Un vent d’optimisme souffle, l’Opep+ valide la hausse de la production

Fin de la brouille entre Ryad et Abu Dhabi

Après sept jours de négociations en coulisses, les vingt-trois pays signataires de la Déclaration de Coopération sont, enfin, tombés d’accord pour maintenir la stratégie initiale de la reprise progressive et prudente de la production à partir du mois d’août.

Ils se sont entendus, également, sur la révision du volume de production des Émirats arabes unis qui «sera relevé à 3,5 mbj en mai 2022, tandis que les quotas de plusieurs autres pays, en l’occurrence, l’Irak, le Koweït, ainsi que l’Arabie saoudite et la Russie, seront aussi ajustés», a indiqué l’Opep dans un communiqué sanctionnant la réunion du Groupe Opep+, hier, par visioconférence, de Vienne (Autriche). Initialement, «l’accord prévoit que les 23 membres du groupe Opep+ augmentent leur production de 400.000 barils par jour (bpj) à partir du mois prochain, afin de contribuer à alimenter la reprise économique mondiale alors que la pandémie s’atténue». Ryad et Abu Dhabi se sont enfin réconciliés après de longues heures et jours de discussions informelles. Aucune partie n’a voulu s’exprimer sur les raisons et les détails de cet accord.
Il a été convenu, également, lors de cette réunion, de «repousser par ailleurs d’avril 2022 à la fin de l’année 2022 la date limite de plafonnement de la production», indique la même source, qui a défendu, implicitement, la légitimité de la demande des Emirats arabes unis de réviser le volume de production de référence, précisant que «le seuil arrêté à la date d’octobre 2018 correspond pour Abou Dhabi à 3,17 millions de barils par jour ne reflète effectivement pas la pleine capacité de production du pays, qui est montée à plus de 3,8 millions de barils par jour en avril 2020, à la veille des coupes drastiques du cartel». Par conséquent, l’Organisation Opep+ a indiqué qu’elle évaluera «l’évolution du marché en décembre». Les principaux pays producteurs de pétrole du Groupe informel restent prudents et attentifs à l’évolution de la pandémie, notamment, du variant Delta qui menace la reprise de l’économie mondiale. L’annonce d’un accord sur l’augmentation de la production conformément au plan mis à table durant les trois dernières réunions infructueuses de l’Opep+ a été bien accueillie par les analystes et experts qui surveillaient minutieusement l’évolution du marché pétrolier et celui des matières premières, ces deux dernières semaines.
Même les bourses ont fini la semaine avec les plus fortes baisses de l’indice à cause du scepticisme des investisseurs qui se sont montrés très prudents et ont procédé au retrait de leurs bénéfices réalisés à l’approche de l’été. Un comportement classique en été sur le marché financier, ce qui pourrait fortement influencer les cours du pétrole. La résolution du problème de quotas qui oppose l’Arabie saoudite aux Emirats arabes unis vient à confirmer «la prudence affichée et mesurée» des pays membres de l’Alliance qui collaborent depuis des mois dans l’objectif commun de réguler les cours du pétrole après avoir chuté à moins de 10 dollars le baril, au mois de mars 2020, provoquée par la guerre des prix entre les deux poids lourds du Groupe Ryad et Moscou. L’échec des négociations entre les membres du Cartel dernièrement à raviver les craintes d’un choc de demande qui risque de faire plonger à nouveau le marché. La rivalité qui a opposé les Saoudiens et Emiratis qui s’écharpent depuis des jours sur les quotas de production a créé un véritable malaise et un calme inhabituel.
Ceux qui ont analysé et décortiqué les raisons de cette discorde ont écarté le divorce ou la désunion des deux alliés historiques du Golf, Ryad et Abu Dhabi. Ils ont expliqué cette prise de bec par des intérêts plutôt politico-économiques qu’autres choses. Après avoir annulé la rencontre de lundi 12 juillet, faute d’accord entre les deux parties opposantes, des médiateurs ont dû intervenir pour apaiser la tension entre les deux pays et parvenir à un consensus général dans l’intérêt du marché pétrolier devenu volatile. Après sept jours de discussions de couloirs, ils ont réussi à se mettre d’accord sur de nouveaux quotas de production, ainsi maintenir inchangée le niveau de la production dans l’immédiat, alors qu’une hausse soutenue de la demande est attendue les prochains mois, selon le dernier rapport de l’Opep. De quoi faire monter les cours du pétrole qui ont baissé à 73 dollars le baril.
Après s’être mis d’accord pour relever la production conformément aux décisions de l’Accord Opep+, l’heure est à l’optimisme. Les pays membres de l’Alliance procéderont à augmenter leur volume de production selon les quotas fixés, préalablement, par l’Organisation. «Les ministres des pays de l’Opep+ se sont réunis fréquemment depuis le printemps 2020 pour évaluer l’état du marché. Leur prochaine réunion est prévue le 1er septembre», selon le communiqué de l’Opep.
Samira Tkharboucht