Les Etats-Unis restent sceptiques et l’Europe piégée !

Le pétrole et le gaz hors de prix à l’approche de l’hiver

Deux mois plus tôt, les cours du pétrole étaient inférieurs à 63 dollars et depuis deux semaines, le baril de Brent a dépassé les 84 dollars, alors que le baril WTI enregistre son plus haut niveau depuis sept ans, à 82 dollars. Divers facteurs sont à l’origine de cette flambée sans précédent que le monde a atteint le paroxysme la volatilité pandémique du Covid-19. La crainte d’une pénurie de gaz naturel est l’une des raisons principales de la hausse de l’or noir qui tire profit de l’envolée généralisée des prix du gaz et de l’électricité en Europe.
Cette dernière est confrontée depuis quelques semaines à l’augmentation des tarifs de l’énergie, des matières premières et des carburants qui ont atteint ces derniers jours des valeurs historiques. D’autres analystes expliquent cette ascension des cours de l’or noir par la spéculation que par les fondamentaux du marché de l’offre et de la demande qui risque d’augmenter davantage avec le repli de la production du pétrole de schiste, notamment, aux Etats-Unis.
Ce pays est aussi menacé par une pénurie de gaz naturel à l’approche de l’hiver. La Maison Blanche a averti les Américains quant à la hausse des «factures de chauffage cet hiver et qui pourraient atteindre 50 % plus élevées», selon les médias étrangers. Tout à l’avantage de l’or noir qui risque d’atteindre de nouveaux sommets cet hiver. Pour couvrir les besoins du marché en gaz naturel en cas de pénurie, de nombreux générateurs d’électricité au gaz naturel pourraient être convertis au pétrole ce qui influencera la demande en la matière et fera exploser ses prix. Ces derniers sont, depuis plus d’une semaine, proches de leur plus haut niveau depuis 2014, l’année des restrictions majeures, dopés par une offre limitée qui peine à satisfaire la forte demande. Les cours du pétrole devraient maintenir leur ascension durant les prochaines semaines portés par les perspectives optimistes sur la demande mondiale, selon les dernières statistiques publiées par l’Agence internationale de l’Energie (AIE). Cette dernière a revu, jeudi passé, ses prévisions pour «la demande mondiale de pétrole en 2021 et 2022», misant pour l’explosion de la demande pour le pétrole brut «en remplacement du gaz et du charbon devenus hors de prix en Europe et aux Etats-Unis».
«La crise énergétique mondiale pourrait au total soutenir la demande de brut à hauteur de 500.000 barils supplémentaires par jour par rapport à la normale», a souligné l’AIE, alors que les pays membres de l’Organisation de producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés conduits respectivement par l’Arabie saoudite et la Russie refusent de revoir leur stratégie de production, décidée au mois de juillet dernier et d’ouvrir librement leurs vannes. Une décision, pour rappel, qui a déplu aux Etats qui font face à une crise énergétique et aux Etats-Unis qui avaient averti le mois dernier l’Opep+ de l’impact de leur décision sur la demande et la reprise économique. Malgré ces doléances, le groupe informel a opté pour la prudence, dans l’objectif de maîtriser le marché de l’énergie mondial et de relever les prix de l’or noir à ses niveaux d’avant la crise. La Russie et l’Algérie rassurent ces deux dernières semaines leurs clients quant à leurs capacités de production et d’approvisionnement du marché en gaz naturel. La semaine dernière, le Président russe, Vladimir Poutine, avait affirmé sa disposition à couvrir la demande du marché européen en gaz, notamment, à l’approche de l’hiver. De son côté, l’Algérie a rassuré ses clients de la Péninsule ibérique (Espagne et le Portugal) quant à leur approvisionnement durant cette période. Sachant que le prix du gaz a dépassé sur le marché mondial les 100 dollars. Cette hausse historique des cours du gaz profite aussi au pétrole qui poursuit son ascension depuis quelques semaines, et ce, malgré le renforcement du dollar qui, d’ordinaire, pénalise l’augmentation des cours de l’or noir.
Cette instabilité sur le marché énergétique crée un véritable malaise social dans plusieurs pays dépendant du gaz ou du pétrole pour générer de l’électricité. C’est le cas de la majeure partie des pays européens qui font face au même moment à la hausse des prix du carburant.
Repris par le site spécialisé, Le prixdubaril.com, l’analyste Stephen Brennock, de PVM ne cache pas ses inquiétudes et a indiqué, dans ce sens, que «les craintes d’une pénurie d’énergie ont maintenu intact le potentiel de hausse, et les inquiétudes liées au ralentissement de la croissance sont mises en veilleuse». La flambée des cours du pétrole nourrit les risques d’inflation pour les ménages et les entreprises, ainsi que la reprise économique internationale. Samira Takharboucht