60,1 milliards de dinars de chiffres d’affaires dissimulés

Spéculation et pratiques frauduleuses

La spéculation et autres pratiques commerciales frauduleuses sont parmi les combats les plus durs du Gouvernement actuel, en plus d’une crise économique mondiale sans précédent, l’Etat et le citoyen se retrouvent face à des phénomènes qui bloquent la crédibilité de l’un et le budget de l’autre. En effet, le chef de l’Etat l’avait dit, récemment : «La spéculation sur le marché local s’ajoute à des facteurs externes liés aux répercussions économiques de la pandémie de la Covid-19, la majorité des pays ont connu des hausses des prix». Ce dossier a été le sujet de l’émission d’hier de «L’invité de la rédaction» sur les ondes de la Chaîne lll de la Radio algérienne, où le Directeur Général de la régulation et l’organisation des marchés au ministère du Commerce, Sami Kolli, a dévoilé des chiffres faramineux sur la spéculation et différentes pratiques commerciales frauduleuses.
«Le nombre d’interventions a augmenté de 10% par rapport à l’année dernière, avec plus d’un million 300 milles opérations de contrôle menées, donnant lieu à près d’un million d’infractions, quelques 9.000 fermetures administratives et plus de 94.000 poursuites judiciaires engagées, soit 30% de plus que l’année dernière», affirme le responsable. Ce qui démontre, selon lui, «les nombreux efforts fournis par les agents de contrôle». Durant cette même période, «la valeur des marchandises saisies s’élève à plus de 995,9 millions de dinars», révèle Sami Kolli, qui dévoile également un autre chiffre qu’il qualifie «d’effarant». Celui du chiffre d’affaires dissimulé, à travers ces pratiques frauduleuses, estimé à «60,1 milliards de dinars», annonce le Directeur général de la régulation et l’organisation des marchés au ministère du Commerce. Sami Kolli cite, à titre d’exemple, la spéculation exercée récemment sur le marché de la pomme de terre. «Les dernières opérations de saisies ont permis de récupérer 120.000 tonnes de pomme de terre, réparties sur onze wilayas, détenues sans document attestant que ces stocks sont déclarés auprès des autorités concernées», rapporte-t-il.
«Stocker pour le bon fonctionnement de son activité commerciale est un droit, mais il faut justifier de ces stocks et les déclarer», rappelle le responsable.
«L’année dernière, à cause des perturbations causées sur le marché par la pandémie et l’arrêt des transports et de certaines activités commerciales, un appel a été lancé à travers les médias, le 17 mai 2020, pour la déclaration volontaire des stocks», relate Sami Kolli, qui explique que cette opération a permis au ministère du Commerce de dessiner une cartographie des capacités de stockages. «2.989 chambres froides et 1.860 entrepôts ont été déclarés, ce qui nous donne une capacité de plus de 10 millions de m3 de stockage des différents produits», dévoile-t-il. «Ceux qui se sont soumis à la déclaration volontaire des stocks sont des commerçants sérieux qui font leur travail dans le respect des règles, les autres sont en infraction», prévient le responsable. L’arsenal de textes juridiques sera renforcé pour s’adapter à la nouvelle loi criminalisant la spéculation.
«La loi 04-02, relative aux règles fixant les pratiques commerciales, est en cours de révision pour mieux définir les concepts de spéculation, de pénurie ou autres, pour travailler en toute transparence, car le projet de loi sur la lutte contre la spéculation illicite, définit également quels agents doivent intervenir, les agents du commerce, du fisc et des officiers de police judiciaire, seuls habilités à constater, selon le projet de loi», explique-t-il.
«Pour ce qui est des factures, nous avons également définit comment se présente une facture fictive, une facture falsifiée ou encore une facture de complaisance. Nous allons faire la chasse à ces pratiques frauduleuses», poursuit-il.
Djamila Sai