terrorisme et trafics aux frontières

La nécessaire cohésion sociale et l’unité nationale pour faire face aux tensions géostratégiques

Aux impacts de l’épidémie du coronavirus, du réchauffement climatique et les enjeux aux frontières de l’Algérie préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques mondiales entre 2021/2030 rendant urgent des stratégies d’adaptation. C’est que la région sahélienne connaît d’importants trafics qui alimentent le terrorisme risquant d’être un facteur de déstabilisation.

L’Algérie pièce maîtresse de la stabilité de la région, méditerranéenne et africaine, avec les tensions régionales, est préoccupée par la sécurisation de ses frontières de 6511 km partagées avec la Libye 982 km, le Mali 1329 km, la Mauritanie 461km, le Maroc 1739 km, le Niger 951 km, la Tunisie 1010 km et le Sahara occidental, dossier aux mains des Nations unis de 39 km. D’où l’importance d’une coordination internationale pour à la fois favoriser le co-développement et juguler le terrorisme qui a des incidences sur toute l’Afrique et l’Europe favorisant les flux migratoires. Cette présente contribution est une synthèse des conférences données à l’IMPED et à l’Ecole Supérieure de guerre (ministère de la Défense nationale mars et octobre 2019) et devant les attachés économiques et politiques des ambassades accrédités à Alger en mars 2019 et juin 2021.

1.-Il existe un lien dialectique entre sécurité et développement. Selon différents experts trois facteurs permettent de comprendre les liens entre trafic et terrorisme : premièrement, l’existence de mouvements communautaires, ethniques et religieux, qui permettent une collaboration entre terroristes et criminels, sur la base de valeurs partagées et de confiance mutuelle. Deuxièmement, la survenance d’un conflit armé. Troisièmement, les contraintes qui jouent lors d’échanges transnationaux complexes de marchandises illégales ; des échanges qui impliquent souvent d’autres parties intermédiaires et de certains segments de l’administration corruptibles. Les récentes investigations dans le cadre de la lutte antiterroriste menées par les services de renseignements révèlent de nouvelles données au niveau de la région sahélienne inséparable des conflits au Moyen-Orient et dans certaines contrées d’Afrique. Pour l’Algérie, il y a lieu d’accorder une attention particulière tant de la stabilisation de la Libye qu’aux tensions au niveau du Sahel où la ceinture sahélienne recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants : l’Algérie (à l’extrême sud) ; le Sénégal ; la Mauritanie (au sud) ; le Mali ; le Burkina Faso (au nord) ; le Niger ; le Nigeria (à l’extrême nord) ; le Tchad (au centre). Le Sahel est un espace sous-administré et souffrant d’une mauvaise gouvernance chronique et sa vulnérabilité est amplifiée par une forte croissance démographique qui affecte la sécurité alimentaire de la région dans son ensemble.

Identifier un processus de radicalisation ne se fait pas sur la base d’un seul indice mais d’un faisceau d’indicateurs. Ces indicateurs n’ont, par ailleurs, pas tous la même valeur et seule la combinaison de plusieurs d’entre eux permet d’établir un constat. Mais il existe des enjeux économiques, le Sahel étant un espace recelant d’importantes ressources minières d’où les ingérences étrangères manipulent différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des nombreuses richesses. L’arc sahélien est riche en ressources : après le sel et l’or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium sont autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances désirant s’en assurer le contrôle. 2.-Les différents trafics sont liés à l’importance de la sphère informelle, produit des dysfonctionnements des appareils de l’Etat, en fait de la gouvernance, du poids de la bureaucratie qui entretient des relations diffuses avec cette sphère et des distorsions des taux de change, représentant en Afrique sahélienne plus de 80% de l’emploi et plus de 50% du produit intérieur brut. Le terrorisme international profite des dysfonctionnements de régulation des Etats et a au moins cinq caractéristiques en commun. Premièrement, largement sur des réseaux souvent établis dans de vastes zones géographiques où les personnes, les biens et l’argent circulent.

Deuxièmement, le contrôle par le commandement et la communication. Troisièmement, leur besoin de traiter de grandes quantités d’argent, de les blanchir et les transférer à travers les pays et les continents. Quatrièmement, criminels et terroristes ont tendance à se doter d’armées privées, d’où un besoin de formation, des camps et du matériel militaire. Cinquièmement, terroristes et criminels de la zone sahélienne partagent les caractéristiques communes : pratique fréquente d’opérations clandestines cherchant la légitimité dans le soutien des populations avec usage de guérillas durables pour pouvoir contrôler un territoire et des populations. Enfin, ces guérillas créent des cellules spécialisées dans l’usage des médias et d’internet pour diffuser leur propagande et leurs revendications. Ainsi, nous avons différentes formes de criminalité transnationale organisée qui forme une industrie en constante évolution, qui s’adapte aux marchés et crée de nouvelles formes de délinquance, s’agissant d’un commerce illicite qui transcende les frontières culturelles, sociales, linguistiques et géographiques. La combinaison de ces divers éléments selon des schémas extrêmement complexes, induit un climat d’insécurité croissant propice à la déstabilisation des Etats sahéliens, faute d’une bonne gouvernance. Existent différents trafics liés. a suivre …

Pr Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités Expert international