Un géant qui renaît de ses cendres

Tonic Industrie

Nationalisée en 2011, suite à sa faillite confirmée par voie judiciaire en décembre 2009, le complexe Tonic Industrie, appelé anciennement Tonic Emballage, a pris le statut d’entreprise publique dénommée Tonic Industrie – SPA

Le mauvais démarrage de cette entreprise privée avec des investissements colossaux en partie utiles pour l’économie nationale, mais toutefois démesurés, traînant à ce jour de grosses séquelles sur son fonctionnement et peine à se redresser en dépit des changements multiples à la tête de son management. L’entreprise Tonic Emballage, qui a vu le jour en 2000, a été transformée en entreprise publique économique (EPE) suite à son absorption par l’EPE Tonic Industrie, à la suite d es difficultés de du remboursement de crédit octroyé par la Banque publique BADR, d’un montant qui portait plus de 80 milliards de dinars (1,1 milliard de dollars) dont 65 milliards de dinars engagés par la seule BADR. L’opération au plan financier était un cinglant échec, puisque la dette contractée n’a pas été honorée et ne pouvait être honorée dans les délais, selon les règles commerciale et financière, ce qui a mis en péril l’existence future de cette entreprise pourtant semblant prometteuse selon ses promoteurs au départ.

Le développement trop rapide des investissements, superflus pour certains, a été aggravé par la qualité de gestion approximative dans l’exploitation des capacités de production installée. Il a induit un volume d’amortissement insupportable par le faible volume de production et par la répercussion des prix de vente des produits minorés qui ne couvrent pas les charges d’exploitation, sans oublier les espaces acquis et le nombre important des bâtiments et d’acquisitions des biens. Les conséquences de cette situation ont conduit inévitablement à la faillite et à la saisie des biens prononcée par voie judiciaire. La procédure de transfert des biens et engagée et la BADR a pris le soin de récupérer les biens immobiliers qu’elle comptait vendre ou céder aux nouveaux investisseurs.

Mais c’est faire sans la réticence des investisseurs qui n’ont pas été au rendez-vous. Ainsi, l’avis d’appel d’offres lancé n’a pas eu l’effet escompté et ces biens n’ont jamais trouvé acquéreur en raison de leur coût élevé, estimait-on à l’époque. Pis encore, cette «opération» n’a pas manqué de mettre en difficulté la BADR elle-même. Pour l’histoire, la lune de miel et la belle promotion de cet énorme investissement a fini par rencontrer la triste réalité d’un financement inapproprié et exécutif, et c’est en 2006 que le groupe Tonic Emballage a entamé sa chute. En plus de la dégradation de la situation, le front social n’était pas resté inactif, entamant ainsi un long feuilleton de protestation sporadiques qui n’ont pas manqué d’aggraver les difficultés du groupe jusqu’à ce jour. La nouvelle entreprise Tonic Industrie , a tenté depuis son acquisition de ce patrimoine à récolter les morceaux sans y parvenir totalement en dépit du changement fréquent des dirigeants gestionnaires.

Les mauvais recrutements non adossés à des critères professionnel ont causé des dégâts supplémentaires, à cause notamment d’une pléthore du personnel et une insuffisance de compétences. Les déficits successifs, l’environnement défavorable et l’immixtion des pouvoirs publics dans la gestion de l’entreprise qui n’ont pas aidé ont retardé les échéances de redressements escomptées. Cette situation devenue endémique, à Tonic Industrie et l’ensemble des facteurs environnementaux ont fait que l’entreprise n’a pas pu se relever rapidement. Pour cause, le déficit par des conflits sociaux infinis, souvent alimentés par les parties étrangères à l’entreprise. Celles-ci ont pesé de tout leur poids sur l’essor de la société qui, dépit de tous les efforts déployés des responsables qui se sont succédés à sa tête, a eu des difficultés Ce n’est qu’en 2020 que cette nouvelle équipe dirigeante conduite par un nouveau conseil d’administration à sa tête M. Idriss Yalaoui et le directeur général M.

Aomar Zahar animés d’une volonté de réussite, qu’une démarche porteuse a été arrêtée en se fixant des échéances tout à fait réalistes de sortie de crise, mais sans que tous les problèmes ne soient évacués durant cette première année de redressement. Car si des solutions ont été trouvées par le partenaire social, et des initiatives ont été prises pour relancer l’outil de production, les besoins de fonds de roulement se sont atténués grâce à la relance très timide de la production et des ressources financières de la BADR avec laquelle un partenariat est désormais établi. Pour sortir définitivement de cette zone de difficulté, l’entreprise a besoin de fonds frais pour financer ses activités, seul moyen pour réhabiliter le climat social profondément perturbé par les retards de salaires. Le financement des activités pour la relance de la production et le remboursement des dettes en évacuant les menaces de blocage des comtes, les 1.800 emplois existants seront préservés et peuvent espérer la relance de leur leurs carrières professionnelles.

Enfin, le diagnostic est établi, les pistes de redressement sont identifiées, l’espoir renaît de nouveau pour un fonctionnement harmonieux d’un outil de production qui ne couvre qu’une infime partie du marché national. La marge de manoeuvre est grande et les perspectives sont prometteuses après la réduction de 20% des effectifs et de charges improductives véhiculées par le plan de redressement. L’objectif immédiat fixé par la nouvelle direction concerne en premier lieu le règlement des arriérés des salaires pour accroître la mobilisation des salariés ainsi que l’alimentation en matières premières des chaînes de production à fort potentiel, pour fidéliser les gros clients porteurs de chiffre d’affaires. L’entreprise est sur le point d’engager une nouvelle organisation à travers la filialisation des unités à fort potentiel pour accélérer la rentabilité globale de l’entreprise dans sa totalité en élaguant les actifs excédentaires.

C.P