La Nasa veut poursuivre sa coopération spatiale avec la Russie

Moscou annonce son retrait du projet ISS et veut lancer sa propre station orbitale

Le nouveau patron de la Nasa a qualifié l’espace de domaine où les États-Unis et la Russie restent partenaires. Malgré leurs divergences politiques, il souhaite poursuivre un travail en commun. «Bien que les relations entre Moscou et Washington soient très tendues, l’espace reste le domaine où les deux pays peuvent coopérer», a déclaré le nouveau directeur de la Nasa, Bill Nelson, dans une interview à Politico.

En revenant sur ses récents échanges téléphoniques avec Dmitri Rogozine, le directeur de l’agence spéciale Russe, a souligné que le maintien de la coopération était l’un des sujets de leurs discussions : «C’est unique, ce genre de relation où nous pouvons être en paix en coopérant les uns avec les autres, quelles que soient nos rivalités sur la terre ferme». Or, le directeur de Roscosmos a répondu que la levée de certaines sanctions US était une condition nécessaire. «Nous ne sommes pas contre la coopération, mais elle devra passer par la levée des sanctions contre les entreprises de Roscosmos», a indiqué Dmitri Rogozine sur Telegram qui avait regretté que l’agence spatiale russe ne puisse plus mettre plusieurs satellites en orbite en raison des restrictions américaines imposées à la livraison de technique microélectronique en Russie. Mises en place fin 2020, ces sanctions visent plusieurs compagnies étrangères, dont des entreprises de Roscosmos.
En répondant au commentaire d’un journaliste de Politico sur la rhétorique méchante de la Russie concernant l’espace, Bill Nelson a rappelé que les États-Unis et la Russie étaient toujours partenaires dans ce domaine. «Je ne veux pas que cela cesse», a-t-il confié. En ajoutant «Si vous parlez aux employés du domaine spatial russe, vous verrez qu’ils veulent que cette coopération se poursuive avec les Américains». Depuis la guerre froide, l’espace reste le domaine où Moscou et Washington entretiennent toujours des relations, s’est-il souvenu. «Nous coopérons depuis 1975, lorsqu’un vaisseau spatial américain s’est amarré à un vaisseau spatial russe, au milieu de la guerre froide, et que les équipages ont vécu ensemble pendant neuf jours. Depuis, nous avons une coopération extraordinaire», a-t-il pointé. En avril 2021 la Russie a annoncé son intention de quitter le projet de l’ISS à partir de 2025 et de lancer sa propre station orbitale si la levée des sanctions américaines est maintenue.
Le ministre de la défense Russe a fait savoir dernièrement que la Russie possède ses forces aérospatiales qui ont subi récemment une modernisation avec de nouveaux armements et matériels militaires. Cependant, la France a mis en place, en septembre 2019, le Commandement de l’espace (CDE), les États-Unis ont créé, fin décembre de la même année, la force spatiale USSF, tandis que la Chine a formé dès 2015 sa Force de soutien stratégique de l’armée. Les Forces spatiales de la Russie, qui datent elles aussi de 2015, ont été dernièrement modernisées et ont été dotées ces dernières années, tout comme la défense antiaérienne et antimissile, de nouveaux armements et équipements militaires, a annoncé ce mardi 1er juin Serguei choigou. « Au cours des cinq dernières années, les forces spatiales et les troupes de la DCA et de la défense antimissile ont été dotées de 536 unités de matériels et armements», a précisé le ministre de la Défense.une évaluation du système de soutien logistique «a été faite au sein des Forces spatiales pour la première fois depuis leur création en 2015. Quelque 40% des formations militaires ont été vérifiées», a souligné Sergueï Choïgou.
