Les cadres sont protégés par la loi

Développement socio-économique local

L’évaluation de la démarche de développement socio-économique local telle qu’elle est appliquée en Algérie depuis de longues années montre que le wali a un rôle déterminant dans tout ce qui se fait dans sa wilaya pour répondre aux besoins de la population. Mais, a-t-il les coudées franches? Rien n’est moins sûr. Le wali reste perçu comme le prolongement du ministère chargé de l’Intérieur et des Collectivités locales. De nombreux exemples prouvent que les contraintes qui s’opposent à la réalisation de projets bénéfiques à la wilaya découlent justement, dans beaucoup de cas, du fait que le wali n’a pas toutes les prérogatives pour concrétiser sur le terrain, les bonnes intentions qui sont proclamées dans les réunions. Sa fonction devrait l’amener à encourager l’investissement local qui se répercute dans la résorption du chômage, la création de revenus pour la population et par des recettes supplémentaires pour la commune. Est-ce le cas ?
Les walis qui ont outrepassé leurs attributions, en obéissant aux coups de téléphone au lieu de s’en tenir à la loi exclusivement, et se sont retrouvés en prison, n’ont pas donné le bon exemple. Ce sont leurs agissements en violation de la loi qui ont été sanctionnés, mais cela a créé une ambiance négative qui a certainement poussé vers une position d’expectative des walis qui sont honnêtes et se comportent en vrais commis de l’Etat, mais qui ne se sentent pas protégés suffisamment. Conséquence : les lenteurs dans la prise de décision, que ne justifient pas entièrement l’indispensable respect des procédures réglementaires qui précèdent l’exécution des projets. Dans son discours d’ouverture de la réunion Gouvernement-walis, hier samedi, au Palais des Nations, le Président Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu’une circulaire présidentielle permettra de protéger les cadres et les dirigeants honnêtes contre les accusations contenues dans les lettres anonymes. S’adressant aux walis, le chef de l’Etat les a exhorté de «se débarrasser du spectre de la peur», les assurant que «vous êtes protégés par la force de la loi».
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, a annoncé un projet de révision de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Dans un discours prononcé lors de la réunion Gouvernement-walis, le ministre a appelé les citoyens à regarder vers l’avenir, soulignant que les raisons et les circonstances qui avaient conduit à la situation précédente étaient terminées. Pour le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, ce qui s’est passé lors de la situation précédente, ne se reproduira plus. Le ministre a souligné que le pouvoir judiciaire a enregistré de nombreux cas liés à des projets dans lesquels la transparence était absente et entachée de violations, notamment une évaluation financière exagérée et du favoritisme dans l’octroi de projets et autres. Il a fait état des litiges liés à la résiliation des marchés publics en raison de l’immaturité des projets, des erreurs dans les relevés du foncier, du manquement de l’administration à donner suite à ses dossiers… Le ministre a dévoilé un projet de loi réglementant les relations entre l’administration et l’opérateur économique afin de promouvoir l’activité. A la crainte, injustifiée, de la sanction judiciaire, s’ajoutent les conflits de prérogatives (par exemple entre l’industrie et l’agriculture) qui entraînent des retards, voire l’annulation de projets, alors que le terrain est disponible et «en jachère». Les commissions mises en place pour trouver les solutions aux problèmes posés par les blocages de projets, sont, elles-mêmes parfois un frein au lieu d’être les catalyseurs du développement local. Quand les projets retardés, ou annulés sont destinés à une production en substitution à l’importation, les pertes pour le pays deviennent considérables. Les spécialistes du développement local estiment qu’il faut de nouveaux mécanismes et instruments pour libérer l’initiative des contraintes bureaucratiques sans toucher aux procédures réglementaires qui ont pour but de défendre les intérêts de la collectivité et tout en permettant d’atteindre les objectifs fixés. Il est indispensable de procéder à l’évaluation de l’état d’application des instructions données par le président de la République durant la précédente rencontre, l’examen des voies et moyens de relancer une nouvelle dynamique dans le processus du développement local.
Lakhdar A.
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