Une invitation à la connaissance de soi par l’exploration de l’autre

«Puisque tu es la mer» d’Alima Adbhat

Dans son deuxième recueil de poésie, publié récemment sous l’intitulé «Puisque tu es la mer», Alima Abdhat partage avec ses lecteurs une ode à la vie livrée par «cet autre étranger en elle», dans les tourments de l’adversité. Dans un recueil de 91 pages, paru aux éditions «Anep», l’auteure déploie dans un exercice douloureux, ses humeurs et errances animiques, fixant des moments de vie éphémères en «superposant l’homme à la mer», dans une psychologie abyssale brillamment menée dans la «polyphonie des mots» et une «musicalité poétique» hautement esthétique.
Alima Abdhat extrait, dans un élan lyrique invitant à la méditation, des émotions intenses pour les laisser en suspens à la disposition du lecteur qui se les approprie, prolongeant leur genèse en y projetant son propre vécu.
Les problématiques de la solitude et celles du temps étant les mêmes pour tous, «Puisque tu es la mer», poésie fragmentée, traite de thématiques connues et communes à tous, à l’instar de l’amour, les rêves, la détresse et les blessures, dans une «vision nouvelle, revue et actualisée», explique l’auteure.
Sur le terrain poétique de près de 80 pièces, les différents concepts deviennent hors de portée de la raison, à l’instar de l’amour et la haine, ou la vie et la mort qui ne sont plus contradictoires, car évoluant dans une intemporalité qui appelle l’absolu de leurs notions et permet la rencontre des cultures sous la plume de l’auteur.
Tout comme le miroir, toutes les formes artistiques n’existent que parce que l’homme a éprouvé le besoin de se regarder en face pour exprimer ses tourments et ses espoirs dans des métaphores, allégories et autres figures de style. Dans «Puisque tu es la mer», les mots s’écoutent et s’écoulent en affrontant la colère des vagues et les humeurs de la mer. Tel un miroir naturel qui renvoie l’image réelle de l’individu en quête de sens, le recueil d’Alima Abdhat, ordonné en vers libres bravant les règles de la poésie classique, est à l’image de la mer dont le fond remonte et devient forme, permettant ainsi à son créateur, dont la plume ne sait généralement pas ce qu’elle va accoucher, de se redécouvrir.
«La mer nous ressemble dans nos amours amniotiques (…) lorsqu’on sait qui est l’autre, on sait qui on est», note l’auteure.
Une œuvre plastique expressionniste caractérise le choix iconographique du recueil d’Alima Abdhat, qui accueille le lecteur avec une couverture frappée d’un dessin de visage scindé en deux parties, une contenant le bleu de la mer, symbole de la félicité et du bonheur et l’autre tout en blanc ouverte sur d’autres expériences à venir et d’autres épreuves à surmonter.Enseignante à l’Université d’Alger, Alima Abdhat a publié en 2019, «Colères, qu’êtes-vous devenues ?» aux Editions D’ores et déjà.

R. C.