Selon lui Le contrôle a établi que «le système logistique actuel permet aux Forces aérospatiales d’assurer la réalisation des objectifs qui leur sont assignés». Plus de 3.500 unités d’armes, équipements et matériels militaires étaient entretenues et réparées chaque année au sein de ces troupes. Lors d’une réunion consacrée à la Défense, Vladimir Poutine a noté qu’il était nécessaire d’accélérer la modernisation de l’aviation de transport militaire du pays, laquelle fait partie des troupes aérospatiales qui a fêté son 90e anniversaire. Il a rappelé dans ce contexte la fin des essais du nouvel avion de transport Iliouchine Il-112B. La Russie se concentre également sur la mise au point d’un satellite de navigation de nouvelle génération, le Glonass K2. Ce dernier pourrait être lancé en novembre ou décembre 2021, a annoncé à la mi-mai un représentant du fabricant, l’entreprise ISS Reshetnev. L’engin sera intégré à la constellation Glonass l’un des quatre systèmes de positionnement par satellite avec l’européen Galile, l’américain GPS et le chinois Beidou qui revêt une importance particulière pour les Forces armées russes, surtout pour le guidage des drones et des armes de haute précision.
La constellation Glonass compte aujourd’hui 27 satellites, dont 25 appartiennent à la génération précédente parmi lesquels 16 ont dépassé leur durée de garantie. L’expert russe Alexeï Leonkov a expliqué en fin juin 2021, les capacités uniques du nouveau système antiaérien S-500 Prometei, du missile intercontinental Sarmat et du missile hypersonique Tsirkon, qui seront prochainement mis en service. Le spécialiste a noté qu’à l’heure actuelle aucun autre pays ne disposait d’un tel arsenal. Selon l’expert, le S-500 Prometei est unique parce que de par ses caractéristiques il occupe une place intermédiaire entre les systèmes de défense antiaérienne et antimissile formant un système intégré. « Il existe des altitudes et des vitesses inatteignables pour les systèmes antiaériens, alors que la défense antimissile ne prend pas en charge de telles choses, comme on dit. C’est pourquoi l’apparition d’un tel système était justifié », a souligné l’expert.
Après la mise en service du S-500 dans les forces armées russes la Russie disposerait d’un système de défense aérospatiale. «Nous couvrirons toutes les altitudes dans l’espace aérien et spatial, nous serons prêts à contrer toute attaque massive aérienne et spatiale», a poursuivi Alexeï Leonkov pour le missile RS-28 Sarmat, l’expert a déclaré qu’il replacerait le R-36M Voevoda. La principale particularité de ce missile intercontinental stratégique est sa capacité d’embarquer entre 10 et 15 ogives hypersoniques utilisant la technologie russe de l’hyperson guidé, a précisé le spécialiste. «Il s’agit d’ogives de 450 kilotonnes pour la version à 15 ogives et de 750 kilotonnes pour la version à 10 ogives. Sachant que la portée est très élevée, ce qui permet d’envoyer le missile dans n’importe quelle direction, via le nord, le sud, l’ouest ou l’est : peu importe, il atteindra quand même son objectif. Et ce, dans les plus brefs délais», a indiqué Alexeï Leonkov. Le missile hypersonique Tsirkon deviendra l’armement principal de la marine russe.
Il sera installé sur tous les navires de guerre, les navires modernes et les navires en cours de modernisation, ainsi que sur les sous-marins. « Nous avons conçu un système de lancement universel pour cela. Il est actuellement installé sur tous les navires de nouveaux projets et sur les sous-marins. Il peut fonctionner avec les missiles de la gamme Kalibr, avec les missiles Oniks et avec ce missile hypersonique Tsirkon qui, d’après ses caractéristiques, dépasse tout ce que nous possédons dans l’arsenal de l’armement antinavire. Sa portée atteint 1.000 km, tout en développant une vitesse de Mach 10. Personne ne peut stopper un tel missile», a déclaré l’expert à l’agence Russe d’information. Il est convaincu que grâce au missile Tsirkon et au missile hypersonique Kinjal la zone d’interdiction d’accès et de manœuvre s’éloignera des frontières russes d’environ 2.000 km. Plus tôt, le Président russe Vladimir Poutine, a annoncé la mise en service d’une nouvelle arme unique. Et de préciser que parmi les nouveaux armements se trouvaient le missile intercontinental Sarmat, le missile hypersonique antinavire Tsirkon et les systèmes antiaériens S-500 Prometei.
Oki Faouzi