Un ancien membre de la Minurso raconte son «enlèvement» par le Maroc

Sahara occidental

Un ancien responsable de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), l’Américain Joseph Alfred Grinblat, a raconté l’«enlèvement» et les «séances quotidiennes de lavage de cerveau» dont il a fait l’objet, lui et d’autres membres, en 1991 par les autorités marocaines, lors de leur premier voyage dans ce territoire non-autonome. «A notre arrivée à Casablanca, le matin du 8 septembre, nous n’avons pas été autorisés à nous rendre à Laayoune et avons été emmenés de force à Rabat, la capitale, par la police secrète marocaine, note l’APS. Nous avons été gardés là-bas pendant près de deux semaines, jusqu’au 21 septembre, pour ce qui s’apparentait à des séances quotidiennes de lavage de cerveau avec des personnes justifiant la possession marocaine du Sahara occidental. Nous avons découvert que notre enlèvement avait été organisé par le ministre de l’Intérieur du Maroc, Driss Basri, avec l’accord de Zia Rizvi, qui nous attendait à Rabat», a écrit Grinblat sur PassBlue, un site de journalisme en ligne, dans une genèse du conflit sahraoui et de la création de la Minurso. Selon l’Américain, Rizvi, alors adjoint du patron de la Minurso, le Suisse Johannes Manz, était devenu le chef «de facto» de la mission onusienne après que l’Helvétique a «donné une interview aux médias que le gouvernement marocain considérait comme soutenant la position du Polisario, et il n’était plus le bienvenu au Maroc». Ce statisticien économiste-démographe, qui a pris sa retraite des Nations unies en 2004 après avoir passé 30 ans à la Division de la population de l’ONU, raconte que la délégation a été ensuite obligée de retourner à New York, sur demande du Pakistanais Rizvi, «sans aucune raison». «J’ai appris par la suite que quelques jours avant que Rizvi nous ordonne de retourner à New York, un autre vice-président de la Commission (d’identification chargée de la responsabilité de décider qui serait autorisé à voter lors du référendum), Gaby Milev, avait trouvé une solution à un problème pratique que nous devions résoudre pour commencer l’identification des électeurs. Il l’avait montrée à Rizvi, qui lui a ordonné de n’en parler à personne et lui a pris tous les documents s’y rapportant. Deux jours plus tard, nous avons reçu l’ordre de retourner à New York», a-t-il encore évoqué. En dépit de leur retour aux Etats-Unis, les membres de ladite commission ont continué le travail sur un rapport à présenter au Conseil de sécurité par l’intermédiaire du secrétaire général Javier Pérez de Cuéllar, a ajouté Joseph Alfred Grinblat.
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