Le Conseil suprême irakien lance des mandats d’arrêt contre ceux qui demandent la normalisation

Irak

Le Conseil judiciaire suprême irakien a émis, dimanche dernier, des mandats d’arrêt contre les personnes qui ont assisté à une conférence appelant à la normalisation des liens avec Israël dans le Kurdistan irakien.Le conseil a mentionné dans un communiqué diffusé par l’agence de presse irakienne (INA) les noms de trois personnes contre lesquelles il émet des mandats d’arrêt pour avoir appelé à la normalisation des relations avec l’entité sioniste. Il s’agit de Wissam Al-Hardan, Mithal Al-Alusi et d’un employé du ministère de la Culture Sahar Al-Taie. «Une action en justice sera intentée contre le reste des participants une fois que leurs noms complets seront connus», ajoute le communiqué du conseil. La conférence a suscité samedi des condamnations du gouvernement fédéral de Bagdad qui a rejeté l’appel de la conférence à la normalisation avec Israël et a qualifié le rassemblement de réunion illégale. Le bureau du président irakien Barham Saleh, a également dénoncé la conférence. Le dignitaire religieux sayed Moqtada Sadr exhorte le gouvernement à arrêter tous les participants, tandis qu’Ahmed Assadi, un député du Hachd al-Chaabi, les qualifie de traîtres aux yeux de la loi. Le ministère de la Culture, dans un communiqué, indique que son employée, qui a assisté au forum d’Erbil ne représente pas le ministère, mais qu’il a participé en tant que membre d’une organisation de la société civile. Plus de 300 Irakiens dont des chefs tribaux ont plaidé vendredi soir pour une normalisation entre l’Irak et Israël, premier appel du genre lancé lors d’une conférence au Kurdistan autonome parrainée par une organisation américaine. Le colloque a été organisé par le think-tank new-yorkais «Center for Peace Communications » (CPC), engagé sur le dossier de la normalisation entre Israël et les pays arabes avec le rapprochement des sociétés civiles a incité cette réunion à Bagdad. Le Kurdistanétant une région autonome du pouvoir central à Bagdad, entretient des rapports cordiaux avec l’entité sioniste. Les quelques 300 participants, sunnites et chiites, réunis à Erbil, capitale du Kurdistan, sont venus «de six gouvernorats Bagdad, Mossoul, Salaheddine, Al-Anbar, Diyala et Babylone», a indiqué aux médias français le fondateur du CPC, Joseph Braude, expert américain d’origine juive irakienne. «Nous demandons notre intégration aux accords d’Abraham. Tout comme ces accords prévoient des relations diplomatiques entre les signataires et Israël, nous aussi nous voulons des relations normales avec Israël », selon le communiqué de clôture, lu par une intervenante, Sahar al-Taï, directrice de recherches au ministère de la Culture à Bagdad. Sous l’égide de Washington, les accords d’Abraham ont été signés en septembre 2020 pour normaliser les relations entre «Israël», les Emirats arabes unis et Bahreïn. Le Maroc et le Soudan avaient suivi. Le ministre américain des Affaires étrangères Antony Blinken a réuni, virtuellement, ses homologues d’Israël et de trois pays arabes pour marquer le premier anniversaire des accords de normalisation de leurs relations, a annoncé mardi le département d’État. Le secrétaire d’Etat a entretenu avec les ministres des Affaires étrangères d’Israël, des Emirats arabes unis, de Bahreïn et du Maroc pour commémorer le premier anniversaire de la signature des accords d’Abraham et discuter des manières d’approfondir les relations et bâtir une région plus prospère », a dit le porte-parole du département d’Etat cité par l’agence d’information française. Le 15 septembre 2020, les Emirats arabes unis et Bahreïn étaient devenus les premiers pays du Golfe à normaliser publiquement leurs relations avec l’entité sioniste, sous l’égide du président américain de l’époque, Donald Trump. Le Maroc et le Soudan avaient ensuite fait de même. Après son arrivée au pouvoir, le gouvernement du président Joe Biden et son secrétaire d’Etat Antony Blinken ont dit approuver ces accords considérés comme un des principaux succès diplomatiques de leurs prédécesseurs républicains. Après les Emirats et Bahreïn, les yeux ont un temps été rivés sur l’Arabie saoudite, première puissance économique arabe proche partenaire des Etats-Unis. Mais Riyad a rejeté toute normalisation sans un règlement de la question palestinienne.
Oki Faouzi