«L’Algérie doit écrire elle-même son histoire»

Yves Bonnet, ancien chef du contre-espionnage français (DST) à La Nouvelle République :

Hormis les nostalgiques de « l’Algérie francaise «, il y a les Français qui, pendant la guerre de révolution, ou post-indépendance, ont soutenu et continuent à soutenir l’Algérie. L’un d’eux est, incontestablement, Yves Bonnet, ancien chef de la Direction de Surveillance du territoire, (DST), contre-espionnage français.L’ancien chef du contre-espionnage français, a de nombreuses fois prouvé qu’il est ami de l’Algérie. Tandis que l’Algérie était ciblée par les attaques médiatiques, en Hexagone, accusant l’Armée Nationale Populaire, (ANP), des tueries perpétrées par les terroristes dans les années 1990, Yves Bonnet a été à contre-courant des attaques et défendu l’Algérie. Un rôle honorable qu’il a assumé, malgré les critiques dont il était victime de la part de certains médias et politiciens, en France.
Le journal « Libération « l’a même accusé de recevoir de l’Algérie. Yves bonnet a engagé une action et justice et gagné le procès contre ce journal.
L’Historien Gilles Manceron avait, a l’occasion du 60ème anniversaire de la Guerre de libération de l’Algérie, ces anti-colonialistes, dont Maurice Audin, Jean-Paul Sartre, André Breton, Henri Maillot, Marguerite Duras, et Frantz Fanon, « croyaient en les droits de l’Homme et étaient contre la politique menée par leur Gouvernement «. Il a noté que les personnes structurées dans les réseaux Jeanson et/ou Curiel notamment, estimaient que « la Guerre d’indépendance d’Algérie était une cause juste au même titre que la résistance française à l’Allemagne durant la guerre mondiale «. L’Algérie a entamé une autre guerre dans les années 1990, contre le terrorisme cette fois et peu nombreux étaient ceux, dont Yves Bonnet, qui ont soutenu l’Algérie contre les animateurs du « qui tue qui ? « qui tentaient d’innocenter les terroristes des crimes qu’ils ont commis et accuser injustement l’ANP. Un embargo avait été instauré contre l’Algérie, et ceux qui soutenaient l’Algérie, ont été attaqués par certains médias occidentaux. Yves Bonnet a été de ceux-là et a combattu les hostilités et crié haut et fort le soutien à l’Algérie. Il y a eu les accusations contre l’ANP pour l’assassinat des moines de Tibhirine, pourtant revendiqué par le GIA. Yves Bonnet a entamé une enquête et prouvé l’innocence de l’ANP et que l’assassinat a été perpétré par le GIA. « Le berger de Touggourt «, est le titre du livre, publié mais jamais diffusé en Algérie. « Le berger de Touggourt a été boycotté, donc je me suis résigné à le publier en France, sous le titre « La deuxième guerre d’Algérie «, et cette fois il s’est un peu vendu. Je précise que j’ai toujours précisé ne pas vouloir de droits d’auteur, mais au contraire, les voir versés a une œuvre d’orphelins algériens «, nous dira Yves Bonnet. « Tandis que la controverse faisait rage en France autour de la mort des moines de Tibhirine, je me suis inscrit en faux contre les accusations visant l’Armée algérienne et j’ai démontré pièce par pièce leur mécanisme. Mieux j’ai appelé au dialogue interreligieux entre chrétiens et musulmans dans un chapitre du livre intitulé ‘’Tibhirine au miroir de l’Islam’’. Le dialogue n’a, malheureusement, pas eu lieu «, précise Yves Bonnet à La Nouvelle République. Pour ce qui est des problèmes diplomatiques opposant l’Algérie à la France, Yves Bonnet nous dira : « Nous devons dire clairement que l’amitié entre l’Algérie et la France est au-dessus des chamailleries diplomatiques «. Yves Bonnet témoigne que c’est l’Algérie qui a identifié le caractère terroriste d’Oussama Ben Laden. « L’idée d’écrire une « Histoire de l’Armée algérienne « m’est venue dans les années 2000 quand il est apparu qu’avec le retour de la paix, il devenait possible à l’Algérie d’aborder sa propre histoire avec sérénité et se réconcilier avec elle-même, comme ses grands anciens le souhaitaient de l’autre monde. Et pour autant que certains témoins consentent à livrer leurs souvenirs.
Un pays ne peut se construire en s’ignorant lui-même et c’est malheureusement ce que l’Algérie est en train de faire en s’en remettant a des étrangers, historiens réels ou autoproclamés, pour reconstituer son propre passé. N’oublions pas que la France a mis un siècle pour une version acceptable de la Révolution. Je ne suis qu’un témoin parmi d’autres de cette période et ne prétend donc pas à la grande vérité. Au moins je suis un homme de bonne volonté et foi et qui aime l’Algérie et qui fut suffisamment au fait de la situation et certains secrets de par mes fonctions et mandats passés pour livrer des éléments de connaissance dont les historiens algériens tiendront les leçons «, dira Yves Bonnet, un ami de l’Algérie qui mérite le respect.
Sofiane Abi