Un second soleil pour les Algériens

Le football

Le football en Algérie est le second soleil pour les Algériens qui adorent le jeu à onze. Ils aiment leurs clubs, chacun à sa manière. Aller au stade, c’est pour se distraire, assister à un beau match et soutenir l’équipe locale dignement. Ce n’est pas un gala de boxe. 

En Algérie, le football a ébloui des générations entières, à chacun son époque. Tout d’abord, il y avait l’équipe de la liberté. Des joueurs algériens bien cotés dans le championnat mondial et qui, pour la plupart, s’apprêtaient à jouer la Coupe du monde, la première de 1954 avec les Bentifour et autres. La seconde avec les Brahimi, Bentifour, Rachid Mekhloufi et Mustapha Zitouni au sein de l’équipe de France. Le Front de libération nationale décida de la création d’une équipe de football composée la plupart de professionnels algériens pour représenter l’Algérie dans sa lutte pour l’indépendance, une première du genre dans le ghota mondial car, jamais, au grand jamais, pareille initiative n’a été conçue ou élaborée par un quelconque pays. Ils étaient trente deux joueurs avec le trente troisième du nom de Alem au côté de Boumezrag. Une fois l’indépendance acquise, ces joueurs sont retournés en France pour continuer leur aventure professionnelle. D’autres sont devenus des entraîneurs joueurs au sein des clubs algériens, à l’image des Maouche, Zerrar, Amara, Rouai, Benfeddah, Oualiken, Bentifour, Mekhloufi, Zouba, Arribi, Kermali, Lemoui. Ils étaient nombreux à diriger des clubs algeriens, inculquer le savoir du ballon rond à la nouvelle génération postindépendance composée des Lalmas, Meziani, Moha, Bourouba, Selmi, Salhi, Khiari, Attoui, Melaksou, Belloucif, Aouadj, Seridi, Saadi, Nassou, Abrouk, Berroudji, Tadjet, Amirouche, les frères Ait Cheggou, Bachta, Mahiouz, Mekideche, le regretté Hachouf et des centaines d’autres. Des footballeurs doués, des génies dans le domaine technico tactique qui pratiquaient un football très propre, très pur.
La violence n’existait pas à cette époque. Oh que non ! Pas du tout, le football est un sport, une éducation, un comportement, une relation interactive qui réunit les différents membres d’une équipe. Et c’est un jeu, une éducation car ça doit d’abord se passer dans la tête. Tous les membres d’une équipe doivent avoir un comportement exemplaire dans les stades et en dehors. Ce qui se passe dans nos enceintes sportives est inquiétant car dans la logique des choses, le football algérien a perdu de sa verve et traverse actuellement, la plus mauvaise crise de son histoire à cause de son environnement malsain et pourri. Il n’y a que l’argent qui compte. Des joueurs comme les Lalmas, Meziani, Bencheikh, Nassou, Abrouk, Selmi, Seridi, Zerga, Zenir, Madjer, Assad, Kaci-Said, Chaib et autres des années 1970-1980 ne courent plus les rues. Ils ont laissé la place à une autre génération plus matérialiste. Idem pour les supporters respectés et respectueux qui ont abandonné les stades laissant la place à une autre génération de jeunes désœuvrés, irrespectueux, spécialistes des mots vulgaires, violents et qui ne reculent devant rien. Dans l’intérêt du sport-roi et pour lui faire retrouver sa véritable place, les magouilleurs et les opportunistes connus ne doivent plus faire partie du football algérien.
