Naomi Osaka, symbole du début des Jeux olympiques

Tokyo 2021

Les Jeux olympiques de Tokyo ont commencé au Japon vendredi avec une dernière image forte : Naomi Osaka a été choisie pour allumer la flamme olympique. Un honneur pour la tenniswoman, symbole de diversité dans son pays et récemment victime de problèmes de dépression.

Paavo Nurmi (1952), Mohamed Ali (1996), Cathy Freeman (2000), Vanderlei Cordeiro de Lima (2016)… Ces icônes du sport ont, parmi d’autres et rares privilégiés, allumé la flamme olympique. Depuis ce vendredi 23 juillet, Naomi Osaka compte parmi eux. Le suspense a été levé à la fin de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo. Ce fut elle la dernière relayeuse, chargée d’allumer la vasque olympique.

«Le plus grand honneur de toute ma vie»
L’ancienne numéro un mondiale de tennis (elle occupe la deuxième place actuellement), vêtue de blanc et de rouge comme les couleurs de son pays, est apparue sur les coups de 23h45, heure locale. Peu avant, l’empereur Naruhito avait officiellement déclaré ces Jeux ouverts. Il ne manquait plus que l’embrasement de la vasque pour clore le spectacle. Des enfants issus de la région de Fukushima, dévastée par un tsunami et une catastrophe nucléaire en 2011, ont remis à Naomi Osaka la torche. Puis, la jeune femme de 23 ans a gravi des marches représentant le Mont Fuji et a allumé la flamme olympique.
Durant la cérémonie, la nouvelle devise des Jeux a été dévoilé : «Plus vite, plus haut, plus fort, ensemble» («Faster, higher, stronger, together»). Des mots d’unité dans un monde meurtri mais solidaire face à la pandémie de Covid-19. Et des mots qui peuvent aussi correspondre au profil et au parcours de l’athlète japonaise. «C’est sans aucun doute le plus grand accomplissement sportif et le plus grand honneur que j’aurai eu dans toute ma vie. Je n’ai pas de mots pour décrire mes sentiments en ce moment, mais je sais que je suis actuellement remplie de gratitude et de reconnaissance. Je vous aime tous, merci», a écrit la Japonaise sur les réseaux sociaux.

Championne métissée dans une société japonaise inconfortable
Forte de quatre titres du Grand Chelem, avec deux sacres à l’Open d’Australie et deux sacres à l’US Open, Naomi Osaka est incontestablement l’une des joueuses les plus brillantes du circuit depuis trois ans. Elle représente aussi la diversité : elle est ce que l’on appelle une «hafu» au Japon, c’est-à-dire une personne métissée. La tenniswoman, née en 1997 (un an après sa soeur Mari), est le fruit de l’union entre sa maman japonaise et son papa haïtien. Or, au pays du Soleil Levant, une frange de la société reste frileuse, voire même hostile chez les plus conservateurs, vis-à-vis des Japonais ayant des origines étrangères. Cette non-acceptation fut à l’origine du départ de la famille pour les Etats-Unis début 2000. Voir Naomi Osaka allumer la flamme olympique, deux décennies plus tard, n’a rien d’anodin.

À la conquête d’une première médaille d’or historique
La championne, qui va participer à ces premiers JO, pourrait connaître un été réussi après plusieurs semaines très difficiles. Naomi Osaka a vécu des moments durs lors du dernier tournoi de Roland-Garros. Désireuse de préserver sa santé mentale, elle avait refusé de s’exprimer face à la presse, puis avait abandonné le tournoi. La Japonaise avait aussi renoncer à participer à Wimbledon. Son agent avait indiqué qu’elle avait besoin de «prendre du temps pour elle, avec ses amis et sa famille». Ce passage à vide avait révélé aux yeux du monde les problèmes de dépression et d’anxiété dont souffre Naomi Osaka. Toutefois, la joueuse avait précisé qu’elle ne raterait ces Jeux pour rien au monde. Certes, elle est engagée sur plusieurs fronts divers, comme la préservation de la santé mentale des sportifs de haut niveau. Mais Naomi Osaka reste avant tout une redoutable tenniswoman. Après cette cérémonie d’ouverture peu commune, elle renouera avec les courts pour un objectif clair : devenir la première Japonaise médaille d’or en tennis.
R. S.