Tebboune : «L’Algerie a tout les moyens nécessaires pour faire face à tout imprévu»

La crise sanitaire plombe les réserves de changes estimées à 44 milliards USD :

Au cours de l’année 2020, la dette publique de l’Algérie a augmenté de 5,8% de points de produit intérieur brut (PIB), passant ainsi de 45,6% en 2019 à 51,4% en 2020. Une hausse accélérée par la crise pétrolière et sanitaire qui a fait dérailler la trajectoire budgétaire du Gouvernement.

Ce dernier tente de préserver, vainement, l’équilibre budgétaire et assurer une certaine traçabilité des dépenses mobilisées dans le cadre de la lutte contre la pandémie dont la gestion a coûté à l’Etat au début de la crise plus de 13 milliards de dinars. Le budget a été alourdit, également, par la chute des recettes pétrolières et fiscales, conséquences de la baisse des exportations pétrolières et l’assouplissement des mesures fiscales dans le cadre de soutien aux entreprises durement touchées par la crise sanitaire. En dépit de la cure d’austérité imposée par les autorités, au départ, pour minimiser l’impact de la crise sanitaire sur les finances publiques, les déficits structurels se creusent et les indicateurs macroéconomiques fondent. Malgré la situation financière «peu reluisante», du pays, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, se montre optimiste et a insisté sur l’impératif de poursuivre l’exécution des réformes permettant de favoriser la croissance des secteurs public et privé et assurer la durabilité d’une reprise progressive de l’économie nationale afin de corriger les déséquilibres macroéconomiques.
Lors de la réunion périodique du Conseil des ministres, avant-hier, qui a vu l’installation officielle du nouveau Gouvernement, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est montré plutôt rassurant quant à la capacité financière du pays de supporter les charges imprévues durant cette période de pandémie, estimant que «la situation macroéconomique du pays, en l’absence de toute perturbation d’approvisionnement du marché, l’Algérie a tous les moyens néces- saires pour faire face à tout imprévu». Tebboune est conscient que l’Etat devra faire face à un autre péril : celui du financement de l’économie nationale, devenu problématique à la relance des investissements et l’exécution du Plan de la relance économique, dont l’objectif est d’asseoir un nouveau modèle économique plus solidaire, résilient et inclusif. Pour atteindre cet objectif, l’Etat algérien devra mener une véritable économie de guerre pour laquelle il faut associer tous les partenaires économiques et sociaux pour surmonter cette double épreuve, sanitaire et économique.
Redémarrer la machine économique et impliquer tous les acteurs économiques publics et privés dans cette guerre pour diversifier les sources de financements des projets d’investissements à l’arrêt. Accélérer le passage de l’économie de rente à l’économie du marché afin de gagner en économie financière et pouvoir mobiliser de nouvelles ressources pour financer les programmes de réformes et d’investissements à la traîne. L’Etat veut, par ailleurs, préserver ou stopper l’érosion des réserves de changes qui ont financé les lourdes importations du pays, aggravant le déficit de la balance des paiements. La baisse du matelas des devises a affecté, par ailleurs, la liquidité bancaire qui s’est aggravée, ces derniers mois à cause de la crise sanitaire du Covid-19. La Banque Centrale a affecté un refinancement de 2.100 milliards de dinars pour les banques commerciales en vue de relancer les crédits à l’investissement et la micro-finance. Aujourd’hui, le pays subit les conséquences de la mauvaise gestion des finances publiques depuis 2016, cependant, le pays n’a pas atteint un niveau critique pour aller vers un endettement extérieur ou s’alarmer sur «une hypothèse d’un défaut de paiement», soit le solde des réserves de change.
Le Président Tebboune a assuré, lors du Conseil des ministres que «le niveau des réserves de changes s’élevant actuellement à 44 milliards USD contre 53 milliards USD fin 2019», réitérant ainsi son refus de recourir aux marchés de la dette. Une option qu’il a, toujours, écartée. Cependant, il a insisté sur l’impératif de mobiliser tous les moyens nécessaires pour faire face aux effets économiques conjoncturels de la crise sanitaire et ceux de sous-investissements dans les secteurs publics et même privés. Le Gouvernement change de trajectoire économique et appelle à la mobilisation tous azimuts pour gagner la guerre sanitaire et économique. L’urgence actuelle est d’acquérir des vaccins, des concentrateurs d’oxygène, ou encore installer des hôpitaux de campagnes.
Samira Takharboucht