A quoi sert une APW ?

Blida

Depuis des années, après chaque changement de responsable aux commandes de la wilaya, la ville de Blida espère se réveiller, enfin débarrassée des retards, des échecs, des dérives, des inepties, des tâtonnements et des lourdes incertitudes qui pénalisent son développement et sa croissance urbaine. A chaque changement de wali, les habitants de Blida espèrent que leur collectivité locale va enfin bénéficier d’une dynamique de développement et de gestion des grands dossiers, plus rigoureuse et efficace, en rupture avec les improvisations et la culture de la langue de bois connue depuis des décennies. Il ne s’agit évidemment pas de nier ou d’oublier les grands crédits accordés par l’Etat et les efforts indéniables de certains responsables qui ont tenté de résoudre les carences et les lacunes pesant sur le lancement et la réalisation de bon nombre de projets. Des projets visant à la fois à atténuer l’ampleur des déficits et à faire face aux exigences de progrès et de modernité digne d’une métropole méditerranéenne. Malheureusement, bien souvent, des walis de passage se montrent impuissants, incapables de «renverser la table» d’un système bureaucratique encore tout puissant, forgé, il faut bien l’admettre, par un centralisme révolu en matière de gestion et de choix des décisions d’investissement inscrites au plan de développement local. Mais il est vrai que les aspirations à une meilleure implication des citoyens à la gestion de l’avenir de leur cité demeurent encore pénalisées par l’absence de rigueur, de cohérence et de crédibilité des modes d’accès à la représentativité populaire. Il y a quelques mois, le président de l’APW de Blida, lors d’une session ordinaire de l’Assemblée avait reproché au wali Kamel Nouicer, de ne pas «respecter les dispositions du code de wilaya stipulant qu’un wali doit répondre aux recommandations émises par l’APW». Une remarque jugée abusive et bien mal placée par les observateurs avertis maîtrisant le contenu du code de wilaya qui en réalité, réduit l’APW à un simple organe de consultation et d’adoption du budget. On sait, particulièrement à Blida, que l’Assemblée populaire ne constitue qu’une «boite de résonance» servant d’alibi et de décor de façade à une «démocratie participative» balbutiante, encore en chantier. Un chantier qui ne saurait avancer sans la remise en cause et le changement de bon nombre de paramètres et de facteurs liés même à l’organisation territoriale actuelle et à l’exercice du pouvoir au niveau local. Une démarche moderne et rigoureuse d’implication des élites locales «dans les affaires de la collectivité» ne peut pas reposer sur un système de représentativité populaire biaisé et gangréné par les paradoxes et les dérives que l’on connaît. Aujourd’hui, il faut le dire, même quelques élus locaux sincères, intègres et engagés se demandent souvent à quoi sert une APW ?
Rachid Lounas