Kaïs Saïed suspend le Parlement et décrète un couvre-feu nocturne à travers le pays

Crise politique en Tunisie

Des manifestations, appelées par des militants des médias sociaux ont eu lieu dimanche, leur colère étant concentrée sur le parti Ennahda, le plus grand du Parlement. Le chef du Parti Ennahda qui est à la tête du Parlement, Rached Ghannouchi, a immédiatement qualifié la décision de Kaïs Saïed de coup d’État contre la révolution et la Constitution.

Quelques heures après la déclaration du président tunisien des véhicules militaires ont encerclé le bâtiment du Parlement. Les médias locaux ont rapporté que l’armée avait également encerclé le bâtiment de la télévision d’État. Des manifestations, appelées par des militants des médias sociaux ont eu lieu dimanche leur colère étant concentrée sur le parti Ennahda, le plus grand du Parlement. Le chef du Parti Ennahda qui est à la tête du Parlement Rached Ghannouchi, a immédiatement qualifié la décision de Kaïs Saïed de coup d’État contre la révolution et la Constitution. «Nous considérons que les institutions sont toujours debout, et les partisans d’Ennahda et le peuple tunisien défendront la révolution», a-t-il ajouté, évoquant la perspective d’affrontements entre partisans d’Ennahda et de Kaïs Saïed. Le chef d’un autre Parti, Karama, et l’ancien président Moncef Marzouki ont tous deux rejoint Ennahda pour qualifier la décision de Saïed de coup d’État.
«Je demande au peuple tunisien de faire attention à ne pas croire que c’est le début de la solution. C’est le début d’une catastrophe bien plus pire», a déclaré Marzouki dans une déclaration vidéo diffusée par la chaine El Djazira Hier. Des citoyens tunisiens en colère ont rencontré le Premier ministre de leur pays, Hisham Al-Mashichi, lors de sa visite ce samedi dans les centres de vaccination de la ville de Nador dans le gouvernorat du nord de Zaghouan pour protester contre la détérioration de la santé et l’échec des autorités à contenir le coronavirus qui a tué des milliers de Tunisiens. Le Mouvement Echaab a affirmé son soutien aux décisions annoncées dimanche soir par le président de la République, Kaïs Saïed, de geler les activités du Parlement, de lever l’immunité de tous les députés, de révoquer le chef du gouvernement et d’assurer la présidence du ministère public.Il souligne, dans un communiqué publié dans la matinée du lundi 26 juillet 2021, que ces décisions «rectifient le cours de la Révolution après toutes les déviations et violations perpétrées par le Mouvement Ennahdha et le système au pouvoir».

La Tunisie signe un accord militaire de 10 ans avec les USA
L’ancien secrétaire américain à la Défense Mark Esper a signé le mercredi 30 septembre 2020 un accord de coopération militaire de 10 ans avec Tunis lors de la première étape d’une tournée régionale, saluant la collaboration américano-tunisienne sur le conflit en Libye voisine. Une coopération croissante entre le Pentagone et la Tunisie, en particulier sur la formation antiterroriste et la sécurisation de la longue frontière du pays nord-africain avec la Libye, où des groupes terroristes opèrent et où les puissances mondiales soutiennent des camps rivaux dans une guerre complexe. «Nous sommes impatients d’élargir cette relation pour aider la Tunisie à protéger ses ports maritimes et ses frontières terrestres, à dissuader le terrorisme et à empêcher les efforts corrosifs des régimes autocratiques d’entrer dans votre pays», a déclaré Esper dans un discours après avoir rencontré le président Kaïs Saïed. Washington a classé en 2015 la Tunisie comme un allié majeur non membre de l’OTAN, favorisant une coopération militaire renforcée aussi Washington a investi plus d’un milliard de dollars dans l’armée tunisienne, selon le commandement américain pour l’Afrique, Africom. La Tunisie a démenti en 2016 un rapport du Washington Post selon lequel elle aurait autorisé les États-Unis à utiliser des drones depuis son territoire pour des missions en Libye contre le groupe terroriste Daech. Mais une cour martiale a confirmé en 2017 la présence d’un escadron américain opérant des drones depuis une base tunisienne dans la région nord de Bizerte. En mai, le chef d’Africom a déclaré que les États-Unis enverraient davantage de troupes dans le pays à la lumière de la détérioration de la situation en Libye, mais Le gouvernement tunisien a déclaré qu’il n’y avait aucun projet de base américaine dans le pays, ont rapporté des sources médiatiques.

Le système démocratique en Tunisie dans l’impasse
Le président Kaïs Saïed a déclaré hier qu’il assumerait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un nouveau Premier ministre, dans le plus grand défi à ce jour pour le système démocratique que la Tunisie a introduit lors d’une révolution de 2011. Des foules de personnes ont rapidement inondé la capitale et d’autres villes pour soutenir Kaïs Saïed, ses partisans ont envahi l’avenue centrale Habib Bourguiba, épicentre de la révolution de 2011, Kaïs Saïed les a rejoints dans la rue. Selon des images de la télévision d’État, l’étendue du soutien aux initiatives de Kaïs Saïed contre un gouvernement fragile et un parlement divisé n’était pas claire, car le président du Parlement Rached Ghannouchi a appelé les Tunisiens à descendre dans la rue pour arrêter ce qu’il a appelé un «coup d’État». «Je mets en garde tous ceux qui pensent recourir aux armes, et quiconque tire une balle, les forces armées répondront par des balles», a averti le chef de l’Etat dans un communiqué diffusé à la télévision.
Oki Faouzi