Le tourisme domestique victime de «surenchère»

Les agences de voyage et de tourisme forcent leur relance

Après une saison estivale 2020 perdue, les agences de voyage et de tourisme tentent, dans le lot, de redémarrer la machine du tourisme local afin de sauver leur activité et l’été 2021 qui s’annonce aussi compliquée en raison de la recrudescence des contaminations à la Covid-19 depuis le début de mois de juin passé.

La saison estivale est de nouveau menacée par la crise sanitaire, malgré le lancement d’une campagne de vaccination massive et la réouverture des frontières. Planifier ses vacances d’été en 2021 est aussi difficile qu’en 2020 pour les Algériens et les acteurs du tourisme se lamentent d’une crise sanitaire de Covid-19 qui a mis en première ligne leur activité. Depuis 2020, les agences de voyages lourdement touchées par les restrictions sanitaires imposées par les autorités dans le cadre du dispositif du confinement pour endiguer l’avancée du virus, s’interrogent sur l’avenir du secteur touristique en Algérie. Avec la levée partielle du confinement et l’assouplissement des autres restrictions, les acteurs privés du tourisme s’enthousiasment face à la reprise des réservations des Algériens qui ont, au-delà du désir de voyager hors le pays, opté pour le tourisme solidaire (saharien, rural). Les agences de voyages qui ont survécu à la crise sanitaire et financière ont orienté leur offre vers le tourisme domestique qui attire les citoyens qui veulent s’évader et changer d’air avec une année de confinement.
Cette reprise timide, soutenue par les autorités nationales, ne signifie pas que les agences de voyage ont retrouvé leur niveau d’activité ou d’affluence d’avant la crise. Si ces sociétés affichent complets, c’est parce que beaucoup d’entre ont fermé ou changé d’activité pour survivre. Depuis la levée des interdictions de voyage, les destinations locales ont la cote, tandis que les longs voyages ou séjours à l’étranger sont toujours affectés et prohibés. De plus, le voyage de et vers l’Algérie est restreint ainsi que le nombre de vols est limité par les autorités, par souci de santé publique. Les capacités financières des Algériens ne permettent pas l’organisation de longs séjours hors le pays. Une aubaine pour les agences de voyage qui font de l’espoir de renaissance depuis plus d’un an pour promouvoir le tourisme domestique afin de sauver la saison estivale et le secteur d’un deuxième échec.
Cependant, l’absence ou la négligence de l’industrie touristique locale et le recul de certains sites culturels et le manque d’infrastructures à l’intérieur du pays préoccupent les touristes locaux. Sans oublier la cherté des prestations touristiques offertes comparée à la qualité des prestations qui laissent à désirer. De constat, en moyenne, le prix d’un séjour de quatre nuits et cinq jours revient à plus de 100.000 dinars, en demi-pension. Nous avons posé la question à quelques agents commerciaux sur la base de calcul de ces tarifs. Aucun d’entre n’a daigné nous répondre. Ils se sont contentés d’une réponse standard. «Ce sont les prix offerts par les complexes touristiques et les hôtels avec lesquels nous sommes conventionnés». C’est excessivement cher. Certains hôtels proposent des prix à plus de 60.000 dinars pour une chambre double. Ce chiffre masque de grandes disparités, d’ailleurs, et les agences de voyage qui tentent de se remettre sur les rails n’affichent pas toutes le même niveau de prestations, ni même d’organisation.
Une logistique très compliquée et des prestations décevantes. Les prix appliqués ont doublé en une année et ne répondent, en effet, à aucune logique, alors que les experts s’attendaient à une régulation des prix pour permettre aux citoyens de passer quelques jours de détente, tout en respectant les mesures de prévention contre la Covid-19. Un paramètre souvent oublié par les agences de voyage et leurs clients. Un relâchement total des mesures barrières. C’est un constat confirmé par plusieurs touristes locaux qui déplorent une situation anarchique et inquiétante, notamment, avec les évolutions rapides de la pandémie, ce qui pourrait annihiler toute perspective de relance de l’activité des agences de voyage et du secteur touristique local défaillant. Un secteur prometteur qui peut générer une importante valeur-ajoutée et générateur d’emploi. Beaucoup reste à faire pour diversifier, exploiter et promouvoir la destination Algérie aux niveaux local et international.
Samira Takharboucht