L’Etat devra redoubler de rigueur dans la gestion budgétaire

La préparation du PLF 2022 est soumise à une pression sanitaire inédite

L’Etat bataille depuis plus d’une année et demie pour sortir de la crise sanitaire et poursuivre l’exécution de son programme de réformes financières et économiques inscrites à moyen et à long terme dans son Plan de la relance économique (2020/2024).

De nouveau, son exécution est contrariée par la pandémie et l’incertitude qui plane sur le marché économique national et international. Des bouleversements ultérieurs qui peuvent changer sensiblement la trajectoire de sortie de crise ainsi que le tableau dépeint actuellement par les comptes publics en déséquilibre et par la politique budgétaire et monétaire adoptée par les autorités. Ces dernières ont procédé depuis un an à un ajustement macroéconomique et des réformes structurelles pour aider à optimiser la gestion de la trésorerie et des finances locales. Ces indicateurs macroéconomiques structurels devront être pris en compte lors de la préparation du projet de loi de Finances 2022 (PLF 2022). Également tenir compte davantage de la politique sociale (éducation, protection sociale et de la santé). Les pouvoirs publics ont dû faire face aux imprévus de la situation sanitaire du Coronavirus nécessitant d’importants fonds pour la prise en charge des malades et l’achat des vaccins anti-Covid-19, ce qui a impacté la croissance économique du pays qui connaît des chocs négatifs depuis 2009. En 2020, cette instabilité a d’ailleurs conduit à la rectification de la loi de Finances 2021 pour corriger, modifier ou réformer certains indicateurs financiers visant à soutenir la trésorerie des entreprises, le marché de la dette et la relance de l’investissement.
Le contexte économique, social, politique et sanitaire complexe a incité les autorités en 2020 à élaborer un cadrage macroéconomique pour une meilleure viabilité des finances publiques pour ainsi préparer le budget. Ce réajustement macroéconomique et budgétaire en Algérie est toujours confronté au défi d’une gestion rationnelle des réserves financières, majoritairement, tirées des exportations d’hydrocarbures actuellement en baisse en raison de la volatilité des cours du pétrole sur le marché mondial. Compte tenu du climat morose de l’économie internationale et nationale, l’Etat pourra, probablement, éviter de réformer les indicateurs financiers qui ont aider les entreprises à sauver leur activité et à stabiliser, plus ou moins, les réserves de changes et optimiser la rentabilité de certains secteurs productifs. Le choix et la pertinence des stratégies ou des politiques publiques sont essentiels pour définir les plans de financements et pour identifier les risques budgétaires à l’avenir.
Éviter le déclin des indicateurs macroéconomiques et d’entrer dans une nouvelle récession. Dans cette logique, il est nécessaire de poursuivre les réformes des finances publiques (bancaires, douanières et fiscales) qui ont déjà fait du chemin depuis 2020 et soutenir aussi la relance des entreprises publiques, lourdement touchées par la pandémie. L’Algérie ne sera pas le premier pays à exclure la remise à plat des indicateurs financiers (régime de change, fiscalités, impôts, ratios économiques, marges des entreprises…), plusieurs pays veulent maintenir la même politique financière que celle de 2020 pour mieux s’adapter à la réalité du pays. La préparation du projet de loi de Finances 2022 ne peut sortir de la logique rentière qui a révélé la volatilité des ressources extérieures de financement qui affecte le développement du pays. Mais cela peut réduire la pression sur les entreprises et les aider à renforcer leur performance. Une remise à niveau soutenue par les experts qui s’accordent sur l’impératif de diversifier l’économie nationale à travers la mise en place de nouveaux mécanismes de soutien à l’investissement et au développement sectoriel afin de s’affranchir de cette dépendance aux hydrocarbures.
Corriger progressivement les déséquilibres budgétaires et structurels qui plombent le commerce extérieur et les investisseurs locaux qui appellent à la libération de l’acte d’investissement, du financement bancaire et la révision de certaines règles contraignantes à l’investissement. C’est, en effet, l’ambition des pouvoirs publics qui tentent de mener, malgré la conjoncture actuelle, des réformes financières et même techniques. Par conséquent suivre une démarche réaliste obéissant à la concrétisation des décisions déjà prises par les autorités devant garantir la soutenabilité de la trésorerie de l’Etat et stabiliser les comptes publics à travers la lutte contre la corruption et la fraude. Des mécanismes sont déjà mis en place.
Samira Takharboucht