Le cri de détresse d’un journaliste dans une prison à Yaoundé

Cameroun/Liberté de la presse

Emmanuel Mbombog Mbog est un journaliste camerounais qui croupit dans une prison à Yaoundé depuis presque une année. Ce journaliste est également le directeur de publication du journal « Climat social ». A partir de sa cellule, il a réussi à nous joindre discrètement, lançant un véritable cri de détresse pour alerter par notre biais l’opinion internationale sur sa situation.

Notre confrère a indiqué qu’il a été emprisonné arbitrairement à la suite d’une enquête diligentée par lui-même en sa qualité de journaliste d’investigation. Notre interlocuteur a fait savoir qu’il est handicapé et que son état de santé se dégrade de jour en jour. Par notre biais, il souhaite l’intervention des organisations internationales des droits de l’homme pour qu’il soit libéré. « Je suis journaliste, je ne suis pas un criminel, ma place n’est pas en prison ». « Grâce à des âmes charitables, je tente de joindre ma famille de la presse pour alerter l’opinion internationale sur mon cas ». Emmanuel Mbombog Mbog n’a pas manqué de remercier l’ensemble des journalistes qui continuent de le soutenir et a terminé par nous dire : « Je compte beaucoup sur ma famille de la presse et des organisations pour la défense des droits l’homme et je suis sûr qu’ils ne vont pas m’abandonner. A travers plusieurs médias ne avons appris que les organisations de défense des droits des journalistes dans le monde dénoncent une « détention arbitraire » du directeur de publication du journal « Climat social ». Il en est de même pour Reporters sans frontières (RSF) qui a donné plusieurs informations sur le cas du journaliste Emmanuel Mbombog Mbog Matip.
RSF a indiqué que le journaliste est détenu à la prison centrale de Yaoundé depuis près de huit mois. Selon la presse, le directeur de publication du journal «Climat social», accusé de propagation de fausses nouvelles, avait été appréhendé à son domicile le 17 août 2020 par des hommes armés, alors qu’il menait deux enquêtes impliquant plusieurs personnalités haut placées du régime. Son travail portait sur un projet présumé de coup d’État dans le pays et une affaire de vol de voitures de luxe en provenance du Togo. RSF dénonce « une nouvelle détention arbitraire » d’un homme de média et exige sa libération. « Arrestation violente, détention provisoire arbitraire ayant déjà expirée, traduction devant une Cour militaire (…) le traitement infligé à ce journaliste est indigne», dénonce le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. La prolongation de sa détention en dehors de toute procédure légale est clairement motivée par la volonté de l’empêcher de poursuivre son travail d’investigation. RSF demande sa libération immédiate.
L’ONG déplore le fait qu’il continue d’être maintenu en détention sans jugement, à l’image du bloggeur Paul Chouta, ou encore d’Amadou Vamoulké, l’ancien directeur général de la Cameroun Radio Television (CRTV). Dans son cas, Emmanuel Mbombog Mbog Matip, a adressé plusieurs requêtes aux autorités administratives pour demander sa libération, mais celles-ci sont restées lettre morte. RSF revient à la charge, ce d’autant plus que sa détention provisoire de six mois a expiré depuis le 7 mars 2021. Et il demeure derrière les barreaux. Reporters sans frontières (RSF) et des syndicats de la presse camerounaise dénoncent régulièrement la détention arbitraire de journalistes critiques du pouvoir de l’inamovible président Paul Biya, 88 ans dont plus de 38 à diriger d’une main de fer ce grand pays d’Afrique centrale. Emmanuel Mbombog Mbog Matip, directeur du journal «Climat social» est en grève de la faim à la prison centrale de Kondengui de Yaoundé, a indiqué à l’AFP Alex Koko, président du Syndicat national des journalistes indépendants du Cameroun (Synajic). Le 23 avril, RSF avait évoqué une détention arbitraire. Plusieurs autres journaux ont relaté le cas de Emmanuel Mbombog Mbog.
Il aurait été violemment enlevé à son domicile par six hommes armés, le 17 août 2020, alors qu’il menait deux enquêtes impliquant plusieurs personnalités haut placées du régime camerounais. Toujours et selon la presse, le 7 septembre, le juge d’instruction d’un tribunal militaire avait ordonné sa détention provisoire pour six mois, période expirée maintenant depuis deux mois et demi. Ce cas n’est pas le seul, RSF a indiqué qu’un autre journaliste, Paul Chouta, a été condamné mardi pour « diffamation et diffusion de fausses nouvelles » à 23 mois de prison ferme, peine couvrant exactement sa détention provisoire. Il a été remis en liberté jeudi. « Le reporter pour «Cameroun Web» et lanceur d’alerte critique du pouvoir a été jugé sur une plainte de Calixthe Belaya pour avoir diffusé sur internet, sans avoir obtenu l’autorisation de la romancière franco-camerounaise, une vidéo la montrant prendre part à une altercation avec un homme, assure RSF. « Rien ne peut justifier une détention aussi longue et une telle décision finale, si ce n’est une volonté de faire taire une voix qui dérange», juge l’ONG. Sollicitées par l’AFP sur les deux affaires, les autorités judiciaires n’avaient pas répondu jeudi en fin de soirée.
Plusieurs journalistes sont actuellement incarcérés au Cameroun, où la situation de la liberté de la presse ne cesse de se dégrader au fil des années, selon RSF. Amadou Vamoulké, ancien directeur de la Cameroon Radio Television (CRTV), âgé de 71 ans, est détenu depuis près de cinq ans à Kondengui, sans avoir été jugé. Le Cameroun occupe la 135e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021. Nous avons donné ici, les papiers publiés par nos confrères au sujet de la détention abusive des journalistes au Cameroun. A notre tour, nous souhaitons que les autorités Camerounaise révisent le cas de notre confrère Emmanuel Mbombog Mbog en vue de le libérer. Notre souhait est que les autres journalistes également soient remis en liberté. En somme, nous avons tenté de joindre les autorités Camerounaises pour écouter leurs versions, mais en vain.
Moncef Redha