Le bras de fer s’installe entre Rezig et les commerçants

Délocalisation des marchés de gros urbains vers d’autres zones

Les dernières dispositions du ministère du Commerce et de la Promotion de l’exportation s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le monopole et les pratiques mafieuses des spéculateurs qui déstabilisent depuis des mois les marchés de gros et nuisent à la santé publique et à celle du consommateur. Après avoir ordonné l’ouverture des marchés de gros aux agriculteurs et annoncé la réalisation de nouveaux marchés de gros régionaux spécialisés, le ministre du secteur conforte sa stratégie par la mise en œuvre d’une nouvelle politique de gestion des marchés de gros et leur organisation. Il compte ainsi relever un défi complexe qu’est la mise en place de nouvelles procédures et politiques de gestion de ces marchés qui ont souvent fait défaut et superviser cette organisation, pour «les transformer, par la suite, en marchés de gros spécialisés et avec des critères internationaux qui facilitent aux opérateurs leur activité». Telle est l’ambition du ministre du Commerce qui veut barrer le chemin aux spéculateurs et au désordre urbain provoqué par ces marchés. Un bras de fer s’installe.
«L’organisation de ces marchés sera supervisée par le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, pour se transformer, par la suite, en marchés de gros spécialisés et avec des critères internationaux qui facilitent aux opérateurs leur activité», a indiqué M. Rezig dans un entretien accordé, avant-hier, à l’Agence presse service (APS), réitérant son objectif de rétablir de l’ordre dans le marché de gros de vente de denrée alimentaire, des fruits et légumes à travers le territoire nationale. A commencer par changer l’emplacement de certains marchés de gros urbains qui déforme le paysage urbain. C’est le cas du marché de gros de Semmar de produits agro-alimentaires situé dans la commune de Gué de Constantine, dans l’Est d’Alger qui sera délocalisé vers une nouvelle structure sise à Boumerdès.
«La mise en œuvre d’une nouvelle politique, en vue de l’organisation des marchés, à travers un programme de réalisation de marchés nationaux à même d’organiser le commerce de gros et créer des marchés régionaux spécialisés, avec pour objectif, faire sortir tous les marchés de gros des zones urbaines», a-t-il souligné. Ces nouveaux marchés seront réalisés, selon lui, dans un délai de «deux ans ou plus, par les autorités locales et aussi par les particuliers».
Le transfert des marchés de gros urbains vers d’autres zones ne sera pas facile à gérer et d’accorder les commerçants à ses objectifs. La décision du transfert du marché de gros de Semmar n’a, d’ailleurs, pas plu à tous les commerçants qui se sont insurgés. «Une fois le marché prêt, nous n’autoriserons pas la présence de grossistes dans les zones résidentielles urbaines à Alger», a prévenu le ministre du Commerce, précisant qu’ «ils peuvent soit changer leurs registres de commerce en activité de vente en détail, soit se rendre au marché d’El Kharrouba à Boumerdès et poursuivre leur exercice de vente en gros». Il réaffirme ainsi sa détermination de mettre en œuvre sa nouvelle stratégie pour réorganiser son secteur et rétablir de l’ordre dans ces marchés, essentiels à la vie des citoyens.
Revenant sur le choix de la wilaya de Boumerdès pour le transfert du marché de gros de Semmar,
M. Rezig a expliqué que l’assiette qui «lui a été attribuée dans la commune de Birtouta dans la capitale n’était pas en mesure de l’accueillir, en raison du passage de gazoducs et de la présence de câbles électriques de haute tension, ce qui empêche l’entrée des grands camions, selon l’étude réalisée, d’où la nécessité de son transfert vers la commune d’El Kharrouba à Boumerdès», estimant, dans ce sillage que «le marché de gros qui doit être réalisé à El Kharrouba comprend actuellement 570 magasins répondant aux normes internationales, dont 135 réservés aux grossistes du marché de Semmar qui font actuellement l’objet d’enquêtes concernant leurs statuts juridiques». En d’autres termes, le déplacement de l’activité de ces grossistes vers cette nouvelle structure est tributaire des résultats de l’enquête concernant la validité ou la légalité de leur statut juridique, ce qui pourrait peut-être expliquer leur refus de se déplacer. L’informel dans le commerce en Algérie s’est enraciné depuis des décennies.
Concernant les projets en cours de réalisation, le ministère a affirmé suivre «actuellement la réalisation de 5 marchés régionaux de gros, dont le premier a été inauguré dans la wilaya de Ouargla par la Société de réalisation et gestion des marchés de gros «MAGROS» et le 2e dans la wilaya de Béchar. Quant au 3e marché, il connaît un taux de réalisation avancé à Tiaret, en collaboration avec la wilaya», ajoutant qu’«un 4e marché régional sera réalisé à Khenchela ou à Batna.
Le 5e devra être réalisé dans la commune d’El Kharrouba à Boumerdès et abritera, à l’horizon 2024, tous les marchés de gros qui se trouvent dans les zones urbaines dans la région du Centre (Alger et les wilayas limitrophes)». Plusieurs autres projets sont programmés dans plusieurs autres wilayas du pays.
Samira Takharboucht