«Le Djibouti ne constitue pas un obstacle pour les Verts»

Ali Fergani :

Ali Fergani est un ancien footballeur international algérien, puis entraîneur de la sélection algérienne.Capitaine de l’Équipe nationale lors de la Coupe du monde 82, il compte 64 sélections et cinq buts en Equipe nationale entre 1973 et 1986. En club, il évolue au NA Hussein Dey puis à la JS Kabylie où il occupe également le poste d’entraîneur, et avec qui il remporte la Coupe d’Afrique des clubs champions. Après sa retraite sportive, il est nommé entraîneur-adjoint de la sélection algérienne avec Abdelhamid Kermali, avec qui il remporte la Coupe d’Afrique des nations 1990. Il nous livre ses impressions sur ce qui attend les Fennecs, tant en Egypte face à Djibouti, qu’à Alger face au Burkina Faso, puis évoque ce qui secoue la JSK avec deux pointes d’observation sur l’arbitrage.

La Nouvelle République : Belmadi sera prochainement face à un duel important, en l’occurrence le Burkina Faso, mais aussi l’autre objectif celui de la CAN. Un mot ?
Ali Fergani : Indéniablement, les joueurs se sont préparés pour aller jusqu’au bout. Ils savent que ce n’est pas une partie facile. Il y a deux situations qui se présentent à nous. D’abord on est qualifié pour la Coupe d’Afrique qui se jouera au Cameroun. Après, il y a cet objectif celui de la CAN que visent les Verts. A mon avis, c’est arriver d’abord en demi-finale, et après l’avoir atteint, on peut arriver en finale et la remporter. C’est mon objectif, du moins mon avis personnel. C’est ce qu’il faudrait demander à Djamel Belmadi, et non pas lui demander au départ : «La Coupe d’Afrique» ce qui d’ailleurs serait insensé. Maintenant, il y a l’autre objectif, celui de passer le cap du Burkina Faso, ensuite, nous serons les premiers du groupe. Il restera alors un match à disputer en aller et retour contre un adversaire non connu, et ce, pour se qualifier ensuite à la Coupe du monde, ce qui ne sera pas une mince affaire. Et là, je suis persuadé que l’Equipe nationale a les atouts nécessaires pour réussir. Vous évoquez le match contre Djibouti, oui, tous les matches sont importants et qu’il va falloir respecter, ne pas faire de distinction entre telle et telle équipe, mais, je pense que Djibouti ne constitue pas pour les Verts un obstacle. Il faut y croire.
Récemment, le sélectionneur de l’Equipe nationale, Djamel Belmadi avait critiqué, et dénoncé à la fois, l’état du terrain du stade de Tchaker…
Il n’est pas le seul à l’avoir fait, puisque nous aussi, nous avons, de tout temps, dénoncé l’état de nos terrains de football. Il n’est en tout cas pas le premier à le faire… C’est inadmissible, inadmissible oui, inadmissible. On met des années à construire des terrains qui ne sont pas encore achevés. Le problème qui se posait, c’est le terrain d’Oran, les JM qui devaient se dérouler en 2021 vont se dérouler en 2022. D’autres stades sont en liste d’attente, en l’occurrence le stade de Baraki, Douera et celui de Tizi-Ouzou. C’est incroyable et inadmissible pour un pays comme l’Algérie, alors que nos voisins ont des stades de très haut niveau. Belmadi n’a pas de terrain où jouer, le seul terrain est celui de Tchaker, et celui-ci était en très mauvais état, c’est incroyable, c’est inadmissible. On devrait avoir le choix entre Alger, Constantine, Annaba… Malheureusement, ce n’est pas le cas. Espérons que les choses vont s’améliorer.

Vous avez évolué à la JSK, vous la connaissez donc fort bien. Quelle analyse faites-vous de ce qui vient de secouer ce grand club ?
Je ne suis pas très informé. Je vois ça de l’extérieur, je trouve que ce n’est pas normal ce qui se passe. On enlève le président, ensuite l’entraîneur, même Mellal à son époque, il y avait trop de changement d’entraîneurs. Ce n’était pas vraiment compréhensible. La saison passée aussi était pourtant une saison honorable, avec un entraîneur qui avait fait son travail, sur quoi on juge un entraîneur, si ce n’est sur ses résultats, et ses résultats étaient acceptables, on n’aurait pas dû se séparer de Lavagne…
Ensuite, au début de saison, c’est tout l’effectif qui change à 70%, puis on laisse commencer le Championnat et on change le président. Je ne comprends plus rien, ce n’est pas normal ce qui se passe, je ne suis pas contre à ce que l’on change le président, il n’y a pas de problèmes, il y a des normes à respecter, le mois de mars, il y a eu la réunion du Conseil d’administration, c’était là qu’il fallait le changer.

Un mot sur le niveau d’arbitrage par rapport aux saisons passées…
Si l’on parle de la Ligue 1, noblement les arbitres devraient être assistés par la VAR, malheureusement nos terrains ne sont pas conformes aux normes (internationales, l’homologation doit se faire par la FIFA, et pour avoir l’homologation de la FIFA, il faut disposer d’une bonne qualité de pelouse, que ce soit en gazon naturel ou synthétique), on a même des terrains qui ne sont homologués en Coupe d’Afrique. En dehors des vestiaires, la plupart de nos terrains ne sont pas équipés de projecteurs… Tenez par exemple, la JS Saoura a son terrain, mais qui n’est pas homologué. Est-ce normale qu’elle joue la Coupe d’Afrique en dehors de ses bases ? Elle reçoit sur un stade à Alger, alors qu’elle devrait jouer à Oran, si le terrain de Ahmed-Zabana est homologué. On est vraiment en retard dans les infrastructures sportives.

L’Association des anciens joueurs internationaux que vous présidez n’apparaît presque plus sur les écrans de la vie sportive ?
Effectivement, la Covid-19 en est la cause. On est en pause, c’est vraiment la mi-temps. On attend la reprise… Dès que la situation s’améliorera, on reprendra. Mais sachez qu’entre temps, nous ne faisons pas de pub, nous sommes proches des joueurs qui sont dans le besoin sur le plan de la santé, nous sommes en contact avec eux.

Propos recueillis par H. Hichem