L’Algérie veut régénérer son commerce extérieur !

Rejoindre l’OMC malgré ses handicaps

Après moult tentatives et revirements, l’Algérie décide de reprendre le long chemin des négociations avec l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Cette annonce a été faite, au mois de juin écoulé, par le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations Kamel Rezig.

Après 34 ans d’âpres négociations qui n’ont abouti à rien, l’Algérie veut éviter actuellement aux exportateurs les vents-contraires et les aider à exporter leurs produits vers d’autres marchés étrangers. «L’Algérie va aller de l’avant vers l’accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) selon des démarches bien étudiées», a indiqué, un mois auparavant M. Rezig, estimant que «cette instance offrait de meilleures opportunités pour la relance de l’économie nationale». En effet, les autorités algériennes toujours réservées sur les conditions d’accès doivent prendre des décisions formelles afin d’obtenir l’autorisation d’intégrer effectivement l’OMC. L’Algérie n’a pas beaucoup bataillé durant les années précédentes pour rejoindre cette instance. La double crise sanitaire économique que vit le pays depuis des mois a dévoilé la vulnérabilité du commerce extérieur algérien (en déséquilibre) caractérisé souvent par la prédominance des importations comparée aux exportations, ce qui constitue un réel obstacle ou handicap pour le pays qui désire atteindre relativement une autonomie économique et financière durable.
L’Etat veut désormais asseoir une économie solidaire, inclusive et résiliente, ce qui nécessite une véritable planification stratégique et l’initiation de réformes profondes. Egalement prendre des décisions formelles et claires concernant la stratégie de l’investissement, de la production et surtout de l’exportation. Cette visibilité permettra de lutter efficacement contre l’influence des lobbyings et promouvoir plus de probité dans les secteurs stratégiques, en crise depuis des années. Instaurer un cadre réglementaire compatible avec le marché économique interne et externe et élaborer des stratégies qui s’adaptent aux évolutions des marchés internationaux. Ne plus se contenter d’une économie linéaire et franchir le barrage des nouvelles technologies et du renouvelable. Certes, l’Etat tente, tant bien que mal, de changer sa trajectoire économique pour établir un nouveau modèle solide. Pour ce faire, il faut renoncer à certaines mesures de protectionnisme économique tel que la règle du 51/49% régissant l’investissement étranger et la politique tarifaire du pays.
Libérer l’acte d’investir et d’entreprendre et tirer meilleur profit du potentiel humain et naturel que recèle l’Algérie. Réussir la transition économique sans le progrès numérique et la restructuration des administrations et entreprises économiques est quasi-impossible. Le ministère du Commerce devra, en effet, structurer en différents axes sa feuille de route et accorder plus d’attention à une application stricte de la réglementation et des lois au même titre que les résultats et les incitations. La voie réglementaire est aussi importante pour renforcer les partenariats entre opérateurs locaux (tous secteurs confondus) et étrangers, d’où la nécessité de réviser la politique tarifaire du pays ainsi que le régime douanier et de changes pour faciliter la circulation des marchandises entre les pays partenaires. En parallèle remettre sur la table la stratégie nationale de l’exportation qui devra favoriser non seulement l’exportation à moyen terme, mais garantir la durabilité des échanges commerciaux inter africains et internationaux par le biais des zones de libres-échanges et des zones franches.
L’Algérie devra multiplier ses efforts pour renforcer ses relations commerciales au sein de la Grande Zone de libre-échange arabe, et étendre ses projections au-delà de ce marché vers le marché du continent africain (potentiellement demandeur) et celui des pays méditerranéens (plus ou moins saturé). L’accès à ce dernier est très restreint pour les exportateurs algériens qui ont besoin de soutien de la part des autorités. L’accession à l’OMC faciliterait en effet la libre- circulation des produits algériens à l’étranger et devenir plus compétitifs. L’annonce de M. Rezig concernant la reprise des négociations avec l’OMC à relancer le débat sur un projet traîne en longueur depuis trois décennies. Jeudi dernier, M. Rezig, très motivé par ce projet a indiqué dans un communiqué publié sur la page facebook la participation de «l’Algérie, en sa qualité de membre observateur à l’OMC, à une réunion ministérielle de l’OMC». Une occasion pour renouer le contact avec les 164 membres de cette instance pour avoir plus de visibilité sur la situation de cette organisation fragilisée en 2020 par les Etats-Unis.
Samira Takharboucht