions sur l’économie du pays qui fait face aujourd’hui à un important déséquilibre budgétaire, ce qui retardera encore une fois la mise en œuvre du Plan de relance économique qui veut atteindre la viabilité économique et l’inclusion financière à travers la stimulation des recettes hors hydrocarbures et la diversification du tissu industriel, énergétique et agricole. La mise en œuvre de cette stratégie nécessite d’importants fonds que l’Algérie ne possède pas, actuellement et l’Etat n’est parvenu jusqu’à lors qu’à concevoir des solutions de court terme, alors que le pays a besoin d’une vision stratégique claire pour, par exemple, renforcer la structure du commerce extérieur, faible en valeur ajoutée.
Un lourd défi à relever. Reconstruire un nouveau modèle économique, résilient, solidaire et inclusif. Ceci ne peut se faire sans la libération de l’acte d’investir et de l’exportation, c’est-à-dire, la révision effective du Code d’investissement et celui de la Monnaie et du Crédit. Deux réglementations indispensables pour encourager le retour des investisseurs étrangers dans le pays boudé depuis l’instauration de la règle 51/49 régissant l’investissement étrangers en Algérie en 2009. Cette disposition vient d’être supprimée dans certains secteurs et maintenue dans ceux qui sont à caractère stratégique, pour raison de souveraineté nationale. Une mesure protectionniste qui a joué en défaveur de la croissance économique nationale, sans oublier l’impact des contraintes bancaires, administratives et réglementaires qui dissuadent les étrangers de venir investir en Algérie. La part des IDE a chuté drastiquement ces dernières années, plombant tous les secteurs productifs faisant bénéficier les importateurs. Ce manque de vigilance et de prévoyance a conduit le pays vers l’impasse financière.
Un héritage difficile à porter pour les décideurs actuels qui s’efforcent depuis deux années d’assainir le climat des affaires et de réformer le régime fiscal et financier de manière à attirer les investisseurs internationaux. Inciter en parallèle les investisseurs algériens à contribuer au développement du commerce extérieur afin de réduire les déficits structurels et générer de la devise. Ainsi diversifier les ressources de financements et sortir du cercle vicieux de la rente pétrolière. Pour relever ce défi, l’Etat doit faire des sacrifices et prendre des risques. Est-il prêt à faire des concessions ? Accorder les mêmes privilèges au secteur privé et revoir les réglementations internationales pour renforcer la coopération avec les pays voisins, les pays africains et avec l’Union européenne qui vient d’adopter son plan de relance économique. Ce dernier peut constituer une opportunité pour l’Algérie tout comme la coopération commerciale avec les pays africains dans le cadre de la ZLECAf. Toutefois, l’Algérie devra se pencher à nouveau sur la mise en œuvre effective des Accords d’Association avec l’UE ou revoir sa trajectoire économique. Sans l’expertise étrangère et la coopération multisectorielle, l’Algérie ne pourra pas financer son Plan de relance économique qui a prévu la mise en place prochaine d’une Stratégie Nationale d’Exportation (SNE) devant «contribuer à renforcer la compétitivité nationale et de développer nos exportations», selon le texte de la Relance économique, publié récemment, par le Premier ministère.
Plusieurs instruments de politique du commerce extérieur seront examinés afin d’encourager la compétitivité des opérateurs économiques à travers «l’amélioration du cadre réglementaire dédié à la concurrence et de l’accès aux biens et capitaux étrangers», stipule ce texte. L’Algérie doit, en effet, profiter d’un concours de circonstances particulières pour promouvoir un nouveau modèle économique essentiellement axé sur les nouvelles technologies, les énergies renouvelables et une agriculture durable et se conformer aux normes internationales. Pour renforcer la structure du commerce extérieur, l’Algérie a déjà entamé la réforme et la modernisation du domaine douanier et du système fiscal. Cependant, beaucoup reste à faire au niveau de sa politique tarifaire et de la maîtrise des règles d’origines.
Des conditions importantes pour tirer profit des Accords de coopération ou d’association internationaux, à l’instar de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), mais aussi des Accords avec l’UE. Ce dernier est toujours en négociation. «L’Algérie a demandé la révision de plusieurs dispositions compte tenu des difficultés rencontrées par les opérateurs algériens à exporter leurs produits (hors hydrocarbures) vers les pays européens signataires de l’accord». L’Algérie ne manque pas d’ambition, mais de volonté. Depuis des années, le pays tente de mener des réformes structurelles et institutionnelles, en vain. Le problème de la gouvernance s’est aggravé, entre-temps.
Samira Takharboucht