Le passé est comme le café, il ne faut pas trop le remuer

Comportement relationnel

Il n’y a aucun lien entre le passé et le café, à part la particularité de pouvoir être remués. Les deux évoquent de grands moments plus ou moins agréablement vécus si bien qu’ils restent bien gravés dans les mémoires.

«Un bon café aux beignets, un grand moment», disait quelqu’un qui avait le sens de la vie et des retrouvailles autour d’une table bien garnie d’où se dégage l’arome d’un café. Cela s’est passé dans les temps anciens où on aimait humer le parfum irremplaçable d’un café noir bien chaud, il paraît que c’est très bon pour la santé et qu’il faut en prendre deux à trois tasses dans la journée pour que l’effet soit bénéfique pour l’état général du corps de celui qui a bu, particulièrement le système cardiaque. Mais tout ça n’est que de bons souvenirs du bon vieux temps où le café était torréfié avec des méthodes anciennes. On achetait chez un épicier un kilogramme de café vert en grains et chaque matin, on en torréfiait juste de quoi pouvoir faire quelques tasses de bon café, on ouvre une parenthèse pour ajouter un détail important, l’odeur des grains qu’on fait griller dégage un arôme agréable et qu’on arrive à sentir à des centaines de mètres à la ronde.
Ensuite on fait passer les grains au moulin à café à bras, et sitôt écrasés, on obtient une poudre que l’on verse dans un filtre dans lequel on verse de l’eau chaude ; c’est alors que commence à couler goutte à goutte le café noir liquide dans la cafetière qui, petit à petit se remplit juste à moitié, de quoi remplir quelques tasses de ce breuvage indispensable pour se remettre en forme. Mais attention, nous dit-on souvent, il ne faut pas trop remuer ce café bien chaud, car vous risquez de lui faire perdre son arome. Le café et le passé, si vous les remuez trop, vous risquez de perdre beaucoup. On vous avoue que tout ça c’est du passé vécu dans les pires difficultés, mais qui avait son charme. On achetait du café vert qu’il fallait griller sur un feu de bois, le moudre pour avoir la poudre avec laquelle on préparait le café en versant de l’eau chaude, le café liquide était recueilli dans la cafetière placée sous le filtre. Lorsque vous avez bu de ce café, vous gardez dans la bouche pour une bonne partie de la matinée, son arôme. Tout cela n’est que souvenirs du passé qu’on regrette souvent d’avoir mal vécu et au détriment des autres qu’on a fait souffrir.

