«Lors des prochaines rencontres, les Verts seront créatifs et même impulsifs»

Mustapha Kouici :

Mustapha Kouici qui n’est plus à présenter. Ancien latéral gauche du CR Belouizdad et de la sélection nationale, il répond volontier aux questions que tous les supporters algériens se posent. La Nouvelle République : Une semaine nous sépare de la 5e et 6e journées du groupe A et qui opposera les Verts au Djibouti au Caire et au Burkina Faso à Blida, matches comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022. Votre avis ?
Mustapha Kouici : S’agissant du Burkina Faso, c’est une rencontre que tous les professionnels qualifient de duel au sommet, et surtout à ne pas perdre. Aller le plus haut possible, vous savez, ce qui intéresse l’Équipe nationale, c’est ce qu’il y a devant. Pour battre les Verts, il faudrait qu’ils soient meilleurs qu’eux, et les joueurs algériens connaissent plutôt très bien les enjeux. Et du côté de Belmadi, il a été à leur place, il sait ce que ses éléments pensent tout faire dans les moindres détails pour arriver au but. C’est une évidence, mais je dis face à Djibouti, je pense qu’il s’agira pour le sélectionneur d’une revue d’effectif et une parfaite occasion pour mettre en place la stratégie qu’il faut pour aborder la prochaine rencontre. Nous devons reconnaître que chaque sélectionneur a ses petits secrets dans son bonnet qu’il fera sortir le jour ‘J’.
Aujourd’hui, c’est la guerre des mots, qui ne peut avoir aucune incidence sur le moral des joueurs qui sont plus que jamais motivés et suffisamment armés psychologiquement pour mener à terme leur mission, parce qu’il s’agit là d’une délicate mission qu’il va falloir réussir et remporter les trois points qu’il faut pour se qualifier. Ce match au Caire a aussi son importance dans la mesure où le sélectionneur tentera de renforcer son goal-average qui est déjà important face à celui du Burkina (+17 contre 8).

Elle suscite beaucoup de commentaires cette rencontre…
Bien évidemment, de part et d’autre d’ailleurs. Mais, il faut être clair, ce que nous disons n’est pas une manière de tirer à boulets rouges sur l’adversaire, qui lui aussi est là pour se faire un titre et battre les champions d’Afrique, c’est un match difficile. L’occasion pour le Burkina Faso de montrer ses muscles, face au champion très bien rodé à toutes les situations et à toutes les ambiances, un champion qui a montré ses capacités à gérer les matches difficiles… J’ajouterai que notre Equipe nationale continue de susciter une admiration à l’échelle internationale. L’essentiel doit être fait, battre et se qualifier, seule option pour passer, j’aimerai dire que ceux qui évoquent plusieurs scénarios avant l’heure, se trompent, il ne peut pas y avoir des scénarios, d’abord parce que nous avons les moyens de passer haut la main et ensuite le seul scénario est celui de faire en sorte de proposer du jeu, et du côté des Verts, je devine que cela va se faire. C’est excitant, chacun y pense déjà mais le football, c’est aussi ça, ensuite faire mieux que les autres, avec un collectif bien au point et un secteur offensif déterminant, la preuve, ils continuent à enchaîner les matches sans défaite, le goal-average à ne pas oublier nous est favorable et troisièmement… il faut gagner et prendre la tête du groupe, pour cela, il faut être créatif et même impulsif.

Le score ?
Les joueurs ne se posent même pas cette question, ni le staff d’ailleurs. Ils ont les moyens de battre cette équipe, ils ne vont pas travailler avant le match pour réaliser un nul, soyons sérieux, sur le terrain, ils n’auront qu’un objectif gagner pour se qualifier au prochain tour.

L’arbitrage a aussi son jeu sur le terrain. Faut-il craindre cette option ?
Je pense que le fait de recevoir sur son terrain, c’est déjà un avantage. Je pense que l’on connaît l’arbitre de la partie, il s’agirait d’un arbitre sud-africain connu pour ses qualités et qui posséde un CV de références, et ensuite un habitué des chocs… Personne n’a intérêt à vouloir faire trébucher une telle rencontre. Dans ce cas, personne ne pourra l’épargner. Vous le savez aussi bien que moi, Belmadi est un sélectionneur très en alerte à propos des arbitres pour avoir été déjà déçu lors des matches précédents. Mais pour éviter une telle situation, les joueurs devront veiller à ce qu’ils ne répondent pas aux provocations de l’adversaire dont plusieurs de ses joueurs sont sous le coup de cartons jaunes, il faut donc éviter de tomber dans des pièges qui les mèneraient vers des sanctions.

