Le CNESE veut redorer son blason

Ambitieux face aux grandes mutations socio-économiques

La situation économique et sociale du pays a radicalement changé ces deux dernières années. Un bouleversement inédit causé par le choc massif et brutal issu de la pandémie de la Covid-19 et des restrictions sanitaires ayant une incidence manifeste sur le climat social et environnemental des institutions et des entreprises économiques.Tout débat public sur l’état de l’économie nationale et sur les politiques à mener est indispensable avant de s’atteler à la tâche la plus complexe qu’est la réforme et la restructuration des entreprises publiques en crise. Cette question est clairement posée par le Conseil National Economique et Social et Environnemental (CNESE) qui devra présenter sa note de conjoncture au mois de décembre prochain. Le CNESE analyse, d’ores et déjà, depuis des mois en quoi et jusqu’où les restrictions sanitaires ont impacté le contexte socio-économique et offert, entre autres, des pratiques porteuses d’alternatives.
Cette note de conjoncture devrait, à cet effet, favoriser une perspective critique. Cette dernière permettra de répondre rapidement et logiquement à la situation socio-économique actuelle du pays et surtout de se projeter dans l’avenir. Lors de l’installation des membres du CNESE, mardi dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé à «formuler des recommandations nationales inédites sur toutes questions d’ordre économique, social ou environnemental, et de recourir aux compétences algériennes pour relancer l’économie nationale». Impliquer ainsi la diaspora algérienne qui joue un rôle non moins important dans le développement économique du pays et même technologique. La valorisation de la compétence algérienne au niveau national et international pourra aider à identifier les grands défis qui attendent le pays et réduire à minima les enjeux économiques et sociaux à travers la réflexion collective. Adopter de nouvelles idées et visions afin de mesurer et d’évaluer le climat social des entreprises ainsi que leurs indicateurs financiers. Chaque Plan d’action qu’une entreprise ou institution (public-privé) adoptera sera soutenu par les pouvoirs publics et les mécanismes de soutien à l’investissement.
Revenant sur le rôle important du CNESE, son président Redha Tir, a réaffirmé, mercredi dernier, l’engagement de son instance à accomplir pleinement sa mission afin d’apporter une meilleure contribution à l’action gouvernementale et suggérer des adaptations qui lui seront nécessaires, vu le contexte économique et social actuel. «Le souhait du CNESE est d’avoir un retour d’expérience au profit du Gouvernement algérien et assurer une remontée de l’information à propos des technologies, des capitaux, etc.».
Ces retours d’expérience sont nécessaires pour sortir des cases anciennes de la mauvaise gouvernance et réussir la transition économique du pays qui a besoin de construire une nouvelle vision de l’entreprise économique (publique et privée) et sa contribution productive à l’économie. Pour inventer ce nouveau modèle économique, les entreprises productives et les pouvoirs publics doivent surmonter tous les écueils réglementaires, financiers et socio-environnementaux. Le CNESE s’est déjà entretenu avec différents partenaires sociaux et économiques et a énuméré les déboires auxquels sont très souvent confrontés les investisseurs en Algérie, à savoir les difficultés d’accès aux fonciers industriels, aux crédits bancaires. Sans oublier le frein bureaucratique et réglementaire (code de l’investissement et la réglementation de change) qui impactent l’acte d’investir, à long terme.
La crise du Covid-19 n’a fait qu’aggraver la situation des entreprises fragilisées par une crise économique bien antérieure à celle-ci. A cause de la chute durable de leurs bénéfices et de leur fort endettement, des centaines d’entreprises nationales ont coupé leur budget et réduit les emplois. Ce qui a engendré le malaise social que connaît le secteur de l’emploi dans le pays et accentué les conflits sociaux. Une autre épreuve à laquelle est soumis le CNESE qui a souligné son rôle important dans le règlement des conflits sociaux à travers le dialogue.
Appelant ainsi la collaboration de la société civile pour résoudre ces différends sociaux et apaiser les tensions aiguës sur le marché du travail.
Investir dans l’action citoyenne est une nouvelle mission du CNESE. «Le CNESE va s’autosaisir impérativement lorsqu’une grève se déclenche dans un secteur», a indiqué son président réaffirmant la détermination de son institution à «œuvrer pour le rétablissement de la confiance entre le citoyen et les pouvoirs publics». Le CNESE devra, désormais, tenir compte dans chacune de ses préconisations les spécificités des secteurs d’activité et des différents métiers. Mais aussi des compétences algériennes devant participer à l’anticipation de l’après Covid-19 et aider à faire face aux grandes mutations économiques, sociales et environnementales que connaît le monde aujourd’hui
Samira Takharboucht