L’Algérie fait face à une situation «paradoxale conjoncturelle» !

Risque de dérapage de l’inflation

Le Gouvernement tente, depuis des mois, de résoudre les problèmes récurrents liés aux équilibres macroéconomiques et d’instaurer une discipline budgétaire à travers la mise en place de nouvelles mesures budgétaires pour stimuler l’activité économique (exploitation et production).

Réfléchir par conséquent à l’incidence de ces décisions sur la demande et l’inflation influencées particulièrement par les nouvelles sources d’incertitudes apparues avec l’arrivée de la crise sanitaire en 2020. Cette dernière a bouleversé l’ordre budgétaire et aggravé le déséquilibre macroéconomique, ce qui a poussé la Banque d’Algérie a adopter une politique monétaire expansionniste afin de créer des conditions favorables pour obtenir des crédits et encourager un retour à l’investissement (refinancement des banques commerciales à hauteur de 2.100 milliards de dinars). Les prévisions économiques risquent d’être à nouveau contrariées par la recrudescence des nombres de contamination à la Covid-19, par la pénurie des matières premières, alors que les cours sont orientés à la hausse depuis des mois. Les prix du bois, des métaux, des minerais, du caoutchouc, de papier, du pétrole… s’emballent depuis des mois, ce qui se répercute sur le rythme de production et les prix de vente.
Cette tendance haussière des matières premières, notamment, des matériaux de constructions et agricoles, aura une influence directe sur le rythme de production et de rentabilité des entreprises nationales, particulièrement, des TPE-PME, étant donné que le pays est importateur de matières premières. Ainsi, les recettes des exportations hors hydrocarbures risquent de baisser, alors que la valeur de la monnaie nationale baissera de 5% pour les deux années à venir (2023). Une décision prise par l’autorité monétaire qui essaye de rétablir les équilibres macroéconomiques, stabiliser l’inflation (prévue en moyenne à 4%) et soutenir la croissance économique (l’investissement, l’industrie manufacturière et de transformation), tout en prenant en compte la volatilité des cours du pétrole et des matières premières. Ces derniers peuvent grimper davantage dans les prochains mois sous l’effet de facteurs macroéconomiques et sanitaires instables qui menacent une reprise soutenue de l’économie mondiale. L’écart entre la demande et l’offre peut encore se creuser et pousser les investisseurs ou les grands groupes industriels à revoir les prix de production et de commercialisation.
De nombreuses entreprises de construction, agroalimentaire, de cosmétiques et fabricant de produits hygiènes ont revu leur prix à la hausse. C’est le cas du groupe britannique Unilever ou du groupe américain de grande consommation Procter and Gamble. Les produits de ces deux géants sont commercialisés dans plusieurs pays dans le monde, y compris en Algérie. Il faut ainsi s’attendre à la hausse des produits hygiéniques (couches bébé, lingettes…). Ces holdings tentent de répercuter la hausse des cours des matières premières sur les prix de vente. Cette stratégie peut avoir des répercussions imprévisibles sur leur trésorerie. Un risque que ne peuvent courir les TPE et PME en raison de leur fragilité financière. En Algérie plusieurs entreprises ont déjà augmenté leur prix de vente, sans aucune vue sur les répercussions de ce renversement sur leur activité qui sera, inéluctablement, impactée par la perturbation des chaînes d’approvisionnement en matière première, la spéculation démesurée et la hausse des coûts de production brutalement.
Une situation difficile à surmonter à cause de l’incertitude qui plane sur la pandémie. Le secteur de la construction en Algérie et ailleurs dans le monde a été fortement touché par la pandémie. En 2020 plus de 24 .000 entreprises de bâtiment ont arrêté leur activité en Algérie. La pénurie des matières premières a influé sur leurs finances et sur leurs projets. Reste à espérer qu’avec la vaccination massive des populations et la reprise de l’activité économique mondiale ainsi que les politiques budgétaires et monétaires menées par les pays du monde, l’environnement macroéconomique s’améliore et se redresse. C’est ce qu’a souligné, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors du dernier Conseil des ministres où il a rassuré quant à la situation macroéconomique du pays, affirmant qu’«en l’absence de toute perturbation d’approvisionnement du marché et la capacité de l’Algérie à acquérir tous les moyens nécessaires pour faire face à tout imprévu».
Samira Takharboucht