Réquisition des moyens de production et de transport de l’oxygène liquide

Lutte contre la Covid-19

Confronté à une troisième vague de la pandémie de Covid-19, le système de santé en Algérie enregistre une demande croissante en oxygène médical, indispensable au traitement des cas de contamination par le variant Delta.

Face à cette situation, le Gouvernement a décidé de réquisitionner l’ensemble des moyens de production et de transport de l’oxygène liquide, qui seront désormais coordonnés par une cellule au niveau du Premier ministère pour pouvoir acheminer l’oxygène vers toutes les structures hospitalières du pays. Il s’agit de pouvoir satisfaire la demande de toutes les structures hospitalières, a indiqué jeudi le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, dans une déclaration postée sur la page Facebook officiel du ministère. L’Algérie produit actuellement près de 430.000 litres par jour d’oxygène liquide, soit près 400 millions de litres d’oxygène gazeux, ce qui permet de prendre en charge des dizaines de milliers de malades, a-t-il affirmé. Cette production sera augmentée à 930.000 litres jours avec l’entrée en activité de nouveaux intervenants qui «ont quasiment fini leurs installations et qui devraient être opérationnels dans les semaines à venir», selon le ministre.
Mardi 13 juillet, le ministère de l’Industrie pharmaceutique annonçait la mise en place d’un Comité de veille et de suivi de la disponibilité de l’oxygène médical et l’approvisionnement des établissements hospitaliers, en coordination avec les secteurs concernés. Il a été décidé la mutualisation des moyens logistiques de transport de l’oxygène médical pour assurer un approvisionnement continue et améliorer les délais de livraison des différentes structures hospitalières. Une cartographie comprenant l’implantation des sites hospitaliers utilisateurs, mentionnant la capacité de leurs cuves ainsi que les lieux d’implantation des producteurs à l’échelle nationale, sera établie. Le ministère de la Santé ne dispose pas actuellement de ce type de cartographie et exprime ses besoins globaux sans pouvoir préciser le détail de la capacité de stockage par wilaya et par établissement hospitalier. Une plate-forme informatique (application) dédiée au suivi continu de la disponibilité de l’oxygène médical au niveau des établissements hospitaliers est en cours de finalisation par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales qui a invité les opérateurs ainsi que le ministère de l’Industrie Pharmaceutique à participer à sa finalisation.
Pour rappel, il y eut un temps où l’Algérie avait la maîtrise de ses gaz industriels, notamment la production d’oxygène médical à travers l’Entreprise nationale de gaz industriels (ENGI) mais, celle-ci est passée, en juin 2007, sous le contrôle du groupe industriel allemand, Linde, qui a pris la majorité des parts de la compagnie algérienne avec 66%. Pourquoi ? Deux ans après, en mars 2009, un confrère (El Watan) notait que l’ex-ENGI, sous contrôle de Linde, n’arrivait pas à assurer les besoins de l’Algérie en gaz industriels entraînant à l’époque une pénurie dans nos hôpitaux. Plus récemment, le même confrère (El Watan, 4 mai 2021) relevait que «quatorze ans après cette entrée dans le capital de l’ENGI, dans le secteur industriel algérien, on estime que Linde Gas n’a pas respecté ses principaux engagements, notamment ceux liés à la production». Par ailleurs, des médias ont évoqué la vente sur le marché libre de concentrateurs à des particuliers à des prix prohibitifs.
Les opérateurs véreux ne ratent aucune occasion pour faire des affaires et s’enrichir rapidement. Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a fait savoir que près de 6.000 concentrateurs devraient être importés dans les semaines à venir dont près d’un millier dans les jours qui viennent,. Cela devrait permettre de pallier le problème des malades qui sont oxygénés à domicile ou dans des lieux qui ne bénéficient pas d’infrastructures d’oxygénothérapie. Pour le Dr Lyes Akhamouk, membre du Comité scientifique chargé du suivi de l’évolution du Covid-19 en Algérie et chef de service des maladies infectieuses à l’EPH de Tamanrasset qui intervenait, hier, sur les ondes de la Radio locale de Sétif, la forte demande d’oxygène, qui provoque une pression dans les hôpitaux, est due au variant Delta. Il a fait savoir que l’État travaille avec le partenaire chinois pour importer de grandes quantités de concentrateurs d’oxygène dans les jours à venir.
Lakhdar A.