Le sort de l’Accord Opep+ sera scellé demain

Les Emirats arabes unis bloquent la signature d’un accord

Après deux jours de vaines négociations, les vingt trois (23) pays signataires de la Déclaration de Coopération décident de reporter le Sommet Opep+ à lundi, dans l’espoir d’arriver à un consensus entre les pays membres du Cartel.

Cette fois, ce sont les Emirats arabes unis qui bloquent la signature d’un accord, exigeant l’augmentation davantage leur niveau de production, ce que contestent l’Arabie saoudite et la Russie. C’est la raison de « l’ajournement du sommet de l’Opep+ à lundi prochain », a fait savoir l’organisation de l’Opep dans un communiqué, hier. Divisés, les pays membres de cette Alliance scellée en 2016 peinent à s’entendre sur la stratégie à adopter pour le mois d’août. Cette fois, c’est après presque deux ans d’entente sur la réduction du volume de production dans un intérêt globalisé, les Emirats arabes unis veulent du changement et s’opposent à la Russie et à l’Arabie saoudite qui veulent maintenir leur stratégie progressive et prudente à la fois en raison de l’instabilité de la situation sanitaire liée au Covid-19. Ces divergences rappellent les rivalités qui ont caractérisé les relations russo-saoudiennes, il y a quatre ans, provoquant la chute libre des cours du pétrole.
Mais cette fois, ce n’est pas la traditionnelle adversité entre Moscou et Riyad qui a fait capoter les négociations: les Emirats arabes unis seraient les responsables de l’échec du sommet, selon les commentaires des observateurs de marché. Aujourd’hui, la situation est très différente et complexe en raison de la crise sanitaire qui a bouleversé le marché pétrolier et financier. Un tel scénario ne fera qu’aggraver la situation des compagnies pétrolières qui tentent de s’en sortir et de relancer leurs investissements à l’arrêt depuis plus d’une année. Inquiets et indécis, les investisseurs orientent toute leur attention à la réunion de lundi entre les pays producteurs de pétrole (Opep et Opep+). Une rencontre qui sera sûrement précédée par des rencontres informelles pour tenter d’apaiser les tensions et raisonner les pays réfractaires.
Ainsi parvenir à un consensus sur l’approche à adopter. Peser les arguments afin de trancher en faveur de ceux qui ont le plus de poids, mais surtout en cohérence avec les objectifs, préalablement, fixé dans l’Accord Opep+, visant à réguler les prix de l’or noir et stabiliser les marchés en surplus. Les 23 pays signataires de la Déclaration de Coopération, conduits par la Russie et l’Arabie saoudite tablaient sur l’augmentation de la production globale de l’alliance de 2 millions de barils par jour (bpj) d’ici la fin de l’année, soit 400.000 bj, et de maintenir inchangé le reste des mesures d’encadrement de l’offre jusqu’en décembre 2022. Ce qui a déplu aux EAU qui estiment que les volumes de production doivent être relevés de « leur niveau de référence, c’est-à-dire le niveau de production par rapport auquel les réductions sont calculées » a rapporté l’Agence de presse britannique «Reuters». Un réajustement que Moscou et Riyad ne cautionnent pas. L’Arabie saoudite veut rester prudente arguant que « le marché reste exposé à de multiples incertitudes en raison de la propagation des variants du Coronavirus », ont rapporté plusieurs médias internationaux.
Pour rappel, le groupe informel Opep+ dispose toujours de 5,8 millions de barils laissés volontairement sous terre chaque jour. Les deux grands producteurs optent pour la prudence pour préserver le marché pétrolier d’un nouveau choc brutal qui pourrait faire bousculer les prix de l’or noir dans le rouge. Si les prix ont repris, aujourd’hui, c’est grâce aux engagements pris par l’Alliance et leur assiduité. Depuis plusieurs semaines, les deux variétés de pétrole sont au plus haut depuis octobre 2018, atteignant une hausse de plus de 54% depuis le début de l’année. Ce rebond est soutenu par la perspective d’une reprise de la demande de brut à mesure que l’économie mondiale reprenne. La rencontre de demain sera décisive et marquera un nouveau virage. Tous les pays doivent approuver à l’unanimité la hausse de l’offre de pétrole sur le marché ainsi que le maintien de la durée du pacte de réduction de la production. Toutefois, il faut convaincre les Emirats arabes unis à signer cet accord car le marché pétrolier risque de basculer à tout moment à cause de la crise sanitaire persistante et l’augmentation éventuelle de la production iranienne et libyenne sur le marché.
Samira Takharboucht