La ville de Boudouaou s’est métamorphosée

Boumerdès

Boumerdès, une ville qui a beaucoup changé depuis le dernier découpage administratif de 1984, qui avait vu la commune du vieux «Rocher noir» devenir wilaya et prendre le sigle de «trente-cinquième wilaya d’Algérie». Autrefois, il n’y avait rien mais avec le temps la ville de Boudouaou s’est métamorphosée à tous les niveaux devenant un lieu de négoce. Boudouaou est une ville coloniale, et pour s’en rendre compte, il faudrait faire une virée au centre-ville pour découvrir de beaux restes des vestiges nous rappelant la colonisation française.

Au bon vieux temps et tout juste après l’indépendance de l’Algérie, il était difficile et même très pénible de se rendre à Alger, à cause de l’embouteillage qui y régnait dans les centres-ville de Bordj-Menaïel, les Issers, si Mustapha, Thénia, mais le plus pénible était celui de l’agglomération de Boudouaou, situation héritée de l’ère coloniale. Il fallait démarrer de très bonne heure pour éviter les encombrements, maintenant tout a changé avec la réalisation des évitements des villes, cependant rien n’a changé dans nos soit-disant autoroutes, car il suffit d’un simple obstacle (accident, travaux ou autres) pour se voir passer des heures à attendre la libre circulation. Boudouaou (Alma pendant la colonisation française) est une commune de la wilaya de Boumerdès, elle est située à trente-cinq kilomètres d’Alger dont elle dépendait autrefois et à onze kilomètres au sud-est de la wilaya de Boumerdès dont elle dépend actuellement suite au dernier découpage administratif de 1984.
La ville de Boudouaou était surnommée «Alma», en souvenir de la bataille de l’Alma durant la guerre de Crimée, ce fut d’ailleurs du camp militaire de Kara Mustapha situé au bord de l’oued Boudouaou que naitra véritablement le premier centre de peuplement de la région qui prendra le nom de l’Alma (après la victoire des troupes franco-anglaises sur les Russes pendant la grande bataille de Crimée sur le fleuve Alma en 1854. Cette commune a été créée le 21 août 1861 et comptait un camp militaire autour du village entouré de nombreuses fermes et de vastes territoires fréquentés par des bêtes sauvages tels que les hyènes, les panthères, les chacals qui servaient de terrains de chasses et de pâturages pour les nomades. Plus connu par les Djaadas, la population de Boudouaou englobait tout un territoire allant jusqu’à Béni Amrane. Le centre-ville de Boudouaou offre un décor beau et agréable à regarder pour tout visiteur qui s’y rend, seulement le premier habitant qu’il croisera pointera du doigt les autorités locales qu’il accusera d’avoir laissé leur localité en marge du développement et ce n’est pas l’usine de laiterie qui viendra nous dire le contraire, bien au contraire, elle nous fera rappeler l’ère de feu Houari Boumedienne qui avait entamé la grande révolution industrielle.
Cependant, Boudouaou a été une ancienne ville coloniale, témoins les diverses villas pavillonnaires érigées dans les normes, des villas qui sont la plupart assorties de grands jardins fleuris, malheureusement ils ne restent plus rien de tout cela puisqu’on a érigé des murs en parpaing. Que de commodités manquantes ! Les élus municipaux, les élus de l’APW, les députés qui se sont succédés depuis des années n’ont rien entrepris en matière de développement, où aucune action n’a été entreprise dans le but d’améliorer le cadre de vie des habitants, devenus des laissés-pour-compte. Avant 1872, la ville de Boudouaou qui faisait partie des Beni Aïcha n’était qu’un lieu de passage naturel pour les automobilistes venant soit de Dellys, soit de Béjaïa, ou de l’Est constantinois, les reliant vers Alger (à cette époque le transport des récoltes se faisait plutôt par cabotage vers les ports de Dellys et d’Alger depuis la petite crique de Mers El Djadj qui deviendra par la suite le port aux Poules de Courbet). La ville de Boudouaou s’est agrandie anarchiquement, que ce soit sur le plan socio- commercial, socio-sportif, socioéconomique, socioculturel.
L’ironie du sort, Benadjal est devenue la plaque tournante du commerce en gros et c’est justement là que se font les grands négoces. Les jeunes sont la frange qui souffre le plus de ces manques et qui ne peut être que la masse juvénile qui fait face à l’absence d’infrastructures de loisirs. Les jeunes de Boudouaou, certains, on les retrouve adossés au mur pour discuter sur des sujets qui les concernent tels que le sport en général et surtout le football en particulier. Et dire qu’autrefois l’Esm Alma était un grand club de football où ont évolué les frères Mekki, Benteyab, Arab, et d’autres. Le stade municipal hérité de l’époque colonial situé du côté de l’Oued Boudouaoui est le même et depuis 1962, les responsables locaux n’ont jamais envisagé de construire un complexe omnisports ou des terrains de proximité pour la pratique du sport.
La seule satisfaction que l’Etat a réalisé est le grand chef-d’œuvre de la grande autoroute, joyau architectural d’un grand pont suspendu du côté de Berrahmoune que les algériens admirent à chaque passage. Ce grand ouvrage est situé non loin de la ville de Boudouaou et au piémont d’un col qui vous donne le choix de prendre l’ancienne autoroute ou la nouvelle. Pour le moment, la ville de Boudouaou aspire a un changement. La ville de Rachid Mimouni, écrivain algérien, est une agglomération en pleine expansion, surtout du côté des Benadjal où l’on trouve des commerces de gros avec diverses activités.
Kouider Djouab