La révolution chinoise de 1949

Histoire d’une nation

En bref, la bourgeoisie chinoise est à maintes égards à l’opposé de sa consœur occidentale. Cette dernière est aussi stupide et imbue d’elle-même qu’arrogante.

Le résultat naturel de tares congénitales propres aux élites occidentales ou peut-être le résultat de générations de mariages arrangés consanguins destinés à éviter la dilapidation de leur patrimoine si chèrement gagné. Quoiqu’il en soit, il est essentiel de ne pas prendre les spécificités sociologiques uniques du capitalisme chinois pour une forme, même « sinisée », de « socialisme marxiste ». Les naïfs peuvent bien désigner le drapeau rouge du pays et sa direction qualifiée de « communiste » pour prouver que la Chine «construit le socialisme», celui-ci n’a à l’évidence rien à voir avec celui théorisé par Karl Marx et édifié sous la direction de Joseph Staline ou d’Enver Hoxha. Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes », avertissait Lénine il y a plus d’unsiècle dans sa synthèse de vulgarisation intitulée Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme…

De même, pour Lénine, « la dialectique de l’histoire est telle que la victoire du marxisme en matière de théorie oblige ses ennemis à se déguiser en marxistes » !C’est indéniablement sous cet anglequ’il faut aborder l’étiquette « communiste » que revêt le PCC qui représente les intérêts d’une bourgeoisie qui a toujours eu en vue l’importance du maintient de la stabilité sociale. Si le PCC se félicitait récemment d’avoir quasiment achevé « la construction d’une société de moyenne aisance » ainsi que l’éradication de la grande pauvreté dont le président chinois a fait l’une de ses priorités (ce qui est certes remarquable pour un jeune Etat capitaliste, l’occident n’y étant pas parvenu après plus de deux siècles de domination mondiale…), cela ne saurait masquer le fait qu’un régime socialiste aurait rempli cet objectif bien avant que sept décennies ne se soient écoulées. En URSS comme en Albanie, le chômage avait disparu avant la fin du 1er plan quinquennal… Or le chômage structurel existe toujours en Chine.

De l’aveu même des autorités chinoises, la part du secteur privé est aujourd’hui prépondérante dans l’économie chinoise, bien que la centaine de mastodontes gérée par le gouvernement central jouent toujours un rôle économique important dans certains secteurs clef à très haute composition organique en Capital et dans le développement des infrastructures de transport et de l’énergie. Le secteur privé représentait à la fin de l’année 2018 plus de 60 % du PIB chinois. Il était à l’origine de 70 % des innovations technologiques et représentait 80 % de l’emploi urbain. Jack Ma, fondateur d’Alibaba et premier milliardaire chinois, est membre du PCC. La Chine est aujourd’hui le pays hébergeant le plus de milliardaires au monde, devant les USA ! Drôle de « socialisme »… Le « socialisme à la chinoise » n’est en définitive que la voie de construction d’un Etat bourgeois « providence » redistribuant une part des profits acquis grâce à la montée en gamme rapide de son économie dans la chaîne de valeur internationale.

Le coefficient de Gini (mesurant l’ampleur des disparités de revenu) de la Chine a culminé à 49 en 2009. Il s’était réduit à 46,5 en 2017, ce qui reste élevé, mais témoigne indéniablement d’efforts de redistribution significatifs à l’égard des plus pauvres. Si le PCC conserve encore des prérogatives dans le secteur économique (en particulier la gestion des puissants monopoles d’Etat, la modernisation des réseaux de transports, de l’armée, etc.), son rôle tend néanmoins de plus en plus à se cantonner à la sphère juridique, politique et idéologique. Il y a trois mois, le président chinois lançait ainsi un appel aux 92 millions de membres du Parti Communiste chinois « à avoir des idéaux et des convictions solides » : Il a appelé tous les membres du PCC, en particulier les jeunes, à étudier consciencieusement la théorie marxiste et les histoires du Parti, de la Chine nouvelle, de la réforme et de l’ouverture et le développement du socialisme, afin de cultiver des idéaux et des convictions fermes et de remplir l’aspiration initiale et la mission fondatrice du Parti ».

Fort de la confiance placée en lui par près de neuf chinois sur dix, « la légitimité de la gouvernance du PCC brille davantage dans une période d’incertitude mondiale ». Le PCC est aujourd’hui pleinement confiant dans sa capacité à atteindre « l’objectif du centenaire » de la Révolution de 1949. Celui-ci se ramène à « créer une société aisée pour 1,4 milliard de Chinois dans les délais prévus », c’est-à-dire « un grand pays socialiste moderne prospère, fort, démocratique, culturellement avancé, harmonieux et beau ». Et ce ne sera pas accompli sans que l’impérialisme chinois ait pris un ascendant incontestable sur ses concurrents aujourd’hui bien mal en point. L’Occident doit à l’évidence se faire une raison et accepter cette perspective comme inéluctable, car le président chinois déclarait hier encore à l’occasion des commémorations du 70ème anniversaire de la grande Guerre de résistance à l’agression américaine et d’aide à la République populaire démocratique de Corée (1950-1953) que les 2,9 millions de volontaires chinois ayant combattu sur le sol coréen (où près de 200 000 soldats chinois avaient perdu la vie), avaient « défié l’invasion et l’expansion de l’impérialisme et sauvegardé la sécurité de la Chine nouvelle ».

Selon lui, « la grande victoire de la Guerre de résistance à l’agression américaine et d’aide à la RPDC sera gravée à jamais dans l’histoire de la nation chinoise et dans l’histoire de la paix, du développement et du progrès de l’humanité ». A cette occasion, Xi Xinping a également lancé un appel à s’inspirer, dans notre époque contemporaine synonyme « de grand renouveau de la nation chinoise », du « grand esprit » de « la résistance à l’agression militaire américaine » ! Une manière évidente pour l’impérialisme chinois d’avertir l’Occident que s’il s’obstine à chercher à déclencher une nouvelle guerre contre la Chine, de quelque forme qu’elle soit (économique, diplomatique ou militaire), elle ne se jouera pas entre la Chine et l’Occident, mais entre l’Occident et toutes les nations opposées au colonialisme occidental ! Avis aux « tigres en papier ». L’Occident semblait indéniablement avoir reçu le message, l’agence Reuters ayant immédiatement rapporté les propos complémentaires suivants du président chinois. La Chine ne laissera pas sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement être sapés, a déclaré vendredi le président Xi Jinping, ajoutant qu’il ne fallait pas prendre à la légère le peuple chinois. Tout acted’unilatéralisme, de monopolisme et d’intimidation ne fonctionnera pas et mènera seulement à une voie sans issue, a ajouté le chef d’Etat ».

(Suite et fin) Vincen Gouysse