C’est l’Algérie Nouvelle qui a réagi

Les propos irresponsables de Macron

Après avoir allumé le feu, le Président français Emmanuel Macron cherche l’apaisement avec l’Algérie. Il l’a déclaré hier sur la radio française Radio Inter. C’est son souhait. Mais à la question «est-ce que vous maintenez vos propos ?», il répond par une échappatoire et annonce d’autres tensions à venir.

Lors d’une conférence de presse lundi 4 octobre, la porte-parole de ministère français les Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, a eu des paroles diplomatiques qui tranchent avec le discours anti-algérien tenu vendredi dernier par le Président français. «Nous avons pris note de rappel pour consultations de l’ambassadeur d’Algérie en France. Nous le regrettons. La France est attachée aux relations profondes et anciennes entre nos deux pays et nos deux peuples», a-t-elle déclaré.
«La France s’emploie à les préserver et à les développer. Elle est convaincue de l’intérêt commun de nos deux pays à travailler ensemble dans tous les domaines», a ajouté la porte-
parole du Quai d’Orsay.
Le rappel pour consultation de l’ambassadeur d’Algérie en France et surtout la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions militaires français, suite aux propos irresponsables attribués au Président Macron et non démentis, ont prouvé que les temps ont changé.
Comme l’a noté un universitaire algérien : «La réaction de l’Algérie aux déclarations du Président Macron marque un grand changement dans la structure du système politique, qui s’est affranchi de la dépendance à la France» et «confirme incontestablement que l’Algérie Nouvelle n’est plus celle d’avant et qu’elle saura mettre le holà à tout ce qui pourrait attenter à l’unité nationale».
De l’autre côté, en France, il y a consensus dans les médias français, sur le contexte et les motivations qui expliquent les propos du président Macron.
«Difficile de ne pas faire le lien avec un durcissement du ton depuis l’annulation brutale du contrat des sous-marins australiens», avance un chroniqueur sur France Inter justement.
Il estime qu’«Emmanuel Macron hausse le ton pour se faire respecter par ses partenaires qui ont maltraité leurs relations avec la France», en référence à la coalition entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, contre la France, sur l’affaire du marché des sous-marins. Les questions de politique intérieure et la perspective de l’élection présidentielle de 2022 sont également évoquées.
«On a l’impression que ce sont ses choix dans l’élection présidentielle de 2022 qui commandent aux déclarations récentes du président de la République», estime Gilles Manceron, spécialiste de l’histoire coloniale française. L’historien rappelle qu’en 2017, alors qu’il était dans la course à l’Elysée, Emmanuel Macron s’était rendu en Algérie pour y tenir un tout autre langage sur le système colonial qu’il fallait «regarder en face», et qu’il qualifiait de «crime contre l’humanité».
«Ça ne me semble pas être le rôle d’un président de la République de porter des jugements sur les sociétés et sur l’histoire», explique l’historien. Pour Gilles Manceron, il s’agit probablement d’un «effet de manche» du Président Emmanuel Macron. Les explications d’universitaires algériens sur les récents propos du Président Macron concernant l’Algérie vont dans le même sens.
L’enseignant de Sciences politiques à l’Ecole supérieure de journalisme d’Alger, Cherif Dris, a relevé que «ces déclarations sont à inscrire dans un contexte de précampagne électorale pour la prochaine présidentielle française notamment avec le retour de l’extrême droite au devant de la scène politique».
«En s’en prenant de la sorte à l’Algérie, Macron veut surfer sur la vague et s’attirer les faveurs d’un électorat de droite nostalgique de ‘’l’Algérie française’’ en prévision de la prochaine présidentielle», a-t-il ajouté.
Soulignant que le discours glorifiant le passé colonial de la France, pourtant honteux et rempli de crimes, selon les témoignages mêmes de militaires français, «est resservi à chaque échéance électorale par des politiques de droite comme de gauche», il a fait observer que «le Président Macron est en mauvaise posture et essuie des critiques de toutes parts, y compris de ses soutiens de 2017, le tout sur fond de montée de la droite au sein de nombreuses classes de la société». Pour rappel, vendredi dernier, des médias français ont rapportés des propos – jugés irresponsables par l’Algérie- attribués au Président Macron et non démentis. La suite on la connaît.
Lakhdar A.