L’Etat seul face au «grand défi de la reprise !»

Hausse de la dette publique de l’Algérie et refus de l’offre du FMI

«Le stock de la dette extérieure de l’Algérie à fin 2020 a atteint 5.178 milliards de dollars contre 5.492 milliards de dollars en 2019 «, selon le dernier rapport «Statistiques sur la dette internationale «(IDS) de la Banque mondiale, publié, lundi dernier, faisant ainsi constat de la baisse de la dette extérieure de l’Algérie. Ce faible ratio d’endettement ne devrait pas, dans un contexte de bonne gouvernance, influencer l’investissement et la production du pays. Ce qui n’est pas le cas de l’Algérie dont la structure économique et le secteur public sont différents et étouffés par la charge de la dette publique dépassant les 51%. La hausse de la dette intérieure constitue un obstacle à l’investissement et à la croissance du pays qui, depuis la crise sanitaire du Covid-19, fait face à la crise financière et à la récession économique qui s’en est suivie.
Pour faire face à cette récession, l’Etat a recouru à la dette intérieure pour couvrir certains déficits publics, ce qui n’a pas tout de même aidé à relancer l’investissement local et étranger direct dans le pays. Selon ce même rapport, «les entrées des investissements directs étrangers en Algérie ont baissé de 21,3 %, estimés à 1.073 milliard de dollars en 2020, contre 1.364 milliard de dollars en 2019», et ce, malgré la révision du code de l’investissement, notamment, de la règle 49/51 régissant les investissements étrangers. Ce qui a impacté les revenus de l’Etat déjà affaiblis par la chute des recettes pétrolières depuis le début de la pandémie. L’Etat a dû intervenir en urgence pour soutenir l’économie du pays et instaurer une nouvelle rigueur budgétaire et discipline budgétaire, difficile à faire respecter dans un pays où le marché informel accapare près d’un tiers de l’économie nationale.
Conscient de la complexité de la situation, les pouvoirs publics tentent, toutefois, de poursuivre l’exécution du programme des réformes structurelles et de réduire la dette publique. Pour atteindre cet objectif, l’Etat devra renforcer la soutenabilité de la dette intérieure par la baisse des taux d’intérêt. C’est aussi important pour soutenir les finances publiques.
Une situation financière et monétaire difficile qui, selon le Fonds monétaire international (FMI), nécessite un surcroît d’emprunt extérieur pour stimuler la croissance du pays et augmenter la capacité de production par la relance des projets d’investissements. Pour rappel, lors de sa mission d’évaluation, le FMI a recommandé à l’Algérie de recourir à l’endettement extérieur et de renoncer à l’endettement monétaire.
Une proposition qu’a refusée fermement le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a qualifié «le recours à l’endettement extérieur, comme un suicide politique», estimant que «le FMI agit comme s’il préparait le terrain à l’endettement».
Pour le Président, la crise actuelle est conjoncturelle et l’Algérie doit maintenir son Plan de relance économique et de réformes pour amorcer le changement de sa trajectoire économique du pays. Ainsi adopter un nouveau modèle plus résilient et solidaire. Il s’est montré confiant et surtout satisfait des résultats publiés par la Banque mondiale sur l’économie algérienne. En effet, dans son rapport IDS, la BM a indiqué que «le stock de la dette extérieure de l’Algérie à fin 2020 a atteint 5,178 milliards de dollars contre 5,492 milliards de dollars en 2019, et que les dettes à long terme à 1,669 milliard de dollars en 2020, contre 1,571 milliard de dollars en 2019 et 1,725 milliard de dollars en 2018».
L’Algérie devra, par ailleurs, se construire en urgence une capacité de résilience pour faire face à d’éventuels chocs dans l’avenir. Également pour se libérer de sa dépendance aux hydrocarbures et encourager la production locale pour soutenir sa croissance du PIB. Cette dernière devrait augmenter de «1,9% en 2022 (contre une prévision de 2,7% dans son rapport d’avril», selon le dernier rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, de la BM et du FMI publié mardi dernier.
Samira Takharboucht