Maîtrise de l’intelligence économique

Un outil au service de la sécurité

Avec la révolution du nouveau système d’information, contrairement au passé, il y a trop d’informations et le grand problème est à la fois la crédibilité de l’appareil statistique et la sélection opératoire de cette masse d’informations, pour s’adapter à la nouvelle révolution mondiale du numérique qui a un impact sur le comportement des citoyens, sur la gestion des institutions et des entreprises.

C’est que les nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) ont des implications au niveau de la gouvernance politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie renvoyant au savoir et à l’innovation permanente. En pratique, l’intelligence économique est un processus découlant du cycle du renseignement. Les informations collectées permettent de construire une conviction au fil du traitement et non de confirmer l’opinion erronée qu’un acteur pourrait initialement avoir. Une étape d’expression du besoin formalisée permet de «cibler» la recherche en définissant un périmètre limité, étape indispensable pour éviter l’accumulation de données inutiles et donc se parer d’une surcharge informationnelle contreproductive. L’ensemble des champs qui complètent l’Intelligence économique, comme, la gestion des connaissances, la protection des informations, le lobbying, peuvent être regroupés dans le concept global d’intelligence stratégique. L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l’information. Le modèle d’intelligence économique recouvre trois concepts. Nous avons d’abord les données qui sont des nombres, des mots, des événements existants en dehors d’un cadre conceptuel de référence. Ensuite, nous avons l’information qui est l’accumulation de données, traitées et transformées qui deviennent des informations, validées et confrontées, qui commencent à avoir un sens.

Enfin, nous avons la connaissance qui est l’ensemble d’informations interprétées qui permet de prendre des décisions. Les passages par ces trois concepts se font de la manière suivante. Je veux la bonne information au bon moment. Pour cela, il faut définir des objectifs, rechercher et collecter des données, trier et stocker les données et enfin disposer d’informations pertinentes. Comment puis-je rendre l’information utile? Une fois les objectifs globaux en matière d’information arrêtés, et les missions de recherche, collecte, tri et stockage validées, il faut analyser l’information, exploiter les résultats de manière à faire ressortir les aspects aidant à la prise de décision. Dès lors se pose le passage de la connaissance à l’intelligence. Il faut faire évoluer la culture des managers tant politiques, militaires qu’économiques. Le système de prise de décision n’est pas un système figé. Il doit s’adapter et évoluer dans le temps. Pour cela, il faut partager l’information, évaluer la qualité et la pertinence des décisions et se remettre en question. Pour faire de l’intelligence économique un véritable avantage concurrentiel, il est indispensable de l’intégrer aux fonctions de l’administration et de l’entreprise. L’approche processus permet une meilleure coordination des étapes pour profiter au maximum du gisement informationnel en vue d’actions efficaces sur l’administration ou l’entreprise ou son environnement du fait d’interactions complexes.

C’est que l’information devient un enjeu stratégique pour la sûreté de la nation L’information n’est pas un bien comme les autres. Une nation ou une entreprise sera meilleure que ses concurrents si elle possède, avant les autres, les bonnes informations au bon moment, qu’il s’agisse de connaissance des marchés, d’informations juridiques, technologiques, normatives ou autres. Pour creuser son avantage compétitif, une nation ou une entreprise doit pouvoir créer une asymétrie d’information à son avantage. Les systèmes d’information jouent un rôle majeur pour supporter les processus d’intelligence économique. Le système d’information utilise des outils pour gérer la partie automatisée du processus d’intelligence économique, ainsi que les interactions avec les autres processus et applications d’entreprise. Les outils sont les Ntic. Les TI (technologie de l’information) sont un ensemble de technologies utilisées pour aider le SI à traiter, modifier et échanger des informations, plus spécifiquement des données numérisées. L’information circule plus vite et plus facilement grâce aux avancées technologiques permanentes (réseaux téléphoniques, fibres optiques, Wifi, Gprs, Umts…) et à la multiplication des capacités de stockage, de traitement et de manipulation

