quel programme de relance pour le gouvernement ?

Face à une situation économique et sanitaire complexe posant la question de la sécurité nationale

Le gouvernement se prépare à livrer son programme socio-économique dans un contexte particulier de grave crise sanitaire et économique. Espérons un plan de relance efficace, loin des idées générales connues avec une quantification précise passant par un bilan lucide afin d’éviter de commettre les erreurs du passé et de tracer les perspectives.

2- Les résultats de cette politique sont désormais nettement perceptibles sur plusieurs aspects stratégiques de l’économie algérienne Le comportement de 1963/2021 reste toujours de type «semi-rentier», peu de réformes en profondeur de l’économie et du politique solidaire en fait de la gouvernance tant centrale que locale. La rente pétrolière a généré plusieurs effets pervers de l’économie à son seul profit, ce qui a renforcé encore davantage la monoculture énergétique du pays. La diffusion du «syndrome hollandais» dans majorité des secteurs peu performants a drainé ses ressources au profit des hydrocarbures avec l’utilisation de la manne pétrolière pour éviter la vraie restructuration des entreprises qui reportent leurs problèmes économiques sur les banques (puis sur le Trésor public. La dépendance technologique s’est accentuée avec le choix de solutions globales (produit ou bien clés en main) .

Ce système par croissance externe demande des capacités fortes de management que l’Algérie ne possède pas encore et donc ne lui permet pas de maîtriser seule son propre modèle de développement. Cette politique a finalement débouché sur l’engrenage d’une dépendance qui a été levée par le passé avec le rebond du cours des hydrocarbures, mais actuellement en déclin, ayant permis d’éponger une grande partie de sa dette extérieure. Mais les entrées en devises de plus de 1000 milliards de dollars entre 2000/2019 et une importation de biens et services de plus de 950 milliards de dollars, sans compter les dépenses en dinars, ont permis un taux de croissance dérisoire 2/3% en moyenne annuelle alors qu’il aurait dû être de 9/10% : mauvaise gestion ou corruption ou les deux à la fois comme le démontrent les importants scandales financiers récents.

Le manque de planification et l’adaptation aux nouvelles mutations mondiales, la configuration autarcique de l’économie avec des injonctions politiques aux entreprises publiques ont renforcé sa dépendance envers les seuls produits commercialisables avec ses principaux partenaires commerciaux (le pétrole brut, le gaz et les semi-produits du gaz et du pétrole, la pétrochimie ayant été délaissée) générant des déperditions et les surcoûts classiques liés à une non optimisation des capitaux investis. L’Algérie s’est pourtant insérée malgré elle, dans la division internationale du travail comme fournisseur exclusif d’énergie. Et les exigences de l’outil réalisé ont accru la dépendance à l’égard des cours et des revenus pétroliers, seule source de flux financiers externes. La majorité des projets a nécessité la mise en œuvre de contrats «clés – ou produits en main», avec recours aux techniques étrangères d’où : la dépendance technologique (pièces de rechange, maintenance et formation).

La multiplicité des processus liés aux différents pays à l’origine des lignes de crédit, les problèmes de propriété industrielle et de licences ont creusé l’écart technologique et favorisé les produits importés, la majorité des secteurs souffrant d’une faible rentabilité, d’importants surcoûts propres aux économies dirigées et les systèmes de prix sont souvent déconnectés de la conjoncture économique. Les systèmes d’approvisionnement ou de négociations contractuelles nées du code des marchés publics sont lents et coûteux et les systèmes de cooptation des personnels entraînent des sureffectifs et une gestion laxiste. Outre la corruption avec la complicité d’opérateurs étrangers, la faible considération pour l’environnement des affaires où n’existent pas de sentiments, mais la logique du profit, va générer de graves difficultés pour attirer des groupes internationaux sérieux qui connaissent parfaitement la situation politique et économique de l’Algérie.L’interprétation unilatérale de la réglementation a généré des contentieux internationaux comme en témoigne les nombreux litiges dont ceux de Sonatrach à l’international. Dans ce cadre, il est illusoire de croire que sans maîtrise des nouvelles technologies en perpétuelles évolutions, il y aura un impact judicieux des start up qui sont avant tout des prestataires de services ayant besoin de réseaux d’internet au top niveau, d’un tissu productif et des institutions performantes

3- La gestion actuelle de l’économie et du commerce extérieur, héritée du système passé entrave les exportations hors hydrocarbures L’objectif de protection bien que louable, mais sans objectifs stratégiques a généré une gestion bureaucratique des procédures d’importation qui est devenu un terreau pour de nombreuses pratiques non conformes aux pratiques du commerce international, devant simplifier ce système obsolète et les habitudes prises qui ont généré des monopoles lucratifs et puissants. C’est que l’Etat algérien dépense 2 fois plus que la moyenne des pays émergents pour avoir deux fois moins de résultats économiques et sociaux. Les formalités de contrôle des changes restent encore largement interprétées par le personnel des banques qui garde la nostalgie de la puissance de son rôle de contrôleur. Concernant l’investissement étranger, les multinationales recherchent classiquement des avantages comparatifs pour produire de façon compétitive pour un marché local solvable mais aussi vers un marché régional et/ou mondial, en intégrant leurs capacités commerciales et productives, d’où l’importance de l’intégration du Maghreb pont entre l’Europe et l’Afrique où l’Algérie pourrait trouver des avantages comparatifs.

A suivre Abdelrahmane Mebtoul Expert international Professeur des Universités