La flambée des prix a atteint un seuil menaçant

Les poches des citoyens vidées par la spéculation

«On n’en peut plus de cette flambée des prix répétitive et persistante, elle nous a vidé les poches». «Chaque année, c’est la même situation qui se répète, on ne parle que de l’hystérie des prix des produits alimentaires et, en face, c’est toujours le système du bricolage qui se déchaîne». Ce sont-là quelques cris des citoyens témoignant leurs grosses difficultés rencontrées face à la montée hystérique des prix des produits alimentaires.
Les Algériens n’achètent plus la pomme de terre en quantités, comme cela se faisait avant, désormais ils s’approvisionnent en petits kilogrammes, même pour les familles les plus nombreuses, car les prix sont intouchables et incontrôlables sur le marché, ils ont atteint les 120 da/kg, les spéculateurs ont mis la main forte sur le marché et arrivent à contrôler la situation au point où l’Etat menace de recourir à des importations exceptionnelles pour réguler le marché. «J’ai une famille composée de sept membres, si j’achète dix kilogrammes de pomme de terre, je vais systématiquement dépenser 1.200 da, alors que cette quantité va être consommée en une seule journée. Si je multiplie cette somme par trente, le résultat sera de 36.000 da/mois, alors que ma pension de retraite ne dépasse pas les 30.000 da. Comment vais-je faire surtout que la pomme de terre est un produit de base pour nourrir ma famille ? », se demande Aâmi Farouk, un père de famille à la retraite.
Ce père de famille de six enfants et ex-employé dans le secteur des BTP, ne sait plus à quel saint se vouer car, chaque mois, la caisse de la retraite lui verse une pension de 30.000 dinars qui ne fait plus le poids face à la flambée des prix et la cherté de la vie jamais égalée depuis des décennies, voire depuis l’indépendance.
«Pour moi, c’est un miracle le fait que j’arrive à boucler la fin du mois. Non seulement je dois payer un mensuel de 7.500 dinars rien que pour le loyer (AADL), en plus, je dois assurer la nourriture de ma famille et d’autres charges de la vie. L’apparition de la pandémie a tout simplement effondré mon vulnérable portefeuille », estime le septuagénaire à la retraite. Et pour apaiser cette grosse pression au quotidien, Aâmi Farouk a trouvé son salut en s’approvisionnant à crédit chez l’épicier du coin, voire la seule et véritable voie salutaire qui lui a permis de rester debout et nourrir sa famille. Malheureusement, le cas de Aâmi Farouk se compte par milliers rien qu’à Alger.
Et c’est pareil pour la viande blanche et rouge, ovine et bovine, où les prix sont loin d’êtres à la portée de tout le monde.
Le kilogramme d’escalope tourne autour des 950 da/kg et celui du poulet à 550 da/kg, «C’est le record», dira une dame devant la boucherie du coin, plus exactement à la Cité Verte sise dans la commune d’Ouled Fayet. Aujourd’hui, tout le monde souffre de la flambée des prix que ce soit salarié ou pensionnaire, sans parler des sans-emplois qui, eux, endurent en silence. Pourtant, l’Algérie est un pays producteur de pomme de terre, elle produit annuellement 5 millions de tonnes de cette filière stratégique, une évolution exceptionnelle, avait même déclaré en 2019 l’ex-ministre du Commerce, Cherif Omari.
En revanche, et malgré ce record de la production des pommes de terre, son prix n’a cessé de galoper les records, actuellement il est cédé à 120 da/kg ! Les citoyens sont les seules victimes. L’hystérie des prix des produits alimentaires persiste toujours malgré les instructions fermes du chef de l’Etat livrées au ministre du Commerce, Kamel Rezig, lors de la récente rencontre avec les walis.
Ce jour-là, le premier Magistrat du pays avait donné un ultimatum au ministre du Commerce pour «désamorcer» la «bombe» de la flambée des prix.
Toutefois, la tutelle semble impuissante face à l’hystérie des prix, face aux agissements criminels des spéculateurs, face à la pénurie en série de certains produits alimentaires de base et face aux ras-le-bol des Algériens.
Les lobbys de la pomme de terre et d’autres filières alimentaires et agroalimentaires continuent de jouer au feu à des fins financiers, d’autant plus qu’il s’agit d’une question de sécurité alimentaire du pays.
Sofiane Abi