Récemment Belmadi a dénoncé sévèrement la qualité de la pelouse. Quelle a été votre réaction ?
C’est clair, il a parfaitement raison. Quel est l’entraîneur qui accepterait de jouer sur une pelouse de très mauvaise qualité, d’autant plus que tu as des joueurs techniques, habitués à évoluer sur des terrains de qualité où la balle circule ? A cela, il faut se référer aux orientations de la FIFA qui rappelle que «l’état du terrain a une influence sur la qualité du football joué et est le reflet de la compétition ainsi que du stade, du club recevant ou de l’association nationale organisatrice et du pays. Tous les terrains doivent présenter un aspect similaire, et leurs performances doivent être d’un standard international comparable».

Belmadi ?
Oui, il a raison, la preuve son cri a été entendu par les autorités qui ont vite pris en charge la question et aujourd’hui, le terrain est fin prêt pour cette rencontre. J’ajoute que c’est décevant pour un pays comme l’Algérie, le plus grand du continent africain ne possède pas de terrains aptes à recevoir des matches internationaux de grands calibres. C’est une question à se poser, mais avec la nouvelle politique, les autorités du pays promettent d’effacer ce problème des registres des préoccupations, tout sera mis en œuvre pour redorer l’image du mouvement sportif algérien avec des infrastructures de qualité aux normes internationales et que l’on n’aura plus à rouvrir ce dossier.

Le professionnalisme ?
Tout est à refaire, et d’ailleurs le professionnalisme est sous perfusion.

Dernière question, je profite puisque vous êtes avec nous pour demander à Mustapha Kouici ce qu’il pense des requêtes de la Fédération du Burkina-Faso adressées à la FIFA, lui demandant de délocaliser la rencontre face aux Verts ?
C’est ahurissant, un jeu qui déçoit et qui frappe de plein fouet l’image de cette instance qui justifie à l’avance son échec. Pour moi, elle vient de commettre une grave dérive qui aura de fâcheuses répercussions d’autant plus que la FIFA qui a réceptionné les trois requêtes a tout simplement répondu d’une manière sèche «Pas question». Le Burkina ne perd pas espoir de voir le match se jouer sur les terres marocaines, malgré le niet de la CAF. «On croit savoir que l’intérêt de la FBF réside dans le fait que plusieurs internationaux de l’équipe nationale jouent en D1, du championnat marocain, d’une part et d’autre part faire éviter aux clubs l’absence de leurs joueurs respectifs et enfin éviter les frais de déplacements Maroc-Paris-Alger retour avec un avantage en plus s’assurer de leur présence aux regroupements avant le match choc.
Les trois ou quatre joueurs internationaux évoluant au Maroc sont : Issoufoud dayo, défenseur central de la Renaissance sportive de Aberkane, Soumaila Ouatara (défenseur central au club Fus de Rabat) et Patrick Malo (Club de Hassania de Agadir, ndlr).

Trois requêtes qui passent à côté de leur objectif ?
Absolument, nous avons tous compris qu’il s’agit d’une guerre psychologique qui a pour cible de déstabiliser les Fennecs… Vous pensez bien. Cela ne fait qu’exciter sportivement les hommes de Belmadi, ils seront que plus engagés dans cette partie… C’est comme un boxeur qui refuse de monter sur le ring, il veut fuir… La FBF, dans un élan de désespoir, compris par tous, alerte la FIFA sur «la non- conformité de la pelouse du stade de Blida», ce qui est d’ailleurs archi-faux, avant de reconnaître sa stupidité que «malgré cette démarche, elle demande protection de sa délégation, écrit-elle, «par le souci de préserver la santé et l’intégrité physique des acteurs et également garantir la qualité du spectacle, notre requête n’a pas obtenu gain de cause» face à cet échec, et comme le ridule ne tue pas, elle demande la protection de sa délégation.

La protection de la délégation ?
Oui, parce que pour elle, la rencontre va se dérouler dans le contexte qui lui ferait rappeler celui du match qui avait opposé les deux nations lors des éliminatoires de la Coupe du monde Brésil-2014.
Interview réalisée par H. Hichem