Le Parquet de Paris annonce l’ouverture d’une enquête

Révélations sur un système mondial d’espionnage par le logiciel Pegasus

Les révélations par «Le Monde» et seize autres rédactions sur un système mondial d’espionnage de téléphones par Pegasus, un puissant logiciel espion israélien pour le compte de l’Etat marocain et une arme numérique utilisée contre des journalistes, des avocats, des militants et des responsables politiques de nombreux pays, dont la France, font l’objet, depuis avant-hier mardi, d’une enquête ouverte par le Parquet de Paris.

Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (Oclctic), a précisé le Parquet. Cette enquête a été ouverte pour une longue liste de dix infractions dont «atteinte à la vie privée», «interception de correspondance», «accès frauduleux» à un système informatique et «association de malfaiteurs». Cette plainte vise également d’autres infractions d’atteintes à un système informatique, telles que l’introduction, l’extraction et la transmission frauduleuses de données, qui peuvent être potentiellement reprochées aux utilisateurs de Pegasus. Et fait suite à la plainte déposée par le site Mediapart, dont deux journalistes ont été espionnés, à laquelle doit s’ajouter une plainte similaire du «Canard Enchaîné». La plainte concerne aussi la «mise à disposition et détention d’un équipement» permettant des atteintes à un système de données et «l’offre et la vente sans autorisation d’un dispositif de captation de données», qui visent cette fois potentiellement la commercialisation du logiciel et les intermédiaires impliqués. Selon l’enquête publiée dimanche dernier par un consortium de 17 médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise de différents pays. Le logiciel espion Pegasus, introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire. Ces révélations ont suscité l’indignation dans le monde entier d’organisations de défense des droits humains, de médias et de dirigeants politiques. NSO, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, assure que son logiciel sert uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes. Dimanche dernier, plusieurs médias dont «Le Monde», le «Guardian» et le «Washington Post» ont révélé dimanche que le fondateur de Mediapart Ewdy Plenel et la journaliste de son média Lénaïg Bredoux avaient été espionnés par les services secrets marocains. Le «Canard Enchaîné», lui, aurait été visé notamment à travers son ancienne collaboratrice Dominique Simmonnot, aujourd’hui contrôleur générale des lieux de privation de liberté, qui a également annoncé qu’elle allait saisir personnellement la justice.
R.M.