Un Comité national de coordination mis en place pour suivre l’opération de reboisement prévue en octobre

Les experts déconseillent le reboisement juste après les incendies

Le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhamid Hemdani, a annoncé lundi à Alger la mise en place d’un Comité national de coordination pour mener l’opération de reboisement prévue à partir du mois d’octobre prochain au niveau de plusieurs wilayas touchées par des incendies, a indiqué un communiqué du ministère.

Présidant une réunion de concertation avec les membres de la société civile (associations, spécialistes, organisations professionnelles) et les responsables de la Direction générale des forêts, M. Hemdani a annoncé la mise en place d’un Comité national de coordination pour mener la campagne nationale de reboisement, qualifiée d’«opération d’envergure nationale», a précisé la même source. Il faut rappeler que les experts ont déconseillé le reboisement juste après les incendies. Amina Younsi experte infrastructure qualité, agriculture et environnement avait expliqué, dans un entretien accordé à l’agence officielle, que le reboisement immédiat des zones touchées par les derniers incendies à travers certaines wilayas du pays pourrait être préjudiciable pour l’environnement, «C’est un investissement qui permettra juste une réparation du paysage, avec un pourcentage d’échec très élevé, et qui peut occasionner des éboulements de terrain à cause de la fragilité du sol», avait-elle souligné, ajoutant que cela, pourrait également, «favoriser les mêmes conditions qui ont causé cette catastrophe».
Ces incendies, avait-elle expliqué, «ne sont pas sans conséquences sur le sol et la végétation et celles-ci ne peuvent être estimées avec certitude qu’en disposant d’importantes informations comme l’intensité des températures des incendies et le temps de l’incendie». Cependant, avait-elle fait remarquer, «un sol incendié est un sol dont la matière organique est brûlée et devient friable et exposé à des érosions beaucoup plus qu’un sol non brûlé, de même que les habitats naturels détruits feront fuir les animaux jusqu’à la reprise progressive de la flore de la faune souterraine». «C’est pourquoi, il n’est pas conseillé de toucher à la forêt après un incendie et laisser la nature faire son travail et se consacrer à la collecte des données et caractéristiques des points de déclenchement des incendies, leur puissance, recoller le puzzle pour savoir qu’elles étaient les températures, le temps et la nature de la végétation qui a pris feu», avait expliqué l’experte.
Estimant entre 3 à 5 ans le temps nécessaire pour l’émergence d’une jeune forêt, Mme Younsi explique que c’est seulement alors qu’un reboisement doit être envisagé en fonction de la densité de la végétation régénérée. «Beaucoup de graines de conifères comme le pin se retrouvent libérés des cônes par les hautes températures et germeront rapidement, et à ce moment là, si la densité est faible alors un reboisement serait le bienvenu, de même que l’occupation de l’espace par de petits animaux comme les lièvres et sangliers», ajoutait-elle. Durant cette première phase, il est plus «judicieux», selon elle, de «créer des zones d’exploitations forestières comme des oliveraies ou des vergers d’espèces fruitières rustiques autour des habitations, qui constitueront une sorte de pare-feux à l’avenir, et en même temps, des sources de revenus pour la population de ces zones».
Djamila Sai