La patate, au-delà de ses connotations injurieuses

Mascara 

Depuis l’application des nouvelles dispositions relatives à la Réforme agraire qui ont débouché sur le démembrement des domaines autogérés, force est de constater que le gaspillage des produits agricoles est presque éradiqué, car les nouveaux attributaires des Exploitations agricoles collectives (EAC), ou Exploitations agricoles individuelles ont quasiment tourné le dos à l’ancien système en optant pour une nouvelle mentalité dans la gestion de leurs biens.

En effet, l’ère des offrandes, de l’anarchie, de l’absentéisme, de la course aux postes de président, délégués et du laisser-aller a disparu au profit d’une attitude plus rigoureuse s’agissant de gérer les récoltes, et une concurrence loyale qui est exercée par les nouveaux propriétaires des biens des ex-domaines convertis.
Les mêmes pratiques sont opérées aussi bien au sein des attributaires collectifs qu’individuels, car bien souvent en pareilles circonstances les membres d’une même famille sont regroupés au sein des exploitations collectives et associés dans ce contexte.
En épousant une telle culture, les nouveaux barons de l’agriculture ont renforcée les alternatives pour le développement du secteur, vocation par excellence de la wilaya de Mascara, des actions qui leur ont permis d’améliorer considérablement leur situation sociale. Opérant ainsi le grand bond de la situation d’ouvriers agricoles, hier, à celle de propriétaires terriens aujourd’hui.
Grâce à la valorisation de leurs biens, ils se sont permis de pénétrer un nouveau monde, celui de l’opulence caractérisée par les signes extérieurs de richesses ostentatoires, demeures de châteaux et de véhicules haut de gamme. Annonce de leur métamorphose, les nouveaux nantis se rendent à leurs pâturages au volant des 4×4 qu’ils stationnent à l’ombre des arbres, et dans ce tableau, ils s’exercent une rivalité inaccoutumée. Cette nouvelle caste de patate, ni salée, ni sucrée, ni amère, ni acidulée qui, parait-il, la rend «accommodante» a tous les artifices culinaires pour faire cuisinier, ou plutôt affamer leur propre concitoyen. Leur comportement, leur vision, leur mode de gestion et leur réflexion sont identiques à celles des anciens colons.
Ils effectuent des transactions au cours desquelles ils manipulent des sommes d’argent considérables auxquelles ils n’auraient jamais fantasmé. Certes, ce renversement de situation a eu pour effet de diversifier les récoltes agricoles et d’exploiter toutes les parcelles de terres cultivables, mais à contrario, a débouché sur la libération des prix des produits qui ont enregistré une hausse irrécusable. La preuve : la pomme de terre, légume national, est de moins en moins mangée par les algériens, et ce, depuis durant des errements de plus de quatre années. Du coup, au niveau de la wilaya de Mascara où se fige plus de 250 frigos communément appelés «chambres froides», destinées à entreposer la pomme de terre et autres légumes nationales ont fini  malheureusement par casser la baraque des ventres creux.
Une saisie de 1.500 quintaux de patate a été effective auprès des spéculateurs et la liste reste ouverte.

Manseur Si Mohamed