Enjeux politiques et économiques

Enjeux politiques et économiques Qu’apporte l’intelligence économique pour une entreprise ou un Etat ? La réponse à cette question passe par l’analyse des enjeux politiques, économiques et technologiques. Pour les enjeux politiques, la connaissance qui en résulte aide les dirigeants dans la planification des actions futures de leurs organisations. En effet, «le système d’intelligence économique japonais s’est progressivement mis en place depuis l’ère Meiji. À l’origine, la mobilisation des élites nippones sur la question de l’économie s’est faite dans une vision protectrice : préserver l’indépendance du Japon face aux exigences commerciales des puissances occidentales. Tous les gouvernements reconnaissent qu’ils utilisent l’ intelligence économique dans la promotion de leur développement économique : Russie, Chine, France, Allemagne, USA ou de certains pays émergents. Concernant les enjeux économiques, nous avons les retombées directes et indirectes souvent difficilement quantifiables. Parmi les retombées directes, l’accroissement du nombre de brevets déposés par la société qui permet à un pays d’accroître le transfert de technologies et optimiser sa chaîne recherche-développement-production. Parmi les retombées indirectes, sous réserve d’une profonde moralisation de ceux qui dirigent la Cité, devant donner l’exemple, la guerre économique renforce l’esprit de corps au sein de la société car la sécurité nationale se définit aujourd’hui en termes de pouvoir économique.

La «sécurité économique fait partie intégrante de la Sécurité nationale au même titre que la sécurité militaire incitant les gouvernements à appuyer les entreprises dans leur quête de compétitivité pour la défense de l’intérêt national. C’est aussi pour cette raison que les gouvernements apportent leur assistance dans l’enseignement et l’éducation des dirigeants d’entreprise, afin qu’ils utilisent l’intelligence économique pour renforcer leur habilité en matière de gestion. Concernant les retombées technologiques, dans un contexte de concurrence internationale tant politiques, militaires, qu’économiques (avec de nouvelles formes sophistiquées, la guerre classique étant secondaire excepté dans certains pays du tiers-monde permettant à certains pays développés et émergents de faire fonctionner leurs unités d’armement), la propriété industrielle sous divers aspects, (brevets, marques, modèles, savoir-faire, droits d’auteurs, veille technologique, secret, protection de logiciels, transfert technologique, accords de licence, droit de la concurrence, etc.) devient de plus en plus un enjeu majeur. Beaucoup d’entreprises tentent de soutirer à leurs concurrents des technologies, des fichiers de clients, des secrets commerciaux, des structures de coûts de produits, des spécifications et procédures de fabrication de produits et des plans de développement. C’est pourquoi, actuellement, la majorité des Etats développés contribuent à assurer au sein des entreprises le contrôle de la sécurité des bases de données internes pour faire face aux piratages des données. Pour une administration ou entreprise ayant couplé son processus d’intelligence économique avec les bTic, le risque est donc grand, les ordinateurs individuels destinés à la collecte d’informations font le lien entre les réseaux externe (Internet) et interne (Intranet, réseau local) auxquels sont connectés les serveurs. C’est que les hackers utilisent le «social engineering», ou ingénierie sociale, qui leur permet d’obtenir des informations confidentielles telles que des mots de passe ou des numéros d’accès aux réseaux.

Conclusion

En résumé, l’intelligence économique et sa gestion stratégique sont devenues pour une nation et l’entreprise d’une manière particulière, l’un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sécurité. D’où le rôle d’une sensibilisation des acteurs de l’intelligence économique non seulement à une meilleure connaissance et une meilleure maîtrise des outils, mais également nécessite une culture de la sécurité individuelle et collective. Face à ces nouvelles mutations, s’impose pour plus d’efficacité et de transparence une nouvelle gestion tant des institutions stratégiques que des entreprises. Or, la gestion des ministères, des wilayas et des services collectifs sont gérés encore selon les méthodes des années 1970, peu initiés aux techniques de rationalisation des choix budgétaires. Comme se pose la transparence de la gestion de Sonatrach, qui procure avec les dérivées 98% des recettes en devises du pays, du système financier dans sa globalité qui doit faire sa mue, étant actuellement, de simples guichets administratifs, lieu de luttes d’intérêts et de distribution de la rente des hydrocarbures : une oligarchie rentière l’ayant utilisé pour des surfacturations faute d’absence d’un tableau de la valeur relié aux réseaux internationaux, (prix, poids, coûts/qualité), non numérisé avec des crédits faramineux octroyés sans de véritables garanties, en plus des bonification de taux d’intérêt. En bref, l’année 2020 s’est achevée par une croissance négative de moins 6% et l’année 2021 avec le retour de la crise sanitaire pourrait encore plomber l’économie algérienne, devant éviter toute sinistrose mais également toute autosatisfaction source de névrose collective.

Pr Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités Expert international