«Il faut redonner confiance afin que les Algériens s’impliquent»

« Réformes et Démocratie » en Algérie – Pr Abderrahmane Mebtoul :

 Dans ce résumé actualisé d’un ouvrage pluridisciplinaire publié en 2005, le Professeur Mebtoul plaide pour un système de communication transparent, adapté à la réalité de la société algérienne et au nouveau monde en mutation. Objectif premier : redonner confiance aux Algériens, les mobiliser pour les réformes dont le pays a besoin.

Le rôle de l’intellectuel, ou de tout cadre de la nation crédible n’est pas de faire des louanges en contrepartie d’une rente, étant ainsi contre-productif pour le pouvoir lui-même, mais d’émettre des propositions opérationnelles privilégiant les intérêts supérieurs de la Nation. À la question « Comment reconnaissez-vous un bon personnage politique ? », Churchill avait répondu : « Même s’il reste en conversation avec moi durant plus d’une heure, je ne saurai pas s’il a dit oui ou non». Dans le contexte d’aujourd’hui, avec le nouveau système de communication où tout est enregistré, un politique doit être réservé, ne jamais s’aventurer à faire des promesses qu’il ne pourra pas tenir, s’il veut conserver sa crédibilité auprès de la population qui a ses promesses en mémoire. Car avec les nouvelles technologies, qui révolutionnent le système d’information, sa maîtrise est primordiale. Elle peut être profitable pour dynamiser la société, mais préjudiciable lors de la manipulation de certains réseaux, avec des rumeurs dévastatrices à des fins de déstabilisation. Devant distinguer tactiques et stratégie, pour mobiliser la population s’impose un renouveau du système de communication dans le domaine économique, social, culturel et politique. La communication reste une affaire de terrain et non de bureaux feutrés, sa sémantique, sa sémiologie, sa stratégie et ses cibles ne pouvant relever de l‘amateurisme, elles doivent être élaborées à partir de travaux d’enquêtes ciblées. Pour que la communication ait un impact au niveau de la population, le rôle des conseillers en communication doit diriger les gestes et les mouvements, produire les grandes lignes du discours, préparer les phrases qui portent. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est de tomber dans la démagogie et le populisme. Dans ce cas, il faut que les gens crédibles dans les espaces publics ne fassent pas appel aux intellectuels aux ordres. Cette présente contribution est une réactualisation d’un chapitre consacré à la communication en faveur des réformes, de l’ouvrage collectif sous ma direction, ayant réuni anthropologues, politologues, sociologues et économistes, paru en 2005 à Casbah Éditions (deux ouvrages 560 pages) sous le titre «Réformes et Démocratie».

1. Les huit axes d’action sur le plan économique

1.1 – Insister sur la nécessité des réformes économiques en faisant le lien direct avec les impératifs de justice sociale et placer l’Algérie comme pays pivot par rapport aux nouvelles mutations mondiales la mondialisation. 1.2 – Revenir à chaque fois sur la citation d’exemples révélateurs de situation pour comparer la situation politique , économique et sociale économique avec ce qui se passe autour de nous avec des pays comparables. 1.3 – Montrer, chiffres à l’appui, la masse d’argent colossale dépensée et les impacts économiques et sociaux – de l’indépendance à ce jour, l’histoire ne se découpant pas en morceaux – les dépenses pour l’assainissement financier des entreprises publiques économiques et dont le résultat a été largement en dessous des attentes. 1.4 – Exposé des dépenses et résultats qui ont présidé à tous les organismes de création d’emplois, avec les bonifications de taux d’intérêt (plus de 70 % sont actuellement en difficulté et selon les organisations patronales, plus de 70 % PMI/PME courent à la faillite. Faute de trésorerie et d’approvisionnement, elles fonctionnent à moins de 50 % de leurs capacités. Quant aux startups prestataires de services, elles ont besoin d’un marché et d’un environnement concurrentiel ; Leur efficacité serait nulle à terme sans la dynamisation du tissu productif, l’élévation du niveau de qualification, et une efficacité des institutions nous retrouvant dans le même scénario des nombreuses faillites des projets de l’ANSEJ. Or, si les nouveaux projets sont lancés en 2022,il faut prévoir de deux à trois ans pour la rentabilité des PMI/PME, et autour de 2027/2029 pour les projets hautement capitalistiques. Donc il ne faut pas attendre des entrées de devises avant ces dates, et d’autant plus que le monde économique aura alors profondément changé : avec la crise mondiale et l’endettement des États, une baisse substantielle des IDE, notamment vers le Maghreb et l’Afrique se produira, prévoit le rapport de la CNUCED de janvier 2021. 1.5 – Mettre en relief les dangers de la dépendance financière de l’économie nationale d’un seul produit à savoir les hydrocarbures, la nécessité d’axer les efforts sur le développement de l’agriculture moderne de grands espaces, afin de réduire la dépendance alimentaire extérieure (chiffres à l’appui), et augmenter la valeur ajoutée créée par l’agriculture dans le produit intérieur brut. 1.6 – Insister sur l’importance de la création de l’emploi dans les services créateurs de valeur ajoutée – à ne pas confondre avec les services de la fonction publique. 1.7 – Comparaison de la situation socio-économique avec nos voisins immédiats ou dans des pays à structures et potentiels économiques comparables. 1.8 – Insister sur le rôle de la recherche scientifique dans le développement économique et social et sur la relation université / entreprise. Développer le secteur privé national productif, y compris les services, et l’accompagner par des mesures financières stimulantes et incitatives. En vue de leur réforme, établir le diagnostic du système financier, douanes, fiscalité, domaines, banques, de 1963 à 2021.

2 – Les huit axes d’action sur le plan social

2.1 – La société algérienne, comme toutes les sociétés humaines, est structurée en fonction de plusieurs paramètres sociologiques : mettre en relief l’évolution par catégories d’âge, profession, sexes, statut social, statuts religieux, statut politique. 2.2 – Redéfinir le rôle des collectivités locales à travers une réforme profonde pour pouvoir prendre en charge les besoins sociaux de la population, sans cesse croissants. 2.3 – Développer les centres de loisirs et de détente pour les jeunes et les familles. 2.4 – Insister sur la protection du consommateur par des mesures réglementaires rigoureuses. 2.5 – Développer la sécurité des frontières (terrorisme, trafics en tous genres), des biens et des personnes par le recrutement et la formation des agents de sécurité qui doivent s’adapter aux nouvelles technologies. 2.6 – Faire régner le respect de l’État de droit par tous, l’ordre afin d’éviter l’anarchie n’étant pas antinomique avec la cohésion sociale, et la démocratie tenant compte de notre authenticité. 2.7 – Sous-traiter certaines activités qui étaient assurées par les collectivités locales avec des associations de quartiers, le secteur privé. Par exemple l’enlèvement des ordures, l’éclairage public, l’entretien des routes et des espaces verts, le nettoyage des côtes, le reboisement, l’entretien et la réparation des bâtis. 2.8 – Développer le civisme et l’amour de la patrie, dont le rôle premier est la moralité, tant des dirigeants que des citoyens, en faisant de l’école un lieu de promotion sociale, le véritable patriotisme étant défini comme la contribution des Algériens à la valeur ajoutée nationale.

Par Abderrahmane Mebtoul A Suivre …