L’ingratitude envers un grand homme !

Rachid Mekhloufi 

Rachid Mekhloufi est le meilleur footballeur que l’Algérie ait enfanté. Jamais un joueur de football à l’image du grand Rachid n’a été aussi populaire que lui dans toute l’histoire footballistique du championnat français.

Pour ceux qui ne l’ont pas vu évoluer sur le terrain, ils ne peuvent pas imaginer la grandeur de cet artiste qui, balle au pied, pouvait faire la pluie et le beau temps, et pour cela, l’AS Saint-Etienne est la seule formation qui peut témoigner de son style de jeu, sa clairvoyance et son sens du but, et son jeu fait de déviation. Artiste par excellence, soliste et chef d’orchestre, ses partitions exécutées avec le plus pur style du maître enthousiasment les puristes de la balle ronde. Rachid Mekhoufi est une idole, une star, une icône du football algérien, un nationaliste, un moudjahid. Eh, oui ! Le mot est très juste car le personnage a choisi de porter les couleurs de son pays en guerre avec le colonisateur français malgré le fait qu’il était joueur professionnel au sein de la grande association sportive de l’AS Saint-Etienne ou figuraient les Bosquier, Robert Herbin, Jean Michel Larqué, Bernard. Il fut retenu dans la composante de l’équipe nationale des Bleus, celle que l’on surnomme les Cocoricos pour la Coupe du monde de 1958. Mais son patriotisme était plus fort, il choisit l’équipe de la liberté du Front de libération nationale.
Rachid Mekhloufi est né le 18 août 1936 dans la ville de Sétif, cette charmante et belle localité des Hauts-Plateaux d’Aïn-Fouara. Inter-gauche, distributeur de jeu hors-pair, toujours en mouvement, il excelle dans l’art du contre-pied et celui d’envoyer le cuir au fond des filets grâce à des tirs aussi soudains que précis. Il a commencé son apprentissage footballistique très jeune spécialement à l’USM Sétif. Evoquer le nom de Rachid Mekhloufi, c’est parler du football algérien, c’est un grand Monsieur du ballon rond qui a été à l’origine de la réussite du grand club français l’ASSE aux côtés des Bosquier, Herbin, Larqué, avec qui il a partagé plusieurs titres et trophées (championnat et Coupe de France). Il fut le meneur de jeu, l’organisateur, le distributeur de la formation stéphanoise, l’artiste des Verts de cette grande formation. Posez la question à n’importe quel sportif algérien ou étranger s’il connaît Rachid Mekhloufi, neuf sur dix vous répondront que c’est l’entraîneur des Fennecs des Jeux méditerranéens des années 1975 et des Jeux africains de 1978. C’est lui qui a offert à l’Algérie deux médailles d’or en 1975 et 1978. Rachid Mekhloufi est un joueur de football de la classe des grands. Il a tenté l’aventure professionnelle alors qu’il n’avait que 18 ans lorsqu’il avait signé une licence avec l’ASSE, club de première division française. Tout de suite, il avait tapé dans l’œil des sélectionneurs des Bleus pour devenir un titulaire indiscutable dans l’équipe de France, mais comme nous l’avions signalé auparavant, son amour pour la patrie était plus fort.
Il répond positivement et rejoint l’équipe du Front de libération nationale, celle que l’on surnomme équipe de l’Indépendance à Tunis durant la guerre de Libération nationale. Après 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, il repart au Servette de Genève où se trouvait son ex-entraîneur Snella, puis rejoint l’ASSE pour une seconde fois. Il reste plusieurs années avant de quitter les Verts stéphanois pour aller à Bastia en qualité d’entraîneur. Joueur, Rachid était un footballeur pouvant réaliser des prouesses et capable de faire la différence à lui seul dans une rencontre de football. A 26 ans, le trio Ammi Smaïl Khabatou, Abderahmane Ibrir et Kader Firoud lui confie la direction du jeu et le convoque pour être le meneur de jeu, le maestro, le chef d’orchestre de la formation du club Algérie et ce sera ainsi durant plus de six ans, jusqu’au fameux match de Tunis comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde de 1968. Rachid Mekhloufi a été sollicité pour prendre en main l’Equipe nationale algérienne. Malheureusement, il débute mal son métier d’entraîneur à cause d’un manque flagrant d’expérience. L’Algérie est éliminée une seconde fois de la course à la qualification de la Coupe du monde en se faisant éliminer par la Guinée. Rachid Mekhloufi est maintenu à la tête de la sélection nationale.
Il se reprend et donne à la formation des Fennecs la première médaille d’Or, mais pour cela, il lui aura fallu rajeunir l’effectif des Verts. C’était très difficile pour lui, et pour cela, il a dû sacrifier de grands joueurs de football, à l’image du grand stratège Lalmas Hacéne, Khalem Mokhtar, Selmi Djillali et autres. D’ailleurs, il lui a fallu du courage pour mettre de côté Lalmas Hacène qui était considéré comme la grande coqueluche des sportifs algériens. Rachid Mekhloufi avait sa politique de travail, et il réussit son second coup en remportant la médaille d’or lors des Jeux africains de 1978. Entre temps, il avait supervisé la sélection africaine et la sélection arabe. Il devint directeur technique des Verts lors du Mondial-1982 puis celui de Mulhouse qui venait d’acquérir Salah Assad. Le palmarès de Rachid Mekhloufi est éloquent. Comme joueur, il a été sélectionné à l’âge de 26 ans à Alger en date du 28 février 1963 contre la Tchécoslovaquie avec l’entraîneur Ibrir. Sa dernière rencontre officielle internationale fut jouée à l’âge de 32 ans, le 29 décembre 1968 contre la Tunisie à Tunis avec le coach français Lucien Leduc dans une Algérie post-indépendance.
Durant la guerre de Libération nationale, il a été le meneur de jeu de la formation de la Liberté du Front de libération nationale. Rachid Mekhloufi a porté le maillot national plus de onze fois. Les Algériens se rappelleront toujours de cette date mémorable où l’AS Saint Etienne, avec son stratège algérien Rachid Mekhloufi, est venu damner le pion au grand Chabab de Belcourt du grand V au stade des Anassers. Côté Belcourtois, il y avait Lalmas Hacène, Khalem Mokhtar, Chenen, Achour Ouadia Hassen, et du côté Saint Etienne, Rachid Mekhloufi, Robert Herbin, Bosquier et autres. Le match se termina sur le score de deux buts partout. Rachid Mekhloufi, de par sa popularité et de sa vie footballistique exemplaire, a été celui qui a ramené le renouveau au football algérien, qui a offert les premiers titres continentaux à son pays. Il avait réussi à donner une belle image du football en mettant dans le bain des joueurs de la classe des Belloumi, Assad, Draoui, Ighili, Betrouni et autres. Il avait atteint les cimes de la gloire. C’est un grand Monsieur, respectable et respectueux qui mérite tous les égards. Bravo Rachid, pour nous les Algériens, tu resteras un grand joueur, un grand footballeur, un excellent entraîneur.
Kouider Djouab