Le passé dépend de chacun
Il dépend de chaque individu, homme ou femme, qui l’a bien vécu dans le bonheur et avec de bonnes relations vis-à-vis de tous : parents, voisins, collègues de travail, tous ceux avec qui ils ont entretenu des relations, c’est ce qu’on appelle une vie sans problèmes. Il y a, par contre des individus qui ont une vie très perturbée : des accrochages dans la famille, avec ceux qu’il a côtoyés pour des problèmes d’argent, d’emprunts d’objets à différents usages, des relations mal terminées, des escroqueries, divorces, dettes reniées et la liste est très longue. Le passé dépend de chacun, il y a des individus paisibles qui pèsent leurs mots, jamais, ils ne se sont accrochés avec quiconque tant ils ont le sens du respect de la personne et ce, quelle qu’elle soit. Parmi les hommes et les femmes, il y en a qui ont su mener une vie tranquille loin des problèmes relationnels ; toutes leur vie, ils se sont occupés à garder de bons rapports avec tout le monde. Ils sont rusés, ne laissant rien qui puisse être une source d’ennui à l’avenir, et dans toute affaire, ils savent trancher et de manière définitive et de manière à n’avoir aucun remord à l’avenir.
Mais à côté, il y a ceux qui règlent leurs problèmes à coups de poing et à leur profit exclusif ; ils sont incapables de comprendre que les dépassements ne peuvent être que source d’ennui à l’avenir et qu’on finit par regretter, au bout de quelques décennies, ignorant que dans la vie, il y a bien des retournements de situation. Par ailleurs, il y a aussi une infinité d’individus qui ont goûté à l’escroquerie. Un vendredi matin, c’est un marchand de volailles qui s’est fait avoir par un vieux d’un certain âge qui lui a demandé deux gros poulets, les deux plus gros qu’il avait, une affaire d’au moins quatre kilogrammes chacun, et prétextant de ne pas avoir un sou sur lui, il lui a juré qu’il apporterait l’argent dès le lendemain, samedi en allant retirer un chèque à la poste. Le lendemain, samedi, le vieux n’était point revenu, le samedi de la semaine suivante, idem et tous les mois qui ont suivi, le marchand n’a pas vu revenir ce vieux pour payer les deux poulets, il s’était fait escroquer ; il a connu des affaires d’escroquerie mais jamais par un vieux qui normalement fait la prière et qu’il se garde bien de se salir pour ne pas mériter une punition divine.
Il s’agit d’un vieux qui n’a peur de personne, il invente des mensonges pour escroquer, et vu son âge, il inspire confiance. On ne peut pas imaginer le nombre de coups qu’il a fait subir, avec des démarches sophistiquées pour arriver à ses fins. On peut faire un livre sur la malhonnêteté des gens et leurs coups durs impardonnables. Les victimes sont généralement des personnes propres moralement et d’une bonté exceptionnelle, ils n’ont aucune expérience des gens, ignorant totalement qu’ils sont parmi les loups cherchant à profiter au maximum de la naïveté de certains marchands. Les cas que nous vous rapportons sont réellement vécus comme ce père de famille sorti d’un bâtiment à deux portes qui fait croire à leur victime qu’ils habitent dans le bâtiment, alors qu’ils sont venus d’ailleurs par l’autre porte. Le père de famille venant tout droit vers une station de taxis accompagné d’une dame, on ne sait si c’est sa femme ou sa sœur ou sa belle sœur, sinon une amie. Il arrive devant un taxieur et lui demande poliment s’il peut transporter la dame dans une autre ville à une centaine de kilomètres en lui ajoutant qu’il paierait tout de suite après son retour, tu me trouvas ici lui a-t-il dit en lui ajoutant qu’il habite dans le bâtiment d’où il était sorti. Depuis son retour, le taxieur n’a jamais revu son plus mauvais client. Une fois il avait l’idée de rentrer dans le bâtiment pour remarquer qu’il avait deux portes et pour demander après lui, il a demandé à quelques uns des habitants s’ils le connaissaient en leur décrivant son physique, c’est un inconnu lui a-t-on dit, mais ça doit être un bon arnaqueur.
Pauvre taxieur qui s’est démené comme il a pu pour transporter une dame dans l’espoir de se faire payer. Effectivement, ceci n’est valable que pour les individus qui ont eu, durant les plus belles années de leur vie, un mauvais comportement vis-à-vis de leurs femmes, de leurs collègues, de leurs voisins, des commerçants qu’ils ont escroqués. A la vieillesse, ceux qui finissent par avoir une conscience, regrettent de n’avoir fait que du mal pendant des décennies. Ils essaient de se racheter en allant à la mosquée, mais vainement, le vécu ne peut pas s’effacer et le regret d’avoir trompé dans tous les sens du terme, d’avoir commis des actes de mépris, d’avoir volé, d’avoir été méchant ou d’avoir fait preuve d’ingratitude, est impardonnable. Il s’agit d’individus qui ont gâché leur vie. Les plus vieux parmi nous, ont un long passé marqué par des bêtises inimaginables. Celui-là, s’est marié plus de 10 fois. On dit que sa première femme, il l’a répudiée sitôt qu’elle a eu un garçon avec lui. Elle est repartie chez ses parents sans avoir enregistré le mariage sur le livret de famille, le garçon n’a même pas été inscrit à l’état civil. Depuis, cet homme s’est remarié avec plusieurs autres, avec chaque femme des histoires à dormir de bout.
Il les a toutes répudiées, mais il a décidé de reprendre la troisième. Mais une fois, le garçon totalement renié de sa première femme avait besoin de livret de famille pour des papiers personnels, il a demandé à son pseudo père qui ne l’avait pas reconnu le livret de famille, mais on a trouvé que le mariage de sa mère n’avait pas été enregistré et le fils en question n’a pas été inscrit à l’état civil. Il a fallu aller au tribunal pour demander l’enregistrement du mariage, puis du divorce avant d’arriver à l’enregistrement de l’enfant né près de 18 ans auparavant. Il a fallu une procédure judiciaire et des témoins, pour jurer devant le juge que la femme divorcée a bien été la femme d’un tel et qu’il est bien le père du garçon ; ceci pour faire avoir un nom patronymique au garçon. Des situations rocambolesques comme celle- ci, il y en a beaucoup, leurs auteurs devenus vieux doivent avoir des sommeils perturbés, s’ils ont une conscience, il suffit qu’ils y pensent pour ne pas dormir parce qu’ils finissent par regretter d’avoir commis autant d’erreurs graves. Il leur suffit de remuer quelque peu le passé pour que les remords reviennent en masse.
Boumediene Abed