Les transports maritime et aérien au tournant de la privatisation !!

Bekkaï insiste sur le renforcement des partenariats publics privés (PPP)

Suite à la crise sanitaire du Covid-19 débutée au mois de mars 2020 au niveau national, le secteur des transports aérien, maritime, terrestre et ferroviaire et de la logistique ont été fortement touchés. Depuis la levée des restrictions au début de l’année en cours, le ministre du secteur, Aïssa Bekkaï tente de sauver son secteur à travers la réduction de la pression sur les entreprises publiques en charge de gestion de ces sociétés et promouvoir d’autres moyens de financement pour les sauver de la faillite. Il décide alors de réformer le système de transport de marchandises et de voyageurs en encourageant la participation du secteur privé.
La participation du privé dans la gestion des sociétés des transports n’est qu’une question de temps. Cet objectif s’inscrit dans le cadre de rééquilibrage entre le secteur public et privé, essentiel pour accélérer la transition vers l’économie de marché. Cette démarche s’inscrit, également, dans un processus progressif de décentralisation. Le ministère de tutelle prévoit, d’ailleurs, «la révision des lois régissant les activités de transport aérien, terrestre et maritime en vue de traiter les dysfonctionnements enregistrés» ainsi que «la réorganisation des capitaux des entreprises commerciales publiques sous sa tutelle», a fait savoir le ministre du secteur, Aïssa Bekkaï, avant-hier, à Alger. Le secteur des transports, aérien, maritime et terrestre sont au tournant de la privatisation.
Cette solution devra, de ce fait, contribuer à la réduction des déficits budgétaires courants par l’obtention de nouveau financement et ainsi co-gérer les entreprises déficitaires. Le déclenchement de ce processus devra s’accorder à la réforme du secteur et des autres secteurs économiques et les intégrer dans un marché parfaitement concurrentiel, sinon les résultats de telles actions sera limité et décevant. Le ministre des Transports a déjà recensé les contraintes des sociétés de transports en Algérie, ce qui lui permet dans un premier temps de songer à réformer ces sociétés et à revoir certains textes réglementaires, selon les besoins du marché. La priorité est accordée au transport maritime et aérien en difficulté à cause de la crise financière, mais aussi faute de concurrence. D’où l’intérêt porté par les pouvoirs publics au renforcement des partenariats publics-privés (PPP) en vue d’accroître la concurrence interne et externe.
Mais surtout pour remettre de l’ordre dans le secteur à cause du «manque de professionnalisme chez la catégorie des transporteurs publics relevant du secteur privé, de la congestion des ports et l’absence de liquidité dans les opérations import-export, induisant des coûts élevés en devise sur le budget de l’Etat», a souligné M. Bekkaï qui plaide pour «l’implication du capital privé dans le secteur et le développement du partenariat public-privé tant dans le domaine d’octroi de la concession pour l’exploitation des modes de transport que celui de la manutention ainsi que l’octroi de la concession pour les espaces destinés aux activités de plaisance», a-t-il ajouté. Il compte, également, «effectuer plusieurs opérations de réorganisation des capitaux commerciaux mis sous sa tutelle en accordant la priorité au Groupe algérien de transport maritime (Gatma) et ses filiales notamment la Cnan Nord et la Cnan Med». Cette priorité n’exclut pas l’implication du capital privé dans celui de ces entreprises. Le ministre s’est montré optimiste quant à la réussite de cette opération, en se référant au «nombre important de demandes d’investissement dans le domaine du transport aérien des voyageurs et des marchandises ainsi que celui maritime urbain et les croisières», a-t-il souligné lors de la présentation de son exposé devant la Commission des transports et des télécommunications de l’Assemblée populaire nationale (APN), évoquant, en parallèle, la nécessité de mener des réformes profondes du cadre législatif et réglementaire.
«Le secteur tend à parachever la réforme du cadre législatif et réglementaire régissant les activités de transport aérien, terrestre et maritime», a-t-il indiqué, affirmant dans cette perspective, «la révision prochaine du code maritime et des textes réglementaires régissant le domaine maritime et portuaire, la révision de la loi sur la circulation routière et des textes y afférents est prévue, notamment en matière de prévention et de sécurité routière, et l’installation d’une Agence nationale de l’aviation civile et à l’élaboration de textes réglementaires, conformément à la loi n° 98-06 du 27 juillet 1998 fixant les règles générales relatives à l’aviation civile modifiée et complétée avec la concrétisation du principe d’ouverture de ce secteur à l’investissement privé, au double plan national et international», a-t-il ajouté. Plusieurs autres projets sont en cours de réalisation. Il est essentiel, en effet, d’adaptation du cadre réglementaire en parallèle avec les opérations de renforcement des partenariats-publics-privés pour accélérer le processus de relance et de modernisation de l’économie nationale. Porter ainsi une attention particulière aux problèmes récurrents rencontrés par les investisseurs, à l’instar des «conditions administratives incompatibles avec les attentes de la relance économique, ainsi que les coûts élevés de transport par rapport à certains pays en matière de fret maritime, la vétusté des moyens de transport et le manque des parts de marché pour la flotte nationale notamment le transport maritime qui n’excèdent pas 3 %», a relevé le ministre.
Samira Tkharboucht