Puis il y a eu la génération de 1975 et 1978, celle que l’ont appelle les médaillés d’Or avec les Bachi, Zenir, Iguili, Draoui, Betrouni, Menguelti, Keddou. Des joueurs talentueux qui ont offert à l’Algérie deux des plus prestigieux titres continentales, la médaille d’or des Jeux méditerranéens et la médaille d’or des Jeux africains. C’était le début de la réforme sportive qui allait se concrétiser par une qualification à la Coupe du monde de 1982 avec les Belloumi, Madjer, Bensaoula, Guendouz, Korichi, Cerbah, Merzekane, Fergani, Mahiouz, Chaib, Zidane, Bourebou, Assad, Dahleb et autres. Des footballeurs qui ont dominé l’Afrique en se qualifiant une deuxième fois consécutive à la Coupe du monde de Mexico 1986 avec les Kaci-Saïd (celui qui avec une feinte avait fait basculer le grand Socrates). Puis, ce fut la descente aux enfers du football algérien. L’Algérie aurait pu se qualifier à une troisième Coupe du monde en 1990, malheureusement ce ne fut pas le cas, ayant réalisé un 0-0 à domicile face à l’Egypte, les Verts se sont inclinés chez les Pharaons (1-0). Depuis cette élimination, la situation est devenue catastrophique. Le bricolage et l’anarchie ont trop duré, et les hommes intègres, bien éduqués, dotés de sagesse, sont mis à l’écart.
Notre football a besoin de sang neuf et de nouvelles têtes capables de gérer dans les normes, cette discipline. Quand on dit gérer, nous faisons allusion à toutes les associations footballistiques, que ce soit le MCO, l’USMA, l’ESS, la JSK, l’ASMO, le NAHD, le MCA ou les clubs qui doivent s’appliquer dans la formation, produire de talentueux joueurs locaux. Il ne faut pas compter sur les recrutements à coup de millions. Tout est à revoir au niveau de la sphère footballistique. Il faut cesser de se lancer des accusations à tort et à travers, et mener une campagne de sensibilisation à travers tous les réseaux sociaux, faire montre de vigilance contre tout dérapage et loin de toute forme de violence. Aussi, il faut avoir le courage d’interdire l’accès au stade aux mineurs comme on le faisait autrefois pour les salles de cinéma. Le football algérien est-il en danger ? Sur ce point, il faudrait que les responsables du football et les pouvoirs publics prennent des décisions fermes pour endiguer ce fléau et le bannir à jamais des stades. Aussi, il est inadmissible que des présidents de club soient sujets à des attaques ignobles visant à déstabiliser un arbitre, une équipe, un joueur ou un entraîneur, et les toucher dans leur dignité. Nul n’a le droit de porter un jugement sur autrui. Dire qu’autrefois, on ne connaissait pas les dirigeants, ils activaient bénévolement pour le bien du club. De quel droit un président de club se permet-il de dire dans les manchettes d’un journal, «vaincre ou mourir» ? L’arbitre de la partie doit être «radié»…
N’est-ce pas une manière de pousser à la violence ! C’est à ne rien comprendre, il a fallu attendre 1990 avec une nouvelle génération composée des Amani, Saib, Adjas, Benhalima, Megharia, Serrar, Osmani, Oudjani, Ait-Abderahmane, Manaa, Cherif El Ouazzani, Menad, Madjer, Rahim, Kadri, Larbi, Megharia et autres pour que l’Algerie remporte le premier trophée de la Coupe d’Afrique des nations. Une fois de plus, le football algérien tombe dans l’oubli. Il a fallu attendre vingt longues années pour que le football algérien retrouve de sa verve en se qualifiant à la Coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud et de 2014 au Brésil mais cette fois ci avec des joueurs professionnels d’outre-mer du nom de Meghni, Lemouchia, Mansouri, Ghezzal, Abdoun, Ziani, M’bolhi, Belhadj, Yahia, Bouguerra, Boudebouz, Chaouchi et autres. Il a fallu attendre 2019 pour que l’Algérie remporte sa seconde CAN en Egypte le sélectionneur, Djamel Belmadi, un ancien professionnel algérien reconverti en entraîneur qui a su prendre le taureau par les cornes en constituant une grande équipe de football. Un groupe homogène constitué des Bensebaini, Attal, Mahrez, Slimani, Bounedjah, Belaili, Belamri, Guedioura, Bennacer et autres. Cependant, une chose est sûre, et il faut le dire sans risque de se tromper, que l’Algérie est revenue sur le plan continentale, sur le plan mondial et que son football est au sommet de la hiérarchie footballistique aux côtés des grandes nations.
Kouider Djouab