«Notre équipe nationale de football est exceptionnelle»

Salah Assad :

Il a fait toutes ses classes au RC Kouba, son club de toujours. Lui, c’est l’emblématique ailier gauche de la sélection algérienne, Salah Assad. Après le Mondial-82, il va faire les beaux jours du FC Mulhouse puis le PSG avant de revenir au Read lors de la saison entre 1986 et 1988 pour jouer l’accession après une rétrogradation douloureuse en division 2. Sa carrière, bien remplie, il la terminera à la JSM Chéraga en 1989…La nouvelle République : deux équipes africaines attendent de pied ferme les Verts. Deux équipes à valeur différente tenteront de freiner les Algériens dans leur course vers la qualification du Mondial-2022 ? Qu’en pense l’ancien international Salah Assad ?
Salah Assad : Je ne suis pas d’accord avec vous lorsque vous dites que nous allons affronter deux équipes à valeur différentes. Non. Sachez que pour moi, il n’y a pas d’équipes nationales faciles, elles ont toutes les mêmes ambitions, et elles peuvent surprendre n’importe quelle formation. Il faut les respecter, les prendre au sérieux, et Belmadi le répète souvent, c’est là ou je suis d’accord avec lui lorsqu’il vous dit, c’est le terrain qui tranche, ne pas sous-estimer l’adversaire et avec Djibouti, il faut jouer les 90’ avec la même intensité. Il faut être prêt le jour du match, si tu rates, tu risques de ne pas passer au second tour. Je me rappelle de cette déclaration du sélectionneur Djamel Belmadi, en conférence de presse qui disait avant le match contre Djibouti «si nous voulons rester sur cette bonne dynamique de performance, nous devons continuer à travailler avec le même sérieux, à commencer par notre prochain match contre le Djibouti, que nous aborderons comme s’il s’agissait d’une finale de Coupe du monde». Le message est que son équipe ne sous-estime personne, et c’est à ce niveau que réside l’assurance de passer le dernier cap. Nous avons la chance d’avoir un sélectionneur de cette qualité. Il faut juste rappeler que Belmadi a derrière lui une carrière de joueur professionnel, il a dans ses jambes plus de quinze ans de foot entre différents clubs européens. Je reste optimiste sur papier, et sur le terrain, il faut être sur ses gardes.

Il faut être sur ses gardes tout au long des 90’, dites-vous ?
Absolument. Il faut être sur ses gardes, tout en étant optimiste. Je suis comme tant d’Algériens qui croient en cette Equipe nationale. On fait de très bons matches, les qualités et les performances de nos joueurs professionnels lesquels évoluent dans de grands clubs étrangers ne sont d’ailleurs plus à présenter… Vous savez, lorsque vous portez le maillot de l’Equipe nationale, vous ne visez qu’une seule chose : la victoire pas autre chose. Je peux dire que nous avons une sélection nationale de football exceptionnelle.

Qu’est-ce que Salah Assad a ressenti lorsque Belmadi avait dénoncé le mauvais état du terrain de Tchaker ?
Vous savez, nous avons de tout temps alerté qui de droit sur l’état du stade ou plutôt des stades. Comme on est acteur, vous en doutez, on est concernés, parce qu’on mesure les effets d’une mauvaise pelouse sur la qualité de jeu. Cette question, et Belmadi, étant un ancien joueur professionnel, sait comment réagissent les joueurs sur le terrain, et sur tout ce qui peut les perturber, surtout avec des joueurs habitués à évoluer sur des terrains qui répondent aux normes internationales. J’ajouterai que ceci est très important pour le joueur qui doit porter le ballon vers l’avant tout en restant en alerte et veiller à ce que toutes les pièces du puzzle soient en place pour dominer, gagner et faire du spectacle. Le cas contraire, tu ne peux que donner l’occasion à ton adversaire de te battre, de ne pas te laisser jouer au ballon comme que tu le souhaites, ce que Belmadi a dénoncé est juste et il a parfaitement raison, parce que c’est grave, très grave, en plus outre ce stade, il n’existe nulle part ailleurs où jouer si ce n’est sur le terrain du stade de Tchaker, la majorité des autres stades sont en souffrance, inachevés, report sur report, promesse sur promesse, programmer, re-programmer, faire, refaire les pelouses etc. Ceux qui s’occupent de la gestion des stades semblent ne pas être conscients des exigences des joueurs.

Un mot sur le professionnalisme ?
C’est un sujet qui est au cœur d’une actualité sportive qui nécessite énormément de temps pour survoler tous les aspects qui le caractérisent depuis 2010. A ce jour, nous n’avons pas réussi à le comprendre et à le faire comprendre aux clubs. Je pense qu’il faudrait organiser des séminaires, des journées professionnelles, par région au départ, et ce, afin de faire une évaluation sérieuse et transparente de ce qui n’a pas fonctionné et de ce qui peut fonctionner. Chaque club pourra intervenir et donner son avis en présence des différentes ligues, d’experts au sens légal du terme, des joueurs internationaux, médias et professionnels du monde sportif et des différentes institutions. Ainsi, on pourra décortiquer tout ce qui a été fait et sortir avec de sérieuses recommandations. Rester les bras croisés et continuer à parler du professionnalisme comme s’il était appliqué dans le fond et dans sa forme, c’est je crois continuer à perdre du temps. On pourra en discuter lorsque vous le souhaiterez.

Propos recueillis par H. Hichem