L’Algérie et la Turquie comptent relever leurs échanges à 5 milliards USD

Zeghdar a pris part au Forum d’Économie et d’Affaires Turquie-Afrique, à Istanbul

En 2019, l’Algérie a décidé d’abroger la règle 49-51% régissant l’investissement étranger qui dissuadait depuis son instauration en 2009 les investisseurs étrangers à investir dans le pays. Aujourd’hui, avec la crise, ils sont devenus extrêmement prudents. Conscients de l’importance des IDE comme source de financement, les pouvoirs publics se démènent depuis deux ans pour convaincre les investisseurs étrangers à venir en Algérie.
Très impliquée dans cette action, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar qui vise à relancer le tissu industriel algérien, a fortement défendu l’attractivité du marché algérien auprès des investisseurs turcs. «S’exprimant au cours du 3ème Forum d’Économie et d’Affaires Turquie-Afrique, organisé vendredi à Istanbul, en coopération avec le ministère turc du Commerce et l’Union africaine,
M. Zeghdar a appelé au renforcement de la coopération économique entre l’Algérie et la Turquie, à travers le développement des perspectives du partenariat bilatéral», a indiqué un communiqué du ministère.
Le ministre a mis l’accent lors de ce forum sur le rôle important des entrepreneurs algériens et turcs dans le renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays qui entretiennent de bonnes relations économiques. Un intérêt que ne cachent pas les entrepreneurs turcs présents sur le marché national depuis des années, malgré la barrière linguistique. Ils ont réussi à concurrencer les partenaires historiques (européens) de l’Algérie. «L’Algérie et la Turquie sont face à une opportunité historique pour renforcer les relations commerciales et économiques à la lumière de la volonté politique des dirigeants des deux pays frères», a-t-il indiqué, exprimant ainsi «la disponibilité de l’Algérie à développer les relations bilatérales et exploiter toutes les opportunités de coopération fondées sur le principe gagnant-gagnant», affirmant, dans le même sillage, que «les relations économiques turco-africaines, qui reposent sur le principe du partenariat équitable d’intérêt mutuel, qui ont connu un développement remarquable ces dernières années, ainsi que leur perspectives futures».
En effet, ces deux principes ont relativement facilité l’implantation des entreprises turques en Algérie, particulièrement, dans les secteurs de la construction et de l’industrie. Les produits turcs sont largement commercialisés et consommés par les Algériens, faisant ainsi de l’ombre aux produits européens, plus chers. Ils ont réussi à pénétrer le marché algérien avec efficacité et visent, désormais, à renforcer leur présence sur le marché local qui constitue un atout de proximité des marchés africains pour valoriser ses échanges commerciaux.
Un objectif qui ne peut déplaire à l’Algérie qui cherche de nouveaux partenaires économiques pour restructurer ses finances et renflouer ses caisses, mais surtout pour revitaliser l’investissement étranger de plus de 19% en 2019, selon le dernier rapport de la Banque mondiale (BM). L’Algérie et la Turquie partagent d’ores et déjà de grandes ambitions de coopération économique et même culturelle devant booster davantage les échanges commerciaux entre les deux pays. «Les investissements turcs en Algérie suivent une courbe ascendante, d’autant que la Turquie occupe la première place en termes d’investissements directs étrangers (IDE) en Algérie, avec un équivalent de 3,5 milliards USD, alors que le nombre des entreprises turques en Algérie s’élève à plus de 800», a indiqué le ministre de l’Industrie algérien. Il a affirmé à ce sujet que «les deux pays ambitionnent d’élever ces échanges à 05 milliards USD dans un proche avenir», évoquant au passage l’importance du Forum d’affaires et d’économie Afrique-Turquie pour les deux partenaires qui vise l’expansion de leurs objectifs de coopération. En effet, les passerelles entre les entrepreneurs algériens et leurs homologues turcs sont très nombreuses à mettre en perspective d’un marché africain potentiellement demandeur.
La contrainte linguistique n’a pas dissuadé les investisseurs turcs de s’implanter sur le marché algérien et idem pour leurs homologues algériens. Ils ont franchi cette barrière et espèrent profiter du plan de développement turcs qui vise à faire «augmenter le volume des échanges commerciaux entre l’Afrique et la Turquie à 50 milliards de dollars, alors que la valeur des investissements, actuellement, ne dépasse pas les 6 milliards de dollars», selon les médias turcs. L’Algérie devra creuser davantage sa stratégie pour renforcer la coopération gagnant-gagnant pour faire évoluer sa relation économique de consommateur à producteur. Tirer meilleure profit de l’expérience turque et faciliter l’accès au marché algérien (l’accès au foncier, les coûts, la fiscalité…).
Ce 3ème Forum d’Économie et d’Affaires Turquie-Afrique qui a débuté le 21 octobre à Istanbul, avec la participation d’environ trois mille entrepreneurs turcs et africains de provenance de 45 pays africains et organisations régionales, constitue une véritable opportunité pour les pays africains, y compris pour l’Algérie qui devra définir ses priorités et sa stratégie de coopération, étant un pays membre de la Zone de libre-échange continentale africain (Zlecaf).
Samira Takharboucht