Le pétrole rechute dans un marché fébrile

Début des travaux du Sommet de l’Opep+, aujourd’hui

Les 13 pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés, conduits respectivement par l’Arabie saoudite et la Russie se retrouvent, aujourd’hui par visioconférence, au siège du cartel à Vienne (Autriche) pour évaluer leur stratégie d’ouverture progressive et prudentes des vannes de l’or noir.

Dans l’attentisme, les prix du pétrole n’ont pas dégagé de tendance, ils ont baissé légèrement à la veille de ce Sommet de l’Opep+ qui devra opter pour une reconduction de la hausse mensuelle de la production, décidée le 18 juillet dernier. Toutefois, toutes les options sont sur la table. Par ailleurs, le dynamisme du marché pétrolier et des investisseurs s’est atténué en attendant la décision du groupe informel Opep+, mais aussi, les données sur les stocks américains et sa politique monétaire. Des facteurs qui influencent les cours du pétrole dans un marché fluctuant. La baisse des cours du pétrole à la veille du Sommet Opep+ ont été, également, affectés par les premières informations faisant état de l’impact limité de l’ouragan Ida qui a frappé les Etats-Unis sur les plates-formes pétrolières (recensées au nombre de 300). Les cours de l’or noir ont cédé à la fébrilité du marché pétrolier et du marché boursier. Vers 15h50, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, (dernier jour de cotation) a glissé à 72,86 dollars à Londres, en baisse de 0,75 % par rapport à la clôture de la veille. Quant au baril américain de WTI pour la même période de livraison, il a cédé 1,48 %, établi à 68,22 dollars.
Ce repli des cours du pétrole à quelques heures de la tenue de la réunion des pays membres de l’Alliance s’explique, selon l’analyste de Phillip Futures Avtar Sandu, repris par le site spécialisé leprixdubaril.com par «la perspective d’une augmentation de l’offre de brut de la part de l’Opep+, après une semaine en hausse». De son côté, le professeur Jeffrey Halley, de Oanda, table sur le maintien de l’augmentation mensuelle du cartel, décidée le 18 juillet passé, affirmant qu’il «est presque certain que les vingt-trois maintiendront leur politique inchangée». Pour rappel, le groupe a décidé lors du dernier sommet ministériel le 18 juillet d’»augmenter sa production chaque mois de 400.000 barils par jour, avec pour objectif à terme de remettre dans les tuyaux les 5,4 millions de barils quotidiens qu’il laisse encore sous terre». Cette décision a été soutenue difficilement par les 23 pays membres de l’Alliance qui ont dû faire face au désaccord qui opposait l’Arabie saoudite aux Emirat Arabe Unis sur les quotas de production.
Après une semaine de négociation, les pays divisés ont su trouver un consensus et devront faire face, cette fois-ci, à la pression de Washington qui exige des pays membres de l’Opep de relever leur offre afin de réduire l’impact d’un choc éventuel de demande. Ce qui n’est pas de l’avis de tout le monde, étant donné que l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) avait revu à la baisse ses perspectives de reprise de demande. Les 23 pays signataires de la Déclaration de coopération doivent prendre une décision cruciale dans un contexte sanitaire et économique incertain et tenir compte des tensions géopolitiques et menaces terroristes. Toutes les options sont sur la table et les pays producteurs du pétrole doivent être plus prudents pour ne pas faire un faux pas qui aura des répercussions longues durées sur le marché pétrolier et financier international. Cette situation pèse sur les investisseurs qui tentent d’intégrer dans «les prix l’impact de l’ouragan Ida sur les infrastructures pétrolières du Golfe du Mexique», ont rapporté plusieurs médias internationaux.
Influencé par l’incertitude autour de la réouverture des plate-formes et raffineries de Louisiane (USA) et du Golfe du Mexique après le passage de l’ouragan Ida, le pétrole régresse, alors que les compagnies pétrolières, quant à elles, restent à la réserve en attendant la décision du Sommet de l’Opep+ et des données liées à la politique monétaire américaine. Une attente qui pèse aussi sur les indicateurs boursiers en baisse. Les pays membres du groupe informel Opep+ tâcheront de s’éloigner de toutes les pressions externes afin de prendre une décision objective en faveur du marché pétrolier. La réduction totale de la production pétrolière qui avait commencé au début du mois de mai 2020, s’»élève actuellement à environ 5,4 millions de barils par jour aux marchés mondiaux, contre les 9,7 millions de barils par jour retirés des échanges mondiaux au début de l’application de l’accord de réduction de production de brut», a précisé la même source. Cet engagement a permis la stabilisation des prix et l’absorption du surplus du pétrole brut sur le marché.
Samira Takharboucht