Premier long-métrage d’Anis Djaâd

«La vie d’après»

Après trois-courts métrages à succès, «Le hublot», «Passage à niveau» et «Voyage de Keltoum», le réalisateur Anis Djaâd revient sur le devant de la scène cinématographique avec la sortie prochaine de son premier long-métrage de fiction intitulé «La vie d’après» et qui a déjà entamé sa tournée des festivals.Dans un entretien accordé à l’APS, Anis Djaâd revient sur les conditions de tournage de ce film sélectionné au Festival International du Film d’Amiens. Il estime avoir eu la chance de «finaliser le tournage à Mostaganem et ses environs deux mois avant que la pandémie ne se déclare en Algérie». La phase de montage et de post production en France a été, quant à elle, plus «laborieuse» vu le contexte sanitaire qui a failli compromettre la sortie du film.
Le réalisateur salue la «détermination et le professionnalisme» de l’équipe du film qui a réussi à terminer le tournage, en extérieur et en bord de mer, «avant même les délais et sans recourir à une quelconque rallonge budgétaire auprès du ministère de la Culture et des Arts».
«La vie d’après» relate l’histoire de Hadjer et de son fils qui tentent de se reconstruire une vie et de se reconstruire eux-mêmes après le lâche assassinat de son époux par un groupe terroriste. Elle se retrouve en proie à toutes les difficultés de la vie amplifiées par son nouveau statut social et sa condition modeste dans son village reculé de l’ouest du pays.
Encore une fois, Anis Djaâd, auteur des scénarios de toutes ses oeuvres, revient dans un registre de néoréalisme social qu’il a choisi depuis son premier film en se positionnant comme «observateur de sa société et qui prend toujours le temps de développer ses sujets avec le recul approprié » en se refusant de faire « un cinéma d’urgence».
Après avoir pris le pouls de la jeunesse désœuvrée dans «Le hublot», plongé dans l’univers marginalisé du gardien d’un «Passage à niveau» et partagé le drame d’une immigrée ne pouvant pas offrir son dernier voyage au pays à la dépouille de sa soeur Keltoum, Anis Djaâd dit chercher à «atteindre un cinéma humain qui crée le débat et l’échange au lieu d’un cinéma qui s’acharne à dénoncer en s’appuyant sur la bêtise du cliché».
Pour lui, choisir le néoréalisme social comme genre cinématographique c’est «dire les vrais maux dont souffre sa société avec tout l’apaisement adéquat et sans jamais vouloir en faire un fonds de commerce».
Depuis quelques années Anis Djaâd travaille également en France où il a acquis une expérience qui «change la vision de n’importe quel auteur» en participant aux atelier d’écriture Meditalents. Ce capital il dit être «prêt à le partager avec les jeunes cinéastes» en Algérie et avoir «mis en place un dispositif de formation pour les jeunes» avec l’équipe du Centre algérien pour le développement du cinéma (Cadc). Mais cette première expérience pédagogique n’a pas encore vu le jour.
En plus de la sortie de son film, prévue pour la fin du mois de novembre prochain, Anis Djaâd annonce un nouveau projet, «Terre de vengeance», développé dans l’atelier Meditalents et qui a été «retenu par la Bourse d’aide au développement du festival Cinemed parmi 14 projets d’auteurs de la Méditerranée».
Il précise que ce projet a également été tout naturellement déposé au Fdatic (Fonds de développement de l’art et de l’industrie cinématographique).
Journaliste, scénariste et réalisateur, Anis Djaâd a signé son premier court-métrage, «Le hublot» en 2012 qui sera suivi en 2014 de «Passage à niveau» puis par «Le voyage de Keltoum» en 2016. Avec ces trois courts métrages, le cinéaste a pris part à de nombreux festivals internationaux en Tunisie, en France, ou encore en Jordanie en plus de nombreuses manifestations en Algérie.Anis Djaâd est également l’auteur de deux romans, «L’odeur du violon» et «Matins parisiens».
R. C.