La viande blanche affiche des prix exorbitants, l’oeuf se vend à 18 DA

L’aviculture reste sous-exploitée à Annaba

C’est uniquement pendant le mois de Ramadhan que les agents de la Direction du commerce contrôlent avec une détermination et une efficacité en multipliant leurs sorties sur le terrain. Les inspecteurs chargés du contrôle des commerces dans le chef-lieu de wilaya ont effectué 1.278 inspections au niveau des marchés et commerces de la ville durant le mois sacré précédent, qui se sont soldées par la saisie de quantités importantes de produits impropres à la consommation, notamment une saisie de plus de 6.357 kg de viandes blanches et rouges d’une valeur marchande de 534 millions de centimes.

166 procès-verbaux ont été établis à l’encontre des contrevenants pour non-respect de la réglementation et pour vente de produits impropres aux consommateurs. Des mesures sévères devraient être prises contre les commerçants indignes attirés par le gain facile sans penser à mettre en danger les vies des citoyens. L’aviculture dans la wilaya d’Annaba ne cesse de connaître d’innombrables contraintes malgré les investissements injectés dans la filière avicole qui, notamment, accuse un déficit de plus de 50%, compte tenu de la demande. Le poulet ou la viande blanche qui, notamment, était le produit alimentaire le plus accessible aux petites bourses a, depuis les derniers mois, subi une flambée de prix jamais connu auparavant. Les quantités qui sont actuellement mises en vente sur le marché local dans les wilayas de l’Est algérien sont très insuffisantes pour les citoyens de la région de Annaba et ses environs. La Nouvelle République a constaté dans plusieurs lieux de vente ainsi que sur les marchés de la wilaya l’insuffisance de cette viande blanche dont le prix a grimpé rapidement ces derniers temps. Elle est actuellement écoulée à 420 DA/kg dans plusieurs commerces, soit le double du prix pratiqué il y a quelques mois, 230 DA alors que celui de la dinde a atteint les 900 DA, voire 1.000 DA. Des abattoirs clandestins écoulent de la volaille impropre à la consommation dans de nombreuses régions avoisinantes. Le cas de la saisie d’une quantité de 2,5 quintaux de viande blanche impropre à la consommation a été saisie ces dernières 24 heures à M’sila par les services de police des daïras de Sidi Aïssa et Aïn El Hadjel dans deux abattoirs clandestins de volailles. C’est en agissant sur informations, les éléments de la Sûreté des daïras de Sidi-Aïssa et de Ain El Hadjel ont opéré une descente dans les domiciles de citoyens ciblés par leur enquête, et qui ont converti les garages de leur demeures en abattoirs clandestins de volailles. La perquisition a permis la saisie de 2,5 quintaux de viande prêtes à être commercialisées dans les marchés de la ville et l’insuffisance d’abattoirs à M’sila est à l’origine de la prolifération de l’abattage illicite du bétail et du volaille qui prend de l’ampleur dans cette région, a-t-on appris. Or, la wilaya de Annaba reste une région importatrice, contrairement à d’autres wilayas limitrophes comme El Taref, Constantine, Guelma qui sont encore producteurs et principalement des fournisseurs de viandes blanches, a-t-on indiqué auprès de quelques petits éleveurs. Cette wilaya souffre du manque d’espaces d’exploitation et du manque d’éleveurs dans l’aviculture. Selon les services des services agricoles (DSA), les 62 exploitations d’élevage de poulet existantes dans les régions d’El Hadjar, Sidi Salem et Tréat, situées à l’Est, avaient produit en 2016 un nombre de 292.500 sujets. Comparativement au dynamisme de la wilaya de Béjaïa, qui est faut-il le dire placée parmi les trois régions du pays en matière de production de viande blanches et d’œufs.
Sa production estimée à plus de 15.000 tonnes de viandes et 3 millions d’œufs par année est destinée aux abattoirs de nombreuses villes de l’Est, notamment ceux des wilayas de Sétif, Bouira, Alger, Bordj Bou Arréridj et M’Sila. L’association des aviculteurs de cette région affirment que dans les 1.600 bâtiments d’élevage, seuls 74 poulaillers sont déclarés officiellement, et la majorité qui reste dispose d’une grande capacité de production avicole estimée à 90% dans la wilaya, tout en répondant aux normes sanitaires. Concernant la wilaya d’Annaba et sur le plan de ses besoins en matière de poulet de chair, des estimations font état de 119.100 quintaux dont 38.592 quintaux seulement sont produits dans cette région. Soit un déficit énorme enregistré en la matière couvert par des opérations d’importations auprès des éleveurs des autres wilayas, révèle-t-on. Pendant l’année 2015, l’Algérie avait importé 3 millions de tonnes de mais et 900 tonnes de Soja, étant les principales matières premières des aliments de volaille pour une facture de 1,4 milliards de dollars, indique l’Office national de l’aliment de bétail (ONAB). Afin d’obtenir une bonne production, il est nécessaire de réduire au maximum le gaspillage des aliments, l’éleveur utilise 2,2 kg d’aliments pour produire 1 kg de poulet, et le taux de mortalité des poulets se situe entre 20% en Algérie contre 5% dans les autres pays.

Flambée des prix de vente dans les marchés
Cette flambée des prix du poulet est expliquée par certains aviculteurs, et surtout par des commerçants qui imputent cette situation aux conditions climatiques caractérisées par la forte chaleur qui a sévit durant ces derniers mois, de même que la hausse des aliments de base de l’élevage, indique-t-on. L’on souligne à ce sujet que le Comité national interprofessionnel avait informé le ministère de l’Agriculture sur les contraintes que rencontre la filière en question, notamment faire une mise à niveau des équipements agricoles et l’encouragement d’une production suffisante du maïs local. Pour leur part, les nombreux éleveurs et importateurs évoquent une régularisation du marché qui est frappée par une grande anarchie.
Devant cet état de fait, le gouvernement a décidé d’exonérer les droits de douanes et de la TVA à cause de la flambée des prix du soja sur le marché international pour assurer un approvisionnement durable au profit des éleveurs. Un commerçant a évoqué la forte demande du consommateur surtout dans les périodes de fêtes de mariage. «C’est la période des mariages et le poulet est vraiment trop demandé pour les fêtes. Donc, c’est bien normale de faire un gain rapide», a-t-il déclaré. Bref l’Etat est appelé à mettre fin aux agissements des spéculateurs en appliquant des sanctions fermes contre ceux qui font grimper les prix de vente.

Oki Faouzi