La réticence alimentée par les fausses informations relayées sur les réseaux sociaux

Vaccination contre la Covid-19 en Algérie

Alors que l’humanité fait face aujourd’hui à une crise sanitaire sans précédent, due à la propagation de la Covid-19, dont le seul issu est la vaccination, un nombre non négligeable de personne hésitent encore à se faire vacciner et doutent de son efficacité sur la transmission du Covid-19 et sur les variantes. D’autres refusent carrément le vaccin sous différents prétextes.

La méfiance vis-à-vis des vaccins, voire le refus net d’une frange de la population de se faire vacciner est alimenté par des fausses informations relayées sur les réseaux sociaux. « Je veux me faire vacciner mais ce qu’on lit sur les réseaux sociaux sur les effets indésirables du vaccin me fait peur », a fait savoir Nadir, un jeune de 20 ans. Sa mère aussi est contre, mais avec le variant Delta, elle se dit toutefois « prête à le faire » si elle y est obligée. Karim, un enseignant du cycle primaire a souligné à ce sujet que « le Gouvernement nous pousse à nous faire injecter une substance dont on ne connaît pas les effets à moyen ou long terme ». Bachir, un agent immobilier à Alger, abonde dans le même sens. « J’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi on veut vacciner les gens, alors qu’on peut attraper le virus et on peut le transmettre pareil ».
D’autres réticents craignent que les vaccins actuels soient moins efficaces contre la variante Delta. Comme pour Aïcha, jeune fille de 24 ans, qu’elle a refusé de se faire vacciner sous prétexte que le vaccin préparé n’est pas efficace pour les nouvelles variantes. Par ailleurs, le refus et la peur du vaccin, ne concerne pas seulement les Algériens. D’après le site d’information BBC News, un récent rapport du Fonds monétaire international, montre que cette réticence va de 10 à 20% au Royaume-Uni à environ 50% au Japon et 60% en France. Par ailleurs, la troisième vague d’infection liée au Coronavirus a généré en Algérie de la peur et une course sans précédent au vaccin. Outre le relâchement des mesures de protection et de distanciation physique, la forte recrudescence de la propagation de l’épidémie est essentiellement dû à l’avènement de variant Delta.

La troisième vague a généré une course sans précédent au vaccin
La flambée des cas de contamination a engendré une pénurie d’oxygène dans les hôpitaux, ce qui a poussé les gens à aller aux centres de vaccination. « Avec les nouvelles variantes, la situation épidémiologique en Algérie devient de plus en plus inquiétante et seule la vaccination est la solution », a affirmé Aya une pharmacienne en ajoutant que « les gens ont peur, ils savent très bien que les statistiques officielles ne reflètent pas la réalité et que la situation est dramatique ». « Je n’ai pas envie de revivre ce qu’on a vécu pendant un an et demi : le confinement, pas de loisirs, les études et le travail à distance, l’emploi à l’arrêt », a indiqué Samir, un jeune entrepreneur. Pour lui, le seul chemin pour reprendre une vie normale, « c’est de se débarrasser du virus et la meilleure façon de s’en débarrasser, c’est de se faire vacciner ».
S’agissant de l’obligation de la vaccination, Karim a souligné que le vaccin doit être obligatoire pour ceux qui sont en contact avec le public de façon fréquente à l’hôpital mais aussi dans les mairies et les écoles. « Le scénario est horrible cette fois-ci, des morts sont annoncés chaque jour et une pénurie d’oxygène partout dans le pays… on a vraiment vécu des moments stressant », a souligné Sakina femme au foyer qui raconte ce qu’a vécu le pays ces dernières semaines à l’effet de la troisième vague de contamination. Pour elle aussi la vaccination est la seule issue pour dépasser cette crise sanitaire. Il est à noter que cinq (5) millions d’Algériens avaient reçu une première dose de vaccin et 3 millions les deux doses, et ce, depuis le début de la campagne de vaccination le mois de janvier dernier. Le Gouvernement mise sur la vaccination pour stopper le virus et faire baisser la flambée des contaminations.

Se faire vacciner n’est plus un choix
S’agissant les personnes concernées par la vaccination obligatoire, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a désigné lors du dernier Conseil des ministres qui s’est déroulé le 22 août, une catégorie professionnelle qui doit être vaccinée avant le mois d’octobre prochain. Il s’agit des enseignants du secteur de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Mais aussi, des étudiants universitaires. Le Gouvernement italien envisage également de recourir à la vaccination obligatoire afin de s’assurer que 80 % de la population âgée de plus de 12 ans soit vaccinée avant la fin septembre. L’obligation de vaccination anti-Covid s’étend aux États-Unis. Elle concerne les militaires et les enseignants et ce, après l’homologation définitive du vaccin Pfizer/BioNTech, le 23 août passé, par l’Agence américaine des médicaments (FDA). La vaccination obligatoire d’une frange de la société française a engendré une série de protestations anti-pass sanitaire.

Un avancement timide de la vaccination en Afrique
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète du taux d’avancement de la vaccination en Afrique. La vaccination contre le Coronavirus avance à grands pas dans les pays développés, mais en Afrique elle se fait au compte-gouttes. Lors de sa visite en Hongrie, le directeur général de l’oms, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est exprimé sur les risques des variantes du Coronavirus. Il a également réitéré son alerte sur la lenteur de la campagne de vaccination anti-Covid dans les pays pauvres. S’agissant de la campagne de rappel de vaccination anti-Covid-19, dite de troisième dose, qui a été lancée en France, le patron de l’OMS a estimé que la priorité actuelle n’est pas d’administrer une troisième dose, mais d’augmenter la couverture vaccinale des pays pauvres.
Pour lui, la circulation de virus dans les pays à faible taux de vaccination pourrait faire émerger de nouvelles souches de Covid-19 plus puissantes. « Le virus aura la possibilité de circuler dans les pays à faible couverture vaccinale et le variant Delta pourrait évoluer davantage et être encore plus virulent. Les variantes plus puissantes pourraient aussi émerger  », a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus. « C’est pourquoi, au lieu de passer dès maintenant aux doses de rappel, il serait préférable de partager ces doses avec d’autres pays afin que ces derniers puissent augmenter leur couverture vaccinale », a-t-il ajouté. À noter que le taux de vaccination moyen en Afrique est estimé à seulement 2% », selon les derniers chiffres de l’OMS, alors que plus de 4,8 milliards de doses ont été livrées dans le monde.
Manel